Les élections générales de 2026 agitent déjà les chapelles politiques au point de donner l’insomnie à certains. Conscients de l’enjeu que constituent ces joutes électorales, les partis politiques ébauchent déjà des calculs pour ne pas rater ce virage. Le parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) s’est notamment inscrit sur ce registre. Le secrétaire exécutif national adjoint de cette formation politique, El Farouk Soumanou, a levé un coin de voile sur la philosophie du parti et ses ambitions pour ce rendez-vous électoral crucial. C’était à la faveur d’une émission télévisée dont il a été l’invité dimanche 13 août 2023.
Après les nombreuses défections enregistrées en son sein et sa piètre performance aux dernières élections législatives (4,42% des suffrages exprimés), le parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) était donné pour mort et même enterré par certains analystes. Mais pour les leaders du parti, tout est encore possible. Et même si les rapports de force semblent en leur défaveur depuis l’entrée en scène du parti quasi-rival « Les démocrates », la formation politique tente vaille que vaille de remonter la pente pour s’éviter une mort précoce. Sur le plateau de l’émission télévisée « Le grand format » du dimanche 13 août 2023, le secrétaire exécutif national adjoint de la Force cauris pour un Bénin émergent, El Farouk Soumanou, a confié que le parti travaille à consolider sa troupe. « Après l’échec, l’essentiel pour le parti actuellement est de travailler à fidéliser et rassurer ceux qui sont encore là », avait-t-il indiqué. A en croire l’ancien directeur général du Fonds national des activités de jeunesse, des sports et des loisirs (Fndajsl), la Fcbe reste pleinement consciente de l’enjeu que constituent les élections générales de 2026 et travaille à son repositionnement après les nombreux coups qu’elle a reçus. « Le parti a beaucoup appris de son échec à l’issue des Législatives du 08 janvier 2023 et prend de grands contacts », a confié le jeune acteur politique. Des propos qui démontrent clairement que le parti ficelle des choses dans l’ombre même si dans l’apparence, on semble observer un certain statu quo. Visiblement, Paul Hounkpè et les siens ne font pas de leur échec aux Législatives, un obstacle aux ambitions du parti pour les échéances futures.
Quitte ou double en 2026
La « sombre » page des Législatives tournée, le parti Fcbe se projette déjà sur les prochaines échéances électorales prévues pour 2026. Et déjà, la formation politique de l’opposition ne fait pas de mystère sur ses objectifs et ambitions pour ce challenge électoral 2026. A en croire El Farouk Soumanou, la Fcbe entend jouer son va-tout à ces élections générales. « Si les parrainages devront causer problème à la candidature de la Fcbe à la Présidentielle de 2026, le parti sera obligé de se mobiliser pour aider le camp qu’il devra choisir afin que celui-ci accède au pouvoir. Car il n’est plus question que la Fcbe qui a fait l’opposition depuis 2016 pour avoir perdu le pouvoir avec Lionel Zinsou, joue mal le tournant de 2026. L’essence d’un parti étant la volonté de conquérir et de gérer le pouvoir, la Fcbe fera tout pour atteindre cet objectif à partir de 2026 », a laissé entendre l’acteur politique de la trèzième circonscription électorale. Des propos diversement appréciés et sortis de leur contexte par des adeptes de la manipulation politique aux fins d’embrouiller les esprits. Et pourtant, il ne pouvait en être autrement quand on sait que le parti ne peut, si l’on s’en tient à la configuration politique actuelle, se prévaloir que de six parrainages sur le nombre requis vu qu’il n’a que six maires sur l’étendue du territoire national.
La Fcbe comme le Prd en 2015
La posture de la Fcbe de faire partie du « système » qui sera mis en place pour compter de 2026, n’est pas exclusive encore moins condamnable en soi quand on sait que le but d’un parti politique est de conquérir le pouvoir d’Etat et de l’exercer. A défaut d’y parvenir, il est loisible à la formation politique de s’allier à tel ou tel autre candidat ou parti qui offre des garanties de victoire à une élection. Ce schéma n’est pas nouveau au Bénin. En effet, le président de l’ex-Parti du renouveau démocratique (Prd), Adrien Houngbédji, avait émis les mêmes intentions pour son parti à l’occasion de l’Université de vacances des 19 et 20 septembre 2015, soit à quelques encablures de l’élection présidentielle de 2016. Pour le Prd, parti de l’opposition à l’époque, les enjeux de cette élection sont très grands. Elle devrait permettre au parti de se repositionner sur la scène politique nationale avec pour ambition ultime, de faire partie de la mouvance présidentielle. « 25 ans d’existence pour le parti, c’est 23 ans dans l’opposition », avait semblé regretter le président du parti, Adrien Houngbédji, avant de marteler aux militants : « Si nous avons fait 23 ans d’opposition, mon souhait, notre souhait à nous tous, c’est que les 25 prochaines années, nous les passons comme parti du gouvernement ». Une figure de proue du parti avait même confié à l’époque que « Le Prd va tout faire pour rester dans le gouvernement à partir de 2016 ». Conformément à ces desiderata, le parti au logo arc-en-ciel, qui avait soutenu le candidat Lionel Zinsou à l’élection présidentielle, avait rejoint le vainqueur de la compétition Patrice Talon, ce qui lui vaut aujourd’hui, d’être membre de la mouvance présidentielle. En affichant les mêmes intentions pour 2026, la Fcbe s’inscrit dans une démarche similaire, laquelle est purement politique. Loin d’un aveu d’échec comme l’ont supputé certains détracteurs, les propos de El Farouk Soumanou intègrent un faisceau de facteurs éminemment objectifs et participent de la haute stratégie politique.
Gabin Goubiyi