Le Bénin et d’ailleurs tous les pays africains ne peuvent jouir à suffisance et convenablement de la plénitude de leur potentiel de croissance économique sans avoir une maîtrise absolue du dividende démographique. Conscient de cette réalité, le gouvernement de Patrice Talon a saisi la balle au bond en adhérant au vaste projet Swedd « Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel au Bénin ».
Le projet Swedd mis en œuvre depuis l’accord signé en 2019 est d’un bénéfice inestimable pour le Bénin qui doit d’abord investir sur sa jeunesse en augmentant son revenu de travail. Les comptes nationaux de transferts qui permettent de comprendre comment chaque âge ou groupe d’âges produit, consomme, transfère et épargne les ressources économiques réalisés par le Réseau Nta composé de 95 pays au monde et établit dans 9 pays africains et complétés avec les comptes nationaux de revenus et de productions révèlent que la jeunesse béninoise a une consommation au-dessus du revenu de travail. Pour faire le calcul, les comptes nationaux de transferts prennent en compte les flux entrants subdivisés en revenu de travail, en revenu de l’actif, le transfert reçu et les flux sortants comportant la consommation, l’épargne et le transfert versé. Pour tout individu, la consommation dépasse toujours le revenu du travail. Ce qui crée le déficit du cycle de vie. Dans l’esprit de combler cet écart, il faut la réallocation des actifs, les transferts nets et la réallocation par âge. La consommation du travail qui est la consommation finale est la valeur des biens et services pour la satisfaction des besoins. La consommation finale s’éclate en consommation privée et en consommation publique. En tenant compte de la consommation et du revenu du travail des Béninois, les données révèlent que la population béninoise de 0 à 20 ans consomme les mêmes ressources que celle en âge de 70 ans. Or, la consommation doit augmenter avec l’âge. Jusqu’à 25 ans, le Béninois moyen est déficitaire, c’est-à-dire le revenu du travail est inférieur à la consommation. Ce qui crée le déficit de cycle de vie qui est la différence entre la consommation et le revenu de travail de chaque âge. L’enjeu donc pour le Bénin en adhérant à ce Projet est de taille.
La réalisation du dividende démographique
Le dividende démographique est l’accélération de la croissance économique qui résulterait de la modification de la structure par âge de la population d’une Nation. Le dividende démographique est lié à la transition démographique sans laquelle il ne peut se réaliser. En effet, il obéit à trois structurations en termes de régime : le régime ancien composé de la natalité et de mortalité élevée, la transition démographique avec la baisse de la mortalité et de la natalité en sauvant par exemple la vie des femmes et les enfants et enfin le dividende démographique. Les réflexions sur le dividende démographique en Afrique et au Bénin en particulier renvoient à une préoccupation utilitariste fondée sur la soif de savoir ce qu’il y a lieu de faire pour que le pays en bénéficie mieux. Cette préoccupation renvoie à une option majeure postulant qu’il faut inverser les rapports entre la croissance démographique et la croissance économique, entre les personnes à charge et les personnes actives.
(Suite dans la prochaine parution)
Bienvenue Agbassagan
Encadré
La ministre Véronique Tognifodé lors du bilan de l’an 1 du second quinquennat de Patrice Talon
On va peut-être l’évoquer avec le projet Swedd. Justement qu’est-ce qui se fait dans le cadre de ce projet?
Dans le cadre du projet Swedd, il y a la campagne de communication dénommée « Stronger together » initiée pour le leadership féminin et le maintien des filles à l’école. Cette campagne touche également beaucoup de cibles.
Mieux, il y a la création des espaces sûrs dans toutes les localités du pays qui est un endroit où les enfants, les jeunes peuvent venir pour avoir des notions les concernant ; pour exprimer des préoccupations et peut-être même des dénonciations. Celles qui ne sont pas renseignées suffisamment ou n’ont pas la bonne information sur la santé sexuelle et reproductives peuvent l’avoir dans les espaces sûrs.
Alors Madame la ministre lorsqu’on évoque la scolarisation des filles, le gros du problème c’est leur maintien à l’école. Que faites-vous pour qu’après toutes ces sensibilisations les filles restent à l’école vraiment ?
Il y a plusieurs stratégies ; parce que les facteurs qui défavorisent le maintien des filles à l’école sont nombreux. On se rend bien compte qu’avec tous les efforts, par exemple, la dynamisation des cantines scolaires dans les écoles primaires, nous avons plus de filles dans les collèges. Mais après le niveau Bepc, il y a beaucoup de désistements scolaires. Et l’un des plus grands facteurs de ce phénomène, c’est la pauvreté des ménages. Pour cela, il est prévu des transferts de fonds aux ménages très pauvres pour leur permettre de maintenir les filles dans le système scolaire. Bien avant cela, nous mettons en place des kits scolaires au profit des filles ; car, après analyse, on s’est rendu compte que certaines filles abandonnent l’école parce qu’elles n’ont pas le sac, elles n’ont pas le kaki. Mis à part ce facteur, il y a aussi les difficultés liées à la gestion de la menstruation. On en parle très peu ; car c’est dérangeant. Mais c’est aussi l’un des facteurs qui font obstacle à l’évolution scolaire des filles. Lorsqu’elles n’ont pas ce qu’il faut dans cette période menstruelle ; si elles n’ont pas les conseils et le suivi nécessaires, cela entrave le cours normal de leur cursus scolaire.