La campagne électorale dans le cadre des élections législatives du 8 janvier 2023 bat son plein au Bénin Mieux que sur le terrain, on assiste à un déploiement inédit d’énergie et de stratégie de conquête de l’électorat sur les réseaux sociaux.
Six jours après son lancement officiel, la campagne électorale amorce progressivement sa vitesse de croisière. Le pays est emballé par la fièvre électorale dans un contexte particulier marqué par les fêtes de fin d’année. Heureux ou malheureux, ce concours de circonstances n’émousse guère les ardeurs des partis politiques qui rivalisent d’ingéniosité pour conquérir l’électorat. Les partis en lice se marquent sur un terrain électoral indécis. Le discours est suffisamment fignolé pour appâter les masses populaires. Outre cette bataille physique, on assiste à une autre plus active et plus dynamique. Il s’agit de celle qui se mène sur les réseaux sociaux. Elle est de loin plus animée et plus virulente que la bataille de terrain. L’espace virtuel est en effet réquisitionné et pris d’assaut par les sept partis en compétition pour engranger des points dans le challenge électoral en vue. L’espace numérique est marqué par une floraison de messages et de visuels des candidats. Les activités menées par les partis sur le terrain, y sont abondamment relayées à longueur de journée. Des milliers de partages sont faits par jour par les militants ou sympathisants qui meublent leurs statuts ou profils de visuels des candidats avec des messages bien soignés et triés sur le volet. Les plateformes numériques les plus sollicitées pour cette opération de propagande électorale sont Facebook, WhatsApp, Tik Tok ou encore Twitter. Difficile pour l’internaute béninois de contourner cette fièvre électorale dont il est abreuvé à longueur de journée. Sur certains forums, de vifs débats sont alimentés autour de l’actualité électorale. Des débats qui prennent parfois l’allure de vives critiques entre mouvanciers et opposants et même entre partisans de la mouvance. Les échanges virent quelques fois à des injures entre membres du même forum en fonction des passions.
Les réseaux sociaux, une parade pour limiter les dépenses
L’usage excessif de l’espace numérique par certains partis dans le cadre de la campagne électorale n’est pas anodin. Il est un secret de Polichinelle que les réseaux sociaux se sont imposés au fil des années, comme un puissant moyen de communication et d’information. Ne pas en faire usage n’est rien d’autre qu’une vile manière de rester en marge de l’évolution du temps et de la technologie. Cependant, il pourrait constituer dans le contexte du Bénin, une façon déguisée de rationaliser les dépenses afférentes à la campagne électorale. Il est de notoriété publique que les descentes sur le terrain pour aller au contact des populations, impliquent des dépenses pour le parti ou le candidat en compétition. Outre les frais liés à la logistique, le candidat est appelé à assurer les frais de transport des militants ou populations mobilisés pour l’occasion. La pratique n’est pas nouvelle. Elle a infiltré le système électoral au lendemain de la conférence des forces vives de février 1990. Foncièrement ancrée dans les habitudes, elle peine à disparaître en dépit des nombreuses sensibilisations des Organisations de la société civile. Elle résiste à la réforme du système partisan qui prône une certaine éthique en politique. Etre obligé de débourser de faramineuses sommes pour alimenter la campagne reste une contrainte majeure pour les candidats. Dans cette optique, les réseaux sonnent comme une alternative pour éviter la saignée financière.
Abdourhamane Touré