Les Etats-Unis d’Amérique, conformément aux relations bilatérales qui les lient au Bénin, ont le droit d’opiner sur la situation socio-politique de ce dernier. Mais la position de ce pays, exprimée à travers un communiqué rendu public le lundi 13 décembre 2021, parait très exagérée et mérite des commentaires, voire des mises au point.
D’abord, il faut rappeler aux Usa que le Bénin est un Etat souverain dans lequel la séparation des pouvoirs consacrée par la Constitution du pays est respectée. Personne ne le conteste dans le pays, et il ne revient pas à un autre pays de tenter de le remarquer dans le but de discréditer la justice béninoise.
Ensuite, il faut faire entendre au département d’Etat américain, signataire de ce communiqué, que les faits évoqués à la barre, bien que discutés par les avocats de la défense, n’ont pas été contestés. Au sein de l’opinion publique, lesdits faits restent dans la mémoire des uns et des autres, surtout les familles des victimes.
Les Etats-Unis, dans leur communiqué, n’ont pu démontrer que les faits pour lesquels les deux personnalités béninoises sont condamnées sont faux. Ils n’ont pas démontré non plus que les auteurs et ou commanditaires n’ont pas de liens avec Aïvo et Madougou.
Mieux, les procès en question n’ont rien de politique. Et à aucun niveau, les querelles politiques n’ont pas été évoquées ou associées à l’action judiciaire ayant conduit à des condamnations. Les querelles politiques sont réglées au Bénin, sur le terrain politique. La bataille politique au Bénin est encadrée, comme partout ailleurs.
Ce qu’il importe aussi de marteler aux Usa, c’est que la justice béninoise, contrairement au passé, a changé de paradigme. Il n’y a plus d’intouchables au Bénin. L’Etat de droit au Bénin s’exprime surtout par l’indépendance de la justice.
Le Bénin, dans la dynamique du respect des droits de l’Homme, habituellement prôné par de grandes Nations, notamment les Usa, a opté de faire en sorte que chaque citoyen, quel que soit son rang, soit jugé, conformément aux textes en vigueur et sur la base de faits. La liberté de défense est permise et des voies de recours sont également autorisée en cas d’insatisfaction.
Dans le cas d’espèce, les voies de recours ne sont pas encore épuisées. Ce qui signifie que la procédure judiciaire n’est pas définitivement clôturée pour déjà donner lieu à des réactions de pays amis, tels que les Usa.
Enfin, faut-il comprendre par la réaction des Usa que la justice béninoise n’aurait pas dû juger les deux personnalités et leurs co-accusés ? Doit-on conclure que les Etats-Unis d’Amérique prônent désormais l’impunité ou alors, qu’il faut protéger certains en raison de leur rang et juger ceux qui n’ont aucun poids politique ?
De toutes les façons, le Bénin est en pleine mutation positive. Si ce qui se fait est mauvais, le peuple béninois sait protester.
Au moment où ça brûlait en 2019 puis en 2021, les Usa n’avaient pas sorti un communiqué pour dénoncer les actes et ou aider le gouvernement béninois à identifier les auteurs. Venir maintenant s’indigner contre une procédure et une décision judicaire ressemble à une ingérence dans les affaires judiciaires d’un pays.
Abdourhamane Touré