Le gouvernement du président Patrice Talon a rénové considérablement le secteur de la santé. Fortement critiqué sous les anciens régimes, ce secteur important en essuie moins depuis 2016. C’est le fruit d’un travail conséquent porté par le Programme d’actions du gouvernement (Pag).
La pertinence de la fusion
La fusion du Cnhu avec l’Hia trouve son ancrage dans la vision de l’efficacité du plateau sanitaire du Bénin. Selon Ange Dodji Dossou, cette mise ensemble traduit l’adage ‘’Ensemble, on est toujours plus fort. «Nous avons vu que pour les questions sécuritaires, le gouvernement a fusionné la gendarmerie et la Police. Nous voyons que sur le plan politique, des partis politiques fusionnent pour mieux conquérir l’espace. Plus on est ensemble, plus on est fort. Dans le domaine médical, je vais vous donner quelques exemples. Je prends la neurochirurgie. Au Cnhu, ils sont 4 spécialistes en neurochirurgie. A l’Hia, ils sont deux spécialistes en neurochirurgie. 4 d’un côté et 2 de l’autre ne permettaient pas de rendre de façon efficiente le service. Il est difficile par exemple d’organiser le système de garde. En les mettant ensemble, cela fait 6. Là, ils peuvent mieux gérer le service, ils peuvent organiser les soins d’urgence. Parce qu’il faut toujours le rappeler, les urgences, c’est le miroir de l’hôpital. Quand vous ratez ce pan, il y a plein de conséquences qui en découlent. C’est vrai que par le passé, on a pris un spécialiste pour gérer un service. Je voudrais rappeler que ceci est révolu. Récemment l’autorité de régulation du secteur de la santé a été mise en place. Elle est là pour réguler, pour nous faire respecter les normes. Si l’hôpital A n’a pas les normes et que l’hôpital B aussi n’a pas les normes, si en les mettant ensemble, cela peut permettre de respecter les normes ou au moins de tendre vers les normes, il faudra bien le faire. Cela ne peut que contribuer au bien-être de nos populations », a-t-il justifié.
Cette fusion paraît maladroite au regard de la genèse de l’arrivée de l’Hia parce qu’il laisse penser qu’un vide est créé au niveau de l’Armée « Dans tous les Etats, pour des raisons sécuritaires, de discipline, de puissance, il y a toujours eu des Hôpitaux d’instruction des armées. Il faut dire que le corps de la santé est assujetti à l’obligation de secret médical, le corps de l’Armée en dehors du secret médical pour le personnel était déjà de par sa position, assujetti au secret-défense. Donc, tout cela mis ensemble faisait dans beaucoup de pays, des Hôpitaux d’instruction des armées, un hôpital de grande référence, qui offre plus de sécurité, un hôpital où on peut mieux gérer un certain nombre de situation. C’est dans cet esprit que l’Hia est né au Bénin », a-t-il raconté avant de préciser : « L’Hia dans sa structuration n’est pas seulement pour offrir des soins au personnel de l’Armée. C’est pour offrir des soins à toute la population y compris le personnel de l’Armée et leur famille. Aujourd’hui, en fusionnant, on règle une question de l’heure qui est de mettre en place un espace pour offrir des soins de qualité. Certains pourraient penser qu’on est en train de déshabiller Paul pour habiller Jacques. Cela n’est pas du tout dans ce sens. C’est mutualiser toutes les compétences pour pouvoir répondre aux aspirations de notre population. Il faut noter que nous avons une population qui devient à raison de plus en plus exigeante et nous devons tenir compte de nos ressources et offrir les services qu’il faut».
Une nécessité de moderniser techniquement le Cnhu avec plus d’économie
« …….Le gouvernement met énormément de moyens en place pour équiper les hôpitaux, pas seulement le Cnhu mais tous les hôpitaux du pays. C’est un processus qui est en place et je crois que dans les mois à venir, cela va commencer par être visible. Il y a d’abord un problème d’espace. Le Cnhu a été construit depuis plus de 30 ans. Cela ne peut plus répondre à nos besoins d’aujourd’hui. Vous n’êtes pas sans savoir que le plus souvent nous avons une difficulté au service des urgences du Cnhu. L’urgence normalement se traite dans les 24 heures. Après cette urgence, le malade doit, soit, rentrer chez lui, soit atterrir dans un service d’hospitalisation. Mais nos services sont pavillonnaires au Cnhu. C’est d’abord un service de médecine et il y a aujourd’hui plein de spécialités. Quand vous prenez le pôle de chirurgie et spécialités chirurgicales, vous avez au moins huit cliniques universitaires. Quand vous prenez le pôle de médecine et spécialités médicales, vous avez au moins 7 cliniques universitaires. Chaque clinique universitaire n’a pas assez de place. Et aujourd’hui, quand le malade atterrit au niveau du service des urgences, il séjourne plus qu’il n’en faut. Il est capable de faire deux semaines, hors sa durée c’est au plus 24 heures dans ce service parce qu’il n’y a pas assez de lits. Hors en fusionnant, nous avons un espace plus grand donc une meilleure disponibilité de lits. Donc, ce n’est pas une question d’équipements, c’est d’abord une question infrastructurelle, une question d’espace de soins et également pour utiliser de façon efficace les compétences. Parfois, vous avez d’autres spécialistes qui sont dans tel ou tel hôpital et parce que le fait que leur plateau technique n’est pas développé, ils ne sont pas utilisés correctement. Je ne vais pas dire qu’ils s’ennuient, mais ils ne sont pas utilisés à la hauteur de leurs compétences. Aujourd’hui, en fusionnant on veut permettre aux praticiens d’exercer leur art dans de meilleures conditions et d’offrir des soins de qualité à nos populations ».
(Suite dans la prochaine parution)
Bienvenue Agbassagan
Journaliste : Avec toutes les infrastructures prévues dans le cadre du Pag à Togbin, à Abomey-Calavi avec le Chur, est-ce que cette fusion était vraiment opportune ?
Ange Dodji Dossou : Tout à l’heure, j’évoquais la mise en place de l’Ars. Et l’une de ses missions principales c’est la carte sanitaire. Que faut-il comprendre par-là ? Les infrastructures sanitaires ne peuvent plus se développer au hasard. Il faut une certaine cartographie dans leur développement et également un certain palier dans les soins. Et tout cela c’est la carte sanitaire qui permet de le définir. Et chaque hôpital qui est construit, c’est pour répondre à un objectif. L’hôpital de référence de Calavi, ce n’est pas tout individu qui ira dans cet hôpital. C’est un niveau de référence. C’est un hôpital au moins de niveau 3 et qui prend surtout en compte les soins pour lesquels l’Etat était obligé d’évacuer des patients et ceci à des couts très onéreux. Voilà l’objectif principal auquel doit répondre l’hôpital de Calavi. L’hôpital de Togbin est un hôpital général comme le Cnhu et à Cotonou on aura également un hôpital de la mère et de l’enfant de niveau 3 également. Ces hôpitaux vont également permettre d’offrir un meilleur espace de soins. Mais votre question est de savoir si on ne devrait pas attendre que ces hôpitaux soient construits d’abord. Togbin va être probablement fonctionnel dans 3 ans ou au maximum 4. Pour cela, nous faudra-t-il croiser les bras et attendre alors que nous avons la possibilité d’offrir une meilleure qualité de soins aux patients juste en mettant côte à côte deux hôpitaux ? Et en matière de fusion d’hôpital, c’est aussi pour une meilleure gestion. Nous ne sommes pas les premiers. Même en Europe aujourd’hui, les hôpitaux fusionnent ou sont dans un même groupement dans l’acquisition des équipements ou dans l’achat des intrants. Aujourd’hui, chaque hôpital va sur le marché pour aller acheter ses équipements ou ses intrants mais quand cela se fait dans un groupement cela revient moins cher. N’oubliez pas que chaque hôpital aujourd’hui est obligé d’avoir son administration. Mais quand nous avons une administration commune, cela réduit quelque part les charges. En les mettant ensemble, on verra qu’il y a plus d’efficience, il y aura de meilleurs résultats et c’est la population qui en bénéficiera.
Source : lematinal.bj