Dans le cadre des travaux du dragage pilote de Djondji-Houncloun, l’Agence pour le développement intégré de la zone économique du lac Ahémé et ses chenaux (Adelac) a aménagé deux réserves biologiques et planté des palétuviers. Dans le but de protéger les réalisations, deux superficies ont été sacralisées dans la lagune le mercredi 18 septembre 2024 en présence des dignitaires et têtes couronnées de la communauté Xwla.
Deux superficies lacustres couvrant au total trois hectares et une profondeur de dix mètres sont désormais sacrées dans le village de Djondji Houncloun dans la lagune côtière de Grand-Popo. En effet, en vue de ses travaux de dragage pilote de Djondji-Houncloun dans la zone du lac Ahémé et de ses chenaux, les deux zones de réserves biologiques ont été aménagées et 12.5 hectares de palétuviers ont été plantés par l’Agence pour le développement intégré de la zone économique du lac Ahémé et ses chenaux (Adelac). Constituant une technique efficace de repeuplement naturel des plans d’eau et d’amélioration de la protection, ces deux surfaces serviront de zones de refuge, d’alimentation, de reproduction et de croissance des espèces halieutiques. Pour qu’elles jouent convenablement leurs fonctions, après le balisage et la réception provisoire des travaux, une cérémonie de sacralisation a été organisée. Selon Martin Gbèdey, Directeur général de l’Abelac, malgré les mesures d’interdiction, les populations de la zone, à la recherche du bois énergie, s’adonnent fréquemment à des coupes sauvages des palétuviers. « Nous avons convenu avec les populations que nous allons recourir aux règles endogènes de sacralisation afin que cette zone soit considérée comme un espace qu’il faut préserver », a-t-il expliqué tout en ajoutant que les mangroves de palétuviers seront aussi sacralisées. Pour finir, le Directeur général a précisé que la pêche est autorisée sur l’ensemble du plan d’eau en dehors de ces zones sacrées. Après les sacrifices et les rites, les têtes couronnées, les prêtres des religions endogènes et les adeptes ont procédé à l’installation de la divinité « Avlékété » dans les deux zones repérées. Après cet acte, elles sont mises en défens de pêche et de navigation. Dans son intervention, Late Anagonou Ayolomi II, Roi de Possotomè a insisté qu’après les cérémonies, il sera formellement interdit aux riverains d’abattre les palétuviers ou d’utiliser les filets pour les activités de pêche. « Dans la zone du lac Ahémé et de ses chenaux, le respect du « sacré » est profondément ancré dans la culture des populations. La violation desdits espaces est assimilée à une profanation, dont les auteurs sont sévèrement sanctionnés », a laissé entendre le roi. Très contentes de la mise en œuvre du projet, les populations ont remercié le chef de l’Etat, Patrice Talon et ont promis de respecter les mesures d’interdiction. Démarrée en janvier 2022, la phase pilote des travaux de dragage a permis d’achever 235 hectares avec des profondeurs variant entre 6 et 7 mètres au niveau du plan d’eau. Elle impactera directement les communes de Bopa, Comé, Grand-Popo, Houéyogbé, Kpomassè et Ouidah et permettra aux activités de pêche de retrouver progressivement leur lettre de noblesse, ce qui induira nécessairement un bien-être économique et social pour les populations du lac Ahémé.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)