« Quand nous prenons le cas de Réckya Madougou, Joël Aïvo qui sont des personnalités politiques déjà condamnées, cela veut dire que le chef de l’Etat observe le principe de la séparation des pouvoirs et ne voudrait pas s’immiscer dans le pouvoir judiciaire. Il est resté prudent. Par contre, en ce qui concerne les étudiants, c’est certainement les jeunes qui ont commis des actes punis par la loi à des moments donnés et qui ont été déférés devant la justice. Je pense qu’ils n’ont pas été objet d’une condamnation ferme. Je crois que c’est pour cette raison que le chef de l’Etat a voulu que diligence soit faite pour les libérer. C’est une forme de grâce qu’il est en train de leur accorder parce que la grâce est d’initiative présidentielle. En ce qui concerne les autres détenus dits politiques, le chef de l’Etat renvoie l’opposition au Parlement. Quand on parle d’une loi d’amnistie, cela veut dire qu’il y a un antécédent et c’est au vu de cet antécédent que la loi d’amnistie est votée. L’amnistie, c’est un acte législatif qui est du ressort du Parlement. Quand on parle de Parlement, il s’agit des députés. D’après la configuration politique du Parlement, les députés Ld à eux seuls, ne peuvent pas voter cette loi. Il va falloir forcément l’accompagnement des députés de la mouvance présidentielle. C’est pourquoi depuis toujours, nous demandons à nos vis-à-vis de changer de posture. Quand on veut quelque chose d’aussi précieux qui est un problème majeur de la République, il faut savoir s’y prendre. Il faut que les députés de l’opposition quittent la posture permanente de conflit. Il faut qu’ils observent de la douceur dans leur posture, dans leur comportement et dans leurs propos. Ce n’est plus le moment pour eux aujourd’hui de remuer le couteau dans la plaie. Ils doivent faire profil bas pour obtenir ce qu’ils veulent et ce que nous voulons aussi parce que tout le monde est unanime aujourd’hui qu’il faut faire quelque chose. Certes la loi d’amnistie est déposée au Parlement et est à l’ordre du jour de la session en cours mais la loi n’a pas été encore appelée en commission. Si la loi est appelée, et que nous découvrons le contenu, c’est évident que nos partis politiques vont nous indiquer la conduite à tenir vis-à-vis de l’examen de la loi en question. Ce comportement que tiennent les députés de l’opposition, a tendance à montrer qu’ils veulent une chose et son contraire. C’est comme si cette loi est un simulacre pour montrer aux populations qu’ils sont compatissants et qu’ils ont la volonté de sortir les compatriotes de prisons et de faire revenir les exilés dits politiques. Pour les dernières Législatives, cela a été pour eux des éléments de langage. Ils ont demandé au peuple de voter massivement pour eux afin qu’ils aient une majorité écrasante au Parlement pouvant leur permettre de relire les lois, de voter la loi d’amnistie et de faire ramener les exilés politiques. Donc, d’une manière ou d’une autre, ils sont en train de vouloir satisfaire à une promesse électorale. Dans le même temps, la posture qu’ils observent pour satisfaire cette promesse électorale n’est pas la bonne. C’est pourquoi beaucoup disent qu’en réalité, ils sont les premiers à ne pas vouloir que nos compatriotes sortent de cette difficulté dans laquelle ils se retrouvent aujourd’hui. Je demande aux députés de l’opposition de changer de posture pour favoriser le dialogue. Rejeter le rapport du président de l’Assemblée nationale et le budget du Parlement ne sont pas des actes qui ne permettent pas d’échanger sur l’essentiel. On n’a plus besoin de rappeler les circonstances de leurs arrestations (Réckya Madougou et Joël Aïvo Ndlr). Maintenant que nous voulons un juste milieu des choses, il faut que nous adoucissons nos comportements. »
Propos recueillis par Gabin Goubiyi