L’Afrique, l’un des cinq continents du monde, est stigmatisée et vilipendée à travers la traite négrière et autres barbaries perpétrées contre la race Noire. Sous prétexte qu’elle n’a pas de culture, de racine, d’histoire ou de civilisation, elle est marginalisée. Or, à priori, elle constitue une source à laquelle les continents dits affranchis viennent s’abreuver. Mais aveuglés par la colonisation, les Africains ignorent tout du poids qu’ils constituent pour les autres parce qu’ils meurent, faute de connaissance. L’Organisation non gouvernementale (Ong) Oyédayo pour le réveil de l’Afrique (Ora) a vu le jour à Abomey afin de susciter la libération des noirs à travers des actions concrètes dans maints domaines de la vie.
L’Afrique peut maintenant s’affranchir du joug colonial et s’autonomiser. C’est le leitmotiv de l’Ong Oyédayo pour le réveil de l’Afrique. « Oui, nous sommes dans la mondialisation, mais elle ne doit pas signifier se renier, renier sa racine, sa source. Elle doit être plutôt synonyme de ce que tu donnes un peu, je donne un peu, et ce que tu donnes avec ce que je donne se croisent et croissent ensemble.» définit Akiorè Oyédékpo Edon, président de l’Ong Ora et spécialiste des études afro-américaines. Le contraire devrait susciter la réflexion ou l’éveil de la conscience des Africains. L’Ong Ora en organisant chaque année par exemple une cérémonie de remise de prix aux élèves des établissements publics et privés d’Abomey portant uniquement des noms et prénoms endogènes, le fait si bien. A cette occasion, elle convainc les parents de la nécessité de promouvoir les prénoms indigènes tels que Fati, Sessi, Bio, Shadé, etc. car selon le président de l’Ong Ora, après que l’Afrique s’est dépouillée de tout, il ne lui reste aujourd’hui que la peau noire, le trait commun et ses jolis et significatifs noms que portent ses fils et ses filles en fonction bien entendu de leurs langues, de leurs ethnies, de leurs origines et de beaucoup d’autres facteurs. « Nos noms constituent en grande partie notre marque identitaire et ne sauraient être synonymes de malchance ou de malédiction comme vous le pensez», martèle-t-il. Kylian Mbappé n’a pas besoin d’un prénom français ou anglais pour être accepté comme Français ou pour devenir l’un des meilleurs joueurs de football du monde. Pour gagner le prix Nobel de la littérature en Afrique en 1985, Wole Soyinka n’avait pas besoin d’un prénom anglais ou français ou arabe. De même, l’on n’a pas besoin non plus de porter des noms chrétiens ou musulmans avant que notre culte ne soit agréé par Dieu ou Allah ou avant de rentrer dans le paradis ou alujannah», ajoute Akiorè Oyédékpo Edon. A l’entendre, Léopold Sédar Senghor est allé loin en prodiguant ce sage conseil : « Penser et agir par soi-même et pour soi-même en nègre…….accéder à la modernité sans jamais piétiner votre authenticité». En se mirant dans cette affirmation qu’il juge de fondamentale, il estime que l’Afrique peut vivre la mondialisation ou la globalisation, la modernité ou le village planétaire tout en conservant ses valeurs cardinales. Pour lui, c’est ce qu’avaient compris Kwame N’kruma, Wole Soyinka, N’gugi Wa Thiong’o, Sékou Touré, et Molefi Kete Asante, des personnalités qui avaient affirmé l’Afrique dans le monde. En réalité, l’Afrique n’a absolument rien contre les occidentaux. Bien au contraire. « Toutefois, ce n’est pas parce que nous les aimons que nous allons nous mépriser, nous renier, renier notre source, notre origine en portant fièrement leurs noms au détriment des nôtres», réfute-t-il.
Une organisation pan-humaniste, défenseuse de la rupture
Reconnue officiellement le 30 octobre 2022, l’Ong Oyédayo pour le Réveil de l’Afrique (Ora) est une organisation pan-humaniste partageant des d’idées en commun avec les organisations panafricaines. Depuis son siège à Abomey, elle travaille à susciter le réveil de l’Afrique sans tambour ni trompette, mais plutôt avec des actions concrètes et conséquentes. Soutenant la vision du nouveau départ par le biais de ses œuvres sociales et de charité en faveur des couches vulnérables, Ora intervient essentiellement dans deux domaines d’activités à savoir l’éducation et la culture puis les valeurs humaines, sociales et universelles. Dans le secteur de l’éducation par exemple, suite à un diagnostic, l’Ong pense qu’il faut revoir les curricula de formation qui ne tiennent souvent pas compte des réalités africaines encore moins béninoises. « En l’état, ils forment des citoyens bon à rien sans un métier. Par conséquent, les emplois disponibles ne sont pas en adéquation avec les besoins du marché», constate Akiorè Oyédékpo Edon. Plus explicitement, il trouve par déphaser le contenu des cours d’anglais et des mathématiques dispensés dans les lycées et collèges et qui, in fine, ne servent plus pratiquement à rien dans la vie professionnelle et active. Aussi, les plages horaires des cours sont beaucoup plus consacrées à la théorie qu’à la pratique. Du coup, les intellectuels africains ou béninois sont plus théoriciens que praticiens. Ce qui ne cadre plus avec les réalités actuelles. Comme moyens et stratégies politiques de mise en œuvre de sa vision, l’engagement et la détermination. Ensuite, les plaidoyers en direction des décideurs politiques, des leaders religieux et traditionnels, des séances de sensibilisation de toutes les couches de la société sur la nécessité de défendre la souveraineté de l’Afrique. Les colloques, les conférences débat, les émissions sur les radios, télévisions conventionnels et dans les médias sociaux sont autant d’atout dont dispose Ora pour atteindre ses objectifs. En termes de moyens financiers, précise madame Lalèyè, la secrétaire générale de l’organisation, l’Ong s’appuie actuellement sur ses propres moyens, les cotisations de ses membres et les dons. Sa devise est d’annoncer, d’énoncer et de dénoncer. Son emblème est un drapeau noir tacheté d’autres couleurs. Pour y adhérer, il suffit de s’annoncer à travers une demande et le paiement des frais d’adhésion. De membre adhérent ou membre simple on peut devenir membre actif ou leader en travaillant acharnement, de manière à compter pour l’Afrique. Au chapitre des perspectives, il y a la publication très prochaine de quatre ouvrages dénommés Calendrier des noms Fongbé, Yoruba/Nago, Baatonou. « Vous aurez dans chacun de ces livres 365 noms garçons et 365 noms filles chacun avec son sens. Ainsi, nous amènerons les autres frères et sœurs de l’Occident et de l’Orient à nous donner le respect et la dignité que nous méritons», a annoncé le président de l’Ong Ora. Par ailleurs, il a témoigné toute sa gratitude à ceux qui ont cru en la vision de l’Ong et qui les soutiennent de diverses manières.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)