Le dialogue social au Bénin est sporadique sinon quasiment inexistant. Le gouvernement garde une distance vis-à-vis des travailleurs. Une situation qui agace ces derniers en ce qu’elle met en suspens les questions et problèmes qui sont les leurs. Le Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), Anselme Amoussou a déploré cette situation hier, mercredi 31 août 2021 au cours d’une émission sur Océan Fm.
Cherté de la vie, situation des aspirants et état du dialogue social, tels ont été les trois sujets au menu de l’émission spéciale dont Anselme Amoussou, Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) était l’invité sur la radio des défis, Océan Fm. Pour le leader syndical, l’état des lieux relativement à la situation des travailleurs en République du Bénin est déplorable. La situation est plus alarmante pour ce qui concerne les Aspirants au métier d’enseignant (Ame) qui, malgré les services élogieux qu’ils rendent à l’Etat, sont abandonnés à leur triste sort. Pour Anselme Amoussou, « Les Ame sont victimes de la mauvaise pratique du dialogue social par le gouvernement ». A l’en croire, c’est le statu quo en ce qui concerne la situation de cette catégorie de travailleurs pour la simple raison que les Centrales et Confédérations syndicales n’ont pu échanger avec le gouvernement sur le sujet. Il déplore que deux membres de l’Exécutif se soient mélangé les pédales sur la question du traitement des Ame. Le syndicaliste regrette que le payement des 12 mois sur 12 aux Ame ne soit pas effectif alors que dans le même temps, le gouvernement a fait recruter des agents techniques dans des mairies qui gagnent des salaires faramineux. La gestion de la cherté de la vie est l’autre question qui fâche les travailleurs. Anselme Amoussou dit avoir le sentiment que le gouvernement ne prend pas pleinement la mesure de la situation. « La situation se dégrade de jour en jour », tranche le syndicaliste pour qui, l’inflation s’est aggravée depuis février 2022 où plusieurs Centrales et Confédérations syndicales ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation. Les mesures prises par le gouvernement pour juguler la cherté n’ont malheureusement pas permis d’infléchir la situation, a-t-il regretté. C’est à l’en croire, ce constat désolant qui a sous-tendu, l’organisation, le vendredi 26 août 2022, d’une conférence publique. « Cette conférence, c’était pour crier notre ras-le bol face au silence du gouvernement, de ceux qui sont chargés de parler, de nous apporter la solution. C’est surtout ça qui est difficilement vécu par l’ensemble des citoyens notamment des travailleurs ». En dépit des performances économiques enregistrées et vantées çà et là, le travailleur béninois vit dans des conditions peu orthodoxes, a déploré l’invité du journaliste Joël Tchogbé.
Le silence du gouvernement agace
L’autre facteur qui suscite l’indignation des travailleurs selon Anselme Amoussou est la rupture du dialogue social entre le gouvernement et les Centrales et Confédérations syndicales. Le Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin pointe un doigt accusateur sur le gouvernement qu’il dit être à l’origine de la rupture du dialogue entre les deux entités. « Nous sommes prêts à prendre notre part de responsabilité dans les décisions difficiles que le gouvernement peut prendre vis-à-vis des citoyens, vis-à-vis des travailleurs. Mais pour cela, on doit échanger avec nous. Il faut que le gouvernement arrête de penser que nous n’avons rien dans la cervelle, que nous n’avons rien à apporter que nous sommes-là que pour détruire », a laissé entendre le Secrétaire général de la Csa-Bénin qui invite le président Patrice Talon et son équipe à renouer avec le dialogue avec les partenaires sociaux. Pour Anselme Amoussou, le gouvernement a une approche biaisée du dialogue social. Le syndicalisme développé depuis 2016 devrait amener le gouvernement à se raviser sur sa perception vis-à-vis du dialogue social. « Recourir au dialogue social est loin d’être une faiblesse. C’est une force qu’il faut utiliser », a-t-il conseillé. Faute de ce faire et poussés à bout, à défaut d’interlocuteur, les travailleurs risquent de prendre leurs responsabilités, prévient le syndicaliste.
Gabin Goubiyi