L’administration territoriale est en pleine mutation au Bénin. La loi n°2021-14 du 20 décembre 2021 portant code de l’administration territoriale en vigueur a induit de profonds changements à telle enseigne que la gestion administrative des Communes est désormais confiée aux Secrétaires exécutifs (Se) entourés de certains cadres techniques désignés à l’issue d’un test de recrutement. Les maires, dépossédés de cette prérogative, s’occupent essentiellement, quant à eux, du volet politique et du suivi des orientations de développement données par le Conseil communal. Un an de mise en œuvre de cette réforme sur le champ d’expérimentation, des difficultés ont été notées dans l’application avec une confusion de rôle entre les Se et les maires
«Douze mois de mis en œuvre du nouveau Code sur l’administration territoriale. Nous n’avons pas assez d’indicateurs pour apprécier », a laissé entendre Romaric Lissanon. Cependant, il ne s’est pas empêché de faire un état des lieux. Selon lui, la réforme en elle-même est salutaire et vise à dépolitiser l’administration communale, à réduire la lenteur administrative puis à offrir un service de qualité aux citoyens. Malheureusement, sur le terrain d’application, le constat est tout autre. A en croire ses propos, l’on assiste à la politisation à outrance de l’administration communale avec à la clé, un conflit d’attribution entre le Secrétaire exécutif (Se) et le maire. « Durant les douze mois, nous avons vu des Se qui ont convoqué la session du Conseil communal alors que cette attribution ne relève pas de leurs prérogatives », a noté Romaric Lissanon, acteur politique. Le comble, certains parmi ces chefs de l’administration communale, affrontent le maire et s’opposent vertement à leurs décisions au point où dans le Zou, presque tous les maires se plaignent de leur Se. Ce n’est pas celui de Zagnanado, d’Abomey et de Covè qui diront le contraire. Dans ce climat délétère de suspicion et de méfiance, le développement des Communes risque de prendre un coup parce que ces cadres appelés aux côtés des élus communaux, passent à côté du principe fondamental de la réforme. Or, a rappelé Romaric Lissanon, le rôle des Se est d’accompagner les maires dans leur politique de développement, de mobilisation des ressources propres tout en veillant à la transparence de la gestion, l’éligibilité des dépenses et le respect du processus de passation des marchés publics. Autrement dit, ils sont commis pour améliorer ce qui se faisait par les maires. Tel n’est malheureusement pas le cas. « On a l’impression qu’ils veulent inventer la roue. Ils remettent en cause tout ce qui se faisait. Ce qui porte déjà des préjudices au développement à la base », a-t-il fustigé. Il en veut pour preuve les faits reprochés aux trois Se demis récemment de leurs fonctions. «Ils font trop de zèle en oubliant qu’ils sont nommés et que le maire est élu », a-t-il laissé entendre. Pour éviter ces amalgames et faire respecter l’esprit de la réforme, Romaric Lissanon estime qu’il faut recadrer ces Secrétaires exécutifs. A ce titre, il a suggéré que des séances de vulgarisation du code soient organisées à l’intention des Se et des maires afin qu’ils s’approprient la loi. Il a en outre plaidé que les préfets, dans leur rôle d’arbitrage, veillent afin que cessent les conflits latents qui plombent le développement des collectivités locales.
Z. T. (Br Zou-Collines)