Les travailleurs béninois ne sont pas unanimes sur le mode de protestation à adopter contre la cherté de la vie notée dans le pays depuis quelques temps, selon leur constat. A la Bourse du travail, les centrales syndicales ne veulent pas unir leurs voix pour se faire entendre dans ce combat qu’ils disent mener aux noms et pour le compte de leurs mandants que sont les travailleurs. Et pour cause…La Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa) a organisé, le vendredi 18 février 2022 à Cotonou, un géant meeting des travailleurs pour dénoncer ce qu’elle appellent « cherté de la vie » et inviter le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour soulager les travailleurs face à cette situation. Ce géant rassemblement qui s’est déroulé en toute quiétude a été soutenu par la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin), l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb), la Centrale des syndicats des secteurs privé, parapublic et informel du Bénin (Cspib) et la Centrale des syndicats unis du Bénin (Csub). Anselme Amoussou et ses homologues associés à leurs militants ont crié leur ras-le-bol face à la montée des prix de certains produits sur le marché. Pour eux, le gouvernement doit en avoir la solution. « Le meeting de ce jour n’est qu’une étape si le gouvernement tarde à prendre des mesures d’atténuation », a prévenu Noël Chadaré, Secrétaire général de la Cosi-Bénin, à l’occasion du meeting. De son côté, le gouvernement s’active pour la révalorisation salariale des travailleurs béninois.Avec ce regroupement, on note qu’il y avait presque toutes les organisations syndicales présentes vendredi dernier, sauf la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) de Kassa Mampo. Mais, cette absence, visiblement mineure, n’a pas été trop remarquée puisque la mobilisation était à son comble et les cris bien relayés au sein de l’opinion publique.
Sans surprise !
Absente aux côtés des autres organisations syndicales lors du géant regroupement du vendredi, la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) annonce son meeting pour le 25 février 2022. On apprend que cette centrale syndicale entend réunir ses militants à la Bourse du travail le vendredi prochain donc pour protester également contre la cherté de la vie au Bénin et inviter le gouvernement à agir au plus vite. Est-ce une stratégie pour maintenir la pression sur Patrice Talon et ses ministres afin de les obliger à parer au plus pressé ou carrément un signe de division au sein des organisations syndicales ? Difficile de répondre à cette question. Mais il est constamment noté que la Cstb ne tient souvent pas le même discours que ses coéquipiers de la Bourse du travail. En tout cas, c’est un constat répété ces dernières années où les responsables de cette centrale syndicale se donnent l’habitude de se désolidariser des actions communes de leurs pairs. Crise de confiance ou une question d’idéologie ? Kassa Mampo, Secrétaire général de la Cstb, pourrait justifier cette position habituelle de son camp lors du meeting du vendredi prochain.
Mauvaise habitude
Au sein de l’opinion publique, cet état de choses ne donne pas une bonne impression des organisations syndicales. Si, même pour des questions touchant à la vie des populations à la base et qui n’a rien à avoir avec les positions politiciennes des syndicalistes, la Bourse du travail se divise, on est en droit de penser qu’il y en a qui ne luttent pas toujours pour les intérêts des travailleurs béninois. Ils sont plutôt dans une lutte aveugle, partisane et suspecte. Ils ne méritent plus d’être pris au sérieux. C’est vrai que rien n’oblige les organisations syndicales à tenir, ensemble, des manifestations publiques pour se faire entendre. Mais il est souvent agréable de les voir ensemble, défendre les intérêts du bas-peuple. L’union fait la force, dit-on.
Félicien Fangnon