(Une prorogation du délai de sensibilisation souhaitée)
Le lundi 16 octobre 2023, l’Agence nationale de transports terrestres (Anatt) a tenu une rencontre d’échanges avec les responsables des faîtières de transport de personnes et de marchandises en République du Bénin. La rencontre qui a eu pour principal sujet le transport mixte a été pour l’Anatt, l’occasion d’annoncer aux acteurs du secteur des transports, la répression du phénomène conformément aux exigences de la Cédéao. Une décision diversement appréciée dans le rang des conducteurs.
En dépit de sa prohibition stricte dans les Etats membres de la Cédéao, le transport mixte, c’est-à-dire le transport simultané de personnes et de marchandises dans le même véhicule continue d’avoir droit de cité dans certains pays. Le phénomène s’est développé à un rythme vertigineux ces dernières années au nez et à la barbe des autorités qui semblent cautionner la chose en dépit du nombre d’accidents dont il est à l’origine sur les axes routiers. Face à cette situation, le gouvernement béninois a décidé de prendre ses responsabilités. Dans cette dynamique, et sur instruction du ministre du Cadre de vie et du transport, chargé du développement durable, José Tonato, l’Agence nationale de transports terrestres (Anatt) a tenu le 16 octobre 2023, une rencontre d’échanges avec les responsables des faîtières de transport de personnes et de marchandises en République du Bénin. Cette rencontre est la première d’une série avant la répression. En effet, selon le directeur général de l’Anatt, une période de deux (2) semaines de sensibilisation sera observée, avant la phase répressive qui sera engagée par la Police républicaine en cas d’inobservance des mesures liées à cette interdiction du transport mixte au Bénin. Cette décision suscite des grincements de dents dans le rang des conducteurs et transporteurs qui reprochent au gouvernement de n’avoir pas réglé certains préalables ni tenu compte de certains paramètres liés à l’activité. C’est ce que pense le président de la Fédération TT Bénin, Myriac Dako. Reçu sur une chaîne de télévision privée de la place, le responsable syndical reconnait que le phénomène crée non seulement un manque à gagner à l’Etat mais expose les conducteurs et les passagers à d’énormes risques.
Des préalables à régler, un moratoire sollicité
Selon les explications de Myriac Dako, certains préalables se doivent d’être réglés avant la répression annoncée. Sur ce plan, il a notamment stigmatisé l’absence de parcs de regroupements des conducteurs. Sans l’érection d’un parc, les objectifs de la répression risquent de ne pas être atteints, prévient Myriac Dako. Abraham Agboakounou, secrétaire général de l’Organisation des conducteurs de taxis-villes des communes du Bénin (Octavic-Bénin) abonde dans le même sens. Pour lui, l’activité de transport est en proie à d’énormes difficultés. Ces difficultés sont notamment liées au développement exponentiel du transport clandestin. Il s’agit selon Abraham Agboakounou, de la concurrence que livrent au secteur certains propriétaires de véhicules mal intentionnés, qui, au mépris de la règlementation en vigueur, opèrent dans le secteur des transports aussi bien de personnes que de marchandises. Cette tricherie qui prolifère aujourd’hui réduit considérablement les marges de manœuvre de l’activité du transport au Bénin. Abraham Agboakounou estime à plus de 80%, ces clandestins qui opèrent allègrement dans la flotte taxi. Pendant ce temps, poursuit-il, les taxis paient plus de 120.000 FCfa chaque année pour l’assurance, sans oublier les contraintes liées à la visite technique qui se fait au moins trois fois l’an par taxi, la Tvm etc. Aliassane Fofana Baboni, président du collectif des confédérations des transporteurs de marchandises du Bénin, va pour sa part dénoncer l’abandon du secteur par les autorités. Quoiqu’étant en phase avec la décision du gouvernement de réprimer le transport, les conducteurs s’indignent du délai accordé avant la phase répressive. Ils sollicitent subséquemment une prorogation de trois mois du délai, afin de permettre que les préalables soient réglés. Faute de quoi, la mise en œuvre de la répression pourrait être sensiblement mise à mal.
Des propositions faites au gouvernement
A en croire Abraham Agboakounou, il y a lieu de faire un réajustement du secteur et l’Etat doit prendre ses responsabilités en procédant à une démarcation des véhicules de transport. « Ce qui se passe dans le secteur occasionne un manque à gagner à l’Etat. C’est une fuite fiscale », se désole le secrétaire général de Octavic-Bénin. De même, les conducteurs proposent la mise en place d’un Conseil national des transports, un creuset devant regrouper acteurs du secteur, cadres de l’administration et gouvernants qui se pencheront exclusivement sur les questions liées au secteur des transports. Aussi, faudra-t-il opérer, une clarification au niveau de la notion de chargement mixte au regard de l’ambiguïté qui entoure cette notion. Devra-ton embraquer uniquement des passagers et laisser leurs marchandises ? Quelles dispositions prendra-t-on pour la sécurité des marchandises dans ce cas ? A partir de quand, le chargement mixte pose-t-il problème ? Autant d’interrogations qui trottent dans l’esprit des conducteurs qui appellent les autorités à bien baliser le terrain avant la mise en œuvre de la phase répressive.
Gabin Goubiyi