Le Programme d’adaptation des villes aux changements climatiques (Pavicc) vise à améliorer la résilience des populations urbaines béninoises face aux effets des dérèglements climatiques.
Le Programme d’action du gouvernement (Pag) a fait du développement urbain un secteur clé de la politique nationale. Au-delà d’un « développement équilibré et durable de l’espace national », le Pag vise « l’amélioration du cadre de vie et du bien-être de tous les Béninois à travers la promotion d’un développement inclusif et durable, articulé autour de villes sûres ».
Le Bénin fait aujourd’hui face à des questions environnementales cruciales : inondations, déchets solides et liquides non traités, pollution de l’air etc. Celles-ci pourraient compromettre les efforts consentis ces dernières années en faveur du développement des villes, et les autorités béninoises souhaitent faire du Programme d’adaptation des villes aux changements climatiques (Pavicc) un programme emblématique de l’expérience « villes et climat », dans la ligne directe du projet innovant « Porto-Novo, ville verte » (subvention Afd de 8 millions d’euros accordée à la collectivité en septembre 2015). Le projet Pavicc a pour finalité d’améliorer le cadre de vie et la résilience des territoires et des populations béninoises en prenant en compte les risques liés au changement climatique dans la planification urbaine.
Le projet propose d’impulser et d’accompagner cette dynamique dans quatre collectivités particulièrement vulnérables aux pressions anthropiques et soumises particulièrement aux inondations et à l’érosion : Cotonou (extension de deux collecteurs et aménagement d’espaces publics), Sèmè-Kpodji (construction d’une passerelle piétonne pour désenclaver la zone de Tchonvi), Comé (réhabilitation de placettes dans le noyau historique et développement de l’agriculture péri-urbaine) et Bohicon (extension d’un collecteur pour lutter contre les inondations). Le Pavicc se structure en quatre composantes : La planification urbaine : élaboration d’outils de planification urbaine stratégiques, pour mieux prendre en compte les risques climatiques, socioéconomiques dans l’aménagement du territoire; les investissements urbains résilients : développer des services urbains essentiels pérennes – infrastructures de drainage, désenclavement des quartiers, sécurisation des biens matériels et de zones inondables; le renforcement des capacités locales et nationales : améliorer le contrôle de l’urbanisation et financer l’assistance technique internationale et la mise en œuvre et le suivi du programme : fonctionnement de la cellule de coordination du programme, sensibilisation des municipalités et des populations, mesures environnementales dans la mise en œuvre des travaux.
Impacts
Ce programme devrait bénéficier directement à environ 120 000 personnes. A Cotonou, il y a la réalisation de 9,6 km de caniveaux et de 6,2 km de voirie pavée. 9,9 km de voirie pavée et de 23,9 km de caniveaux à Sèmè-Podji et la réalisation de 3,2 km de voirie pavée et de 3,9 km de caniveaux, la réhabilitation de 8 places traditionnelles, l’agrandissement d’un collège à Comè. Il est prévu à Bohicon l’extension d’un collecteur (10,6 km) d’eau pluviale et l’aménagement urbanistique et paysager d’une promenade de 8 ha le long du collecteur.
Un taux de réalisation rassurant
Un taux de réalisation physique global de 67,90 % contre un taux de décaissement du bailleur de 57,56 % et un taux d’engagement global de 91,75 % au 31 mars 2024 sur la base des contrats signés, c’est le point d’exécution du Programme d’adaptation des villes au changement climatique (Pavicc) présenté, le mercredi 3 juillet à Cotonou, au comité de pilotage (Copil). C’était à l’occasion de la première session ordinaire au titre de l’année 2024 de cet organe chargé de superviser et d’orienter l’exécution du programme. Une réunion qui a connu la présence des préfets, des maires et secrétaires exécutifs des quatre communes bénéficiaires (Cotonou, Bohicon, Comè et Sèmè-Podji), des représentants de l’Agence française de développement (Afd), partenaire financier du projet, et du ministère en charge du Cadre de vie, maître d’ouvrage. Les membres du Copil/Pavicc ont apprécié le niveau de mise en œuvre des six recommandations issues de la précédente session tenue le 20 décembre 2023, lesquelles sont presque toutes exécutées.
La rencontre devrait aider à formuler de nouvelles recommandations pouvant permettre d’anticiper les difficultés en vue de l’achèvement diligent des travaux, au regard du temps et des défis qui restent, laisse entendre Didier Chabi A. Yayi, conseiller technique à la construction et aux infrastructures au ministère du Cadre de vie et des Transports, en charge du Développement durable, procédant à l’ouverture des travaux. Le Pavicc, rappelle-t-il, a pour objectif d’accroître la capacité d’adaptation au changement climatique des villes béninoises et de renforcer les capacités des différents acteurs municipaux et centraux en charge du développement urbain durable identifiés au niveau des communes et ministères. Sauf nouvelle prorogation, le programme démarré en 2018 devrait s’achever le 6 mars 2025 après une prolongation de dix-huit mois.
Pistes de solutions
Au nombre des difficultés, Abraham Avakoudjo, coordonnateur du Pavicc, signale au niveau de la composante 1 : « Planification urbaine stratégique », le retard dans l’examen technique des documents d’urbanisation en vue de leur approbation. Il évoque aussi la lenteur dans les travaux et la mauvaise organisation de certaines entreprises dont le délai contractuel est échu en ce qui concerne la composante 2 : « Investissements urbains résilients ». Aussi, le réaménagement du plan de travail budgétaire et annuel (Ptab) 2020-2025 du Pavicc a-t-il entraîné le redéploiement de certaines ressources initialement prévues sur la composante 3 : « Renforcement des capacités et conduite du changement » au profit de la composante 2. A tout cela s’ajoutent l’indisponibilité de certaines personnes affectées par le projet (Pap) et les difficultés de mise à disposition des pièces constitutives pour la finalisation des dossiers d’indemnisation, au niveau de la composante 4 « Mise en œuvre & Suivi-évaluation”. Les solutions envisagées concernent le réaménagement et le redimensionnement des travaux, notamment la suppression de la passerelle de Tchonvi à Sèmè-Podji, des digues d’accès et le recours au financement du Budget national. Le comité de pilotage maintient le recours à l’application des clauses de pénalités et le rappel des entreprises à respecter le planning général actualisé. Le Centre de formation pour l’administration locale (Cefal) sera sollicité pour l’exécution des formations qui restent. La coordination du programme est exhortée à avancer au mieux dans le traitement et le paiement des Pap (dont le taux de satisfaction est à 95,55 %), en associant les élus et points focaux à la quête des pièces des Pap résiduelles.
Le Pavicc en question…
L’objectif de ce Programme est d’identifier les insuffisances dans l’organisation et les structures de gestion des communes, dans la perspective de la mise en place d’un plan de renforcement des capacités pour optimiser le potentiel de mobilisation des ressources locales, de maîtrise de l’urbanisation et de réponse aux effets du changement climatique. Le Pavicc, une réponse à la vulnérabilité des populations urbaines est le deuxième projet, après le Projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain (Pugemu) initié par le Bénin depuis 2014 en réponse à la vulnérabilité des populations urbaines face aux questions du changement climatique. Ce deuxième Pavicc couvre la période 2021-2023 et touche plus de 120 000 bénéficiaires directs. Il est mis en œuvre sur financement Afd d’environ 30 milliards CFA à travers 4 composantes: 1- Planification urbaine stratégique pour aider les communes à anticiper les risques climatiques, anticiper le développement urbain et socioéconomique dans les plans de développement communaux des quatre communes; 2- Investissements urbains résilients pour développer les services urbains essentiels pérennes – les infrastructures de drainage des eaux pluviales, le désenclavement des quartiers à travers le pavage, l’assainissement et l’aménagement urbain – et la sécurisation des biens des zones inondables à travers l’aménagement urbanistique et paysager des zones humides; 3- Renforcement des capacités locales et nationales et conduite du changement pour améliorer la maintenance des ouvrages et le contrôle de l’urbanisation; 4- Suivi évaluation, pour le suivi de la mise en œuvre et la mesure de l’impact.
Sergino Lokossou