L’artiste plasticien et musicien Aston s’est entretenu avec les usagers de l’Espace culturel Le Centre composés, entre autres, de ses fans et des étudiants le mercredi 27 mars 2024. Pendant plus de deux heures d’horloge, celui qui est surnommé « le fou » et qui a parcouru plusieurs pays dans le monde avec ses géantes sculptures et grandes installations a partagé avec le public son riche parcours artistique haut de plus d’une vingtaine d’années et ses expériences au cours de sa carrière.
De son vrai nom Serge Mikpon, Aston est un artiste plasticien béninois né en 1964 à Cotonou. Autodidacte, il vit et travaille au Bénin. Ses débuts dans l’art furent dans la musique, d’où il tient d’ailleurs son surnom Aston, pour ses talents de guitariste. En art plastique, il s’est d’abord intéressé à la peinture avant d’embrasser définitivement la sculpture et l’installation. À travers sa démarche artistique, Aston se définit aujourd’hui comme un artiste écologiste. Selon l’artiste plasticien, il dispose des aptitudes à utiliser tous les matériaux pour ses œuvres, néanmoins il puise sa matière première de déchets domestiques et industriels, auxquels il redonne vie à travers ses œuvres exposées au Bénin, au Togo, en France. « Ma plus célèbre sculpture est la première que j’ai réalisée. Elle s’appelle « Akpé mi, a kou » et met en exergue un soldat doté de tout un arsenal de matériels de guerre. Elle est connue des plus grandes autorités au Bénin et a fait le tour du monde», a confié Aston. A l’en croire, sa prochaine installation aura des dimensions de trois mètres sur deux avec un cercueil comportant des centaines de lingots de cigarettes. A travers cette œuvre, l’artiste veut montrer l’effet nocif de la nicotine aux fins de décourager les jeunes. Dans son propos, l’artiste a déploré le plagiat qui est constaté chez ses pairs. « Les artistes se trichent, se copient et réalisent des œuvres identiques et intégrales. C’est dommage. Il faut que les jeunes artistes aient leur style personnel et se donnent une identité et une originalité », a-t-il insisté. Par ailleurs, Aston est revenu sur d’autres maux qui plombent le travail de la jeunesse dont le gain facile, la mauvaise organisation et la drogue. « Je voudrais bien travailler avec des jeunes, mais il faut qu’ils soient disposés à évoluer et se perfectionner. Je n’aime pas l’amateurisme », a confié l’artiste musicien. Revenant à la question sur la musique, Aston a laissé entendre qu’il pratique tous les styles musicaux grâce à son parcours. A son dire, les arts plastiques ont pris le dessus, mais il pratique toujours la musique qui le permet de retrouver ses sens. Les propos de l’artiste interrogent entre autres, la mémoire collective, l’histoire des peuples, et dénoncent les maux inhérents aux sociétés modernes. Son œuvre « Contemporain Legba » est par exemple présentée dans l’exposition « Révélation! Art contemporain du Bénin », en cours actuellement à la Fondation Clément en Martinique. « Je me suis donné comme habitude de produire de géantes sculptures et de grandes installations pour pouvoir les vendre aux prix raisonnables », a conclu Aston. Les rencontres-discussions sont, selon Berthold Hinkati, Directeur général de l’Espace culturel Le Centre, des temps réflexifs et de partage de savoir-faire axés sur un invité de la chaine artistique et culturelle. « Le choix de l’artiste Aston s’explique par le fait qu’il s’est beaucoup investi dans le domaine de la récupération pour faire ses œuvres. Il est donc important pour nous de mettre la lumière sur un artiste pareil et de lui permettre de partager ses expériences avec le public », a expliqué le numéro 1 de cet espace. De vifs et riches moments d’échanges.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)