Yayi Boni, Eric Houndété et les leurs sont-ils réellement des Démocrates ? La question taraude les esprits depuis quelques jours où l’on assiste à diverses pressions pour obtenir la libération de l’universitaire Joël Aïvo et de l’ancienne ministre de la Justice, Reckya Madougou incarcérés respectivement les 7 et 11 décembre 2021 pour « complot contre l’autorité de l’Etat » et « blanchiment de capitaux » puis « complicité d’actes terroristes » par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). En effet, l’analyse de ces chefs d’accusation à la charge de chacune de ces figures de l’opposition béninoise, révèle qu’il s’agit de faits suffisamment graves pour un pays qui est mondialement reconnu comme un havre de paix. En arriver donc à faire pression par tous les moyens y compris une loi d’amnistie, pour obtenir la libération de prévenus qui ont unilatéralement décidé de ne pas interjeter appel de la décision rendue par la première chambre de la juridiction spéciale, fait réfléchir et amène à se demander si le Bénin n’est plus un Etat de droit. Inutile de le rappeler, dans un Etat de droit, la justice est libre de rendre ses décisions quel que soit le citoyen qu’elle a devant elle. Il revient aux prévenus qui ne sont pas en accord avec les décisions rendues d’emprunter les différentes voies de recours afin d’obtenir gain de cause. Pour les deux cas sus-évoqués, chacun d’eux avait reconnu les fautes ainsi que les décisions de justice. Pour preuve, ils n’avaient pas interjeté appel. Mieux, il n’y a aucun fait qui atteste que la justice a été instrumentalisée dans l’instruction des dossiers Madougou et Aïvo, ni dans ses sentences. Face à l’évidence de ce que les juges ont prononcé les verdicts en toute liberté, l’on est en droit de se demander si la pression en cours n’est synonyme de la manipulation de la justice au Bénin. La pression est une manière pour encourager d’autres citoyens à commettre les mêmes actes sinon plus graves que ceux reprochés à Madougou et Aïvo. La justice a condamné au nom du peuple et le président de la République peut décider d’écourter la peine en accordant la grâce présidentielle, au nom du même peuple. Mais à condition que la ou les personne (s) condamnée (s) reconnaissent leur faute et s’engagent à se repentir. Nous ne sommes pas en présence de tels cas ici. Il s’agit plutôt de détenus visiblement au-dessus d’autres citoyens et de la loi qui se montrent discourtois dans leurs propos et rebelles contre la justice. Ils n’ont aucune compassion pour les autres détenus comme eux. Avec les membres du parti Les démocrates, ils plaident arrogamment leurs seuls cas alors que d’autres personnes comme eux croupissent dans les prisons et peuvent bénéficier de la compassion de la Haute autorité si les plaidoyers étaient menés avec méthode. Le Bénin étant un pays de droit, la justice ne saurait être à double vitesse. Elle doit s’appliquer de la même manière pour chaque citoyen qu tombe sous le coup de la loi.
A.T