Encore 72 heures et l’année 2022 sera définitivement conjuguée au passé Au plan sécuritaire, elle a été marquée par la menace et les attaques terroristes au Nord Bénin, la conjugaison des efforts avec des pays amis pour lutter contre le phénomène, la guerre contre le grand banditisme et la dotation des Forces de défense et de sécurité de moyens roulants pour assurer convenablement leur mission.
Le dispositif sécuritaire du Bénin a été mis à rude épreuve par les terroristes au cours de l’année 2022. Infiltrés dans les parcs nationaux de la Pendjari et W dans le nord du pays en décembre 2021, les terroristes ont été sérieusement traqués tout au long de l’année 2022 par les Forces de défense et de sécurité béninoises, qui ont tenté à plusieurs reprises, de contenir la poussée des hors-la-loi en provenance du Burkina Faso et du Niger. Au total, le pays a connu une vingtaine d’attaques terroristes au cours desquelles les assaillants ont pris d’assaut plusieurs villes du nord du pays, notamment Malanville, Karimama, Matéri, y compris les parcs nationaux de la Pendjari et W. A ces diverses occasions, des commissariats, des postes de douane, des écoles, ont été incendiés par les terroristes qui ont enlevé et même exécuté des civils et des militaires. Face à cette situation, des contingents des Forces de défense et de sécurité ont été détachés dans les zones attaquées, en leur rappelant que la lutte contre le terrorisme est un défi permanent contre lequel le courage, l’abnégation et la résilience sont les plus grands déterminants. Pour rappel, le Bénin a connu ses premières attaques meurtrières dans le nord du pays dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2021, où deux soldats ont péri dans une zone frontière avec le Burkina Faso, où sévissent des groupes terroristes. Les militaires béninois ont éliminé plusieurs dizaines d’entre eux et ont récupéré d’importants matériels de guerre, de communication et d’acquisition.
Une riposte qui a payé
N’eût été la détermination des Forces de défense et de sécurité qui sont résolues à enrayer le terrorisme sous toutes ses formes, le Bénin serait transformé en une base des terroristes. Heureusement que les Fds veillent au grain et n’entendent pour rien au monde céder une portion du territoire national. « Au cours de l’année 2022, nos Forces de défense et de sécurité ont été plusieurs fois sollicitées par des velléités djihadistes. Si elles ont connu des pertes (…) dont je salue une fois encore ici la mémoire, elles ont surtout opposé la riposte nécessaire pour faire des dégâts massifs dans les rangs de l’ennemi, traduisant ainsi leur bravoure et leur engagement patriotique », a fièrement reconnu le président Patrice Talon, dans son message à la Nation, le 8 décembre 2022 devant la Représentation nationale. Pour réaliser les exploits à leur actif, les Fds ont bénéficié de l’attention soutenue du gouvernement. « Mais comme vous le savez, elles ont bénéficié pour tout cela de l’attention soutenue du gouvernement, qui met les moyens d’action appropriés à leur disposition et renforce les effectifs de manière remarquable », a ajouté le numéro 1 Béninois, précisant que son gouvernement a recruté, entre 2021 et 2022, 1 800 policiers et 2 000 militaires, acquis des équipements modernes et adaptés au contexte, puis entrepris un maillage territorial des casernes ainsi que l’adaptation de leur taille et de leurs moyens à la menace. Egalement, a-t-il poursuivi, « nous avons lancé cette année, la construction de plusieurs dizaines de positions avancées fortifiées, et de dix bases opérationnelles avancées, qui sont des casernes de tailles moyennes. Nous avons aussi engagé la réalisation de travaux de fortification sur plusieurs sites militaires dans tout le pays. Le tout, équipements compris, pour un montant global de 80 milliards de francs Cfa ». En plus de ces actions visant à offrir des conditions de travail adéquates aux soldats béninois dans cette lutte contre le terrorisme, le gouvernement a fait adopter en juin 2022 par le Parlement un projet de loi proposant un régime de prise en charge et de protection des personnes victimes en missions commandées. « Le projet de loi vise à créer le cadre légal adapté pour la protection et la prise en charge efficace des personnes ayant subi des préjudices au cours des missions de maintien d’ordre, de sauvetage ou de défense de l’intégrité territoriale, de même que lors de missions extérieures exécutées dans le cadre des accords bilatéraux ou multilatéraux », selon une note explicative du gouvernement. Il crée un mécanisme de paiement d’un capital décès aux ayants-droit des personnes visées et une prise en charge des enfants mineurs jusqu’à l’âge de 21 ans, à travers un soutien matériel, financier et moral de l’Etat sous forme de subventions d’entretien, d’études et une assurance médicale gratuite ou prise en charge par l’Etat.
La France aux côtés du Bénin pour contenir le terrorisme
Le terrorisme doit être combattu sous toutes ses formes. Pour y arriver, le Bénin et la France à travers leur président respectif, se sont donné la main. « Le terrorisme doit être combattu. Les présidents Patrice Talon du Bénin et Emmanuel Macron de la France sont résolument engagés à travailler ensemble en faveur du renforcement des équipements des Forces armées béninoises ». C’est la déclaration faite le vendredi 25 novembre 2022 par l’ambassadeur de la France près le Bénin, Marc Vizy, à l’occasion de la remise d’une vingtaine de véhicules de type Pick-up militarisé Masstech à l’Armée béninoise. Cette action de la France envers le Bénin selon le patron de la diplomatie française au Bénin, vient révéler l’excellence de la coopération bilatérale et du partenariat de défense et de sécurité entre les deux Etats. L’acte vient renforcer le parc automobile de l’Armée béninoise et constitue pour les Fab, un véritable coup de main pour ses activités opérationnelles, surtout en cette période de menace terroriste où le Bénin consacre des efforts matériels et humains considérables. En effet, la lutte contre l’avancée du terrorisme du Sahel vers les pays côtiers, ceux du Golfe de Guinée dont le Bénin reste un véritable défi pour ces Etats africains qui ne peuvent y faire face seuls. C’est pourquoi le Chef d’Etat-major général de l’armée béninoise, le Général de Brigade Fructueux Gbaguidi approuve à sa juste valeur l’idée de conjuguer les efforts entre les pays au destin commun, notamment ceux qui partagent une proximité géographique et qui sont touchés par le terrorisme. « Une coopération entre Etats est plus que jamais de mise pour vaincre le terrorisme », pense le patron des Armées au Bénin. La France n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Elle participe à la lutte contre l’extrémisme violent et les groupes armées et continuera d’apporter son appui à « ses partenaires qui travaillent à la paix et à la sécurité des populations amies sur tous les plans », a rassuré Marc Vizy. Très prochainement, elle mettra à la disposition des Forces armées béninoises, des véhicules blindés avec équipements. La remise de ces matériels roulants s’inscrit dans un plan important de livraison de matériels de transmission, de moyens de déminage et autres.
Le Rwanda, un nouvel allié
Avec la recrudescence des attaques terroristes dans le nord du Bénin depuis fin 2021, le gouvernement a envisagé de nouveaux partenaires capables de l’aider dans la lutte implacable contre le terrorisme. Dans ce cadre, l’Exécutif a engagé des discussions avec le Rwanda pour qu’il lui fournisse un soutien logistique et une expertise dans sa lutte contre les groupes terroristes actifs dans le nord du pays, a annoncé le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, le vendredi 9 septembre 2022. « Comme avec le Niger et le Burkina Faso, nous discutons avec le Rwanda pour l’appui logistique et la fourniture d’une expertise », a-t-il déclaré, évoquant la signature d’un accord à ce sujet prochainement. « Mais l’accord à venir ne prévoit pas de déploiement au sol de troupes rwandaises », a cependant précisé le secrétaire général adjoint du gouvernement. Ces mises au point sont intervenues après la publication d’un article faisant état de « Négociations secrètes avancées entre Kigali et Cotonou pour le déploiement de plusieurs centaines de soldats rwandais dans le nord du Bénin ». Dans un communiqué du ministère rwandais de la Défense, le chef d’état-major des forces armées béninoises, le général Fructueux Gbaguidi, s’est rendu en juillet dernier au Rwanda pour des entretiens bilatéraux visant à approfondir les relations existantes entre les deux armées. Pour rappel, l’Armée rwandaise est réputée dans la lutte contre les groupes extrémistes. En 2021, environ un millier de soldats rwandais ont été envoyés au nord du Mozambique pour lutter contre une insurrection islamiste, suite à la signature d’un accord de coopération sécuritaire entre Maputo et Kigali. Ces troupes ont fait preuve d’une bonne efficacité, selon des sources concordantes.
Des malfrats neutralisés, la vidéoprotection annoncée
En 2022, le Bénin n’a pas seulement lutté contre le terrorisme. Les efforts ont été également concentrés sur le combat contre le grand banditisme. Ils se sont soldés dans plusieurs villes dont Cotonou et Abomey-Calavi par la neutralisation de plusieurs hors-la-loi qui perturbent la quiétude des populations. En plus de ces efforts, le gouvernement a décidé de renforcer la sécurité publique en installant la vidéoprotection dans les lieux publics pour la sécurité des personnes et des biens. Cette mesure de sécurité publique a été prise à l’issue du Conseil des ministres du mercredi 16 février 2022. A travers cette décision, il s’agit de la collecte et du traitement des données par des systèmes de vidéoprotection. Ceci, à travers la prévention, la recherche, la constatation, la poursuite des infractions pénales, l’exécution des condamnations pénales ou des mesures de sûreté. Le champ de vision desdits systèmes de vidéoprotection ne couvrira pas les lieux privés, a informé le compte rendu du conclave gouvernemental. « Le gouvernement a donc requis l’avis favorable de l’Autorité de protection des données à caractère personnel avant l’adoption du présent décret aux termes duquel, le champ de vision des systèmes de vidéoprotection ne couvre en aucun cas les lieux privés. Ainsi, il s’applique aux systèmes de vidéoprotection entendu comme tout dispositif technologique de capture, de stockage et de traitement d’images, installé sur la voie publique, les lieux publics, les lieux ouverts au public, dans les infrastructures, installations et édifices publics, pour le compte de l’Etat, d’une collectivité locale, d’un établissement public ou d’une personne morale de droit privé gérant un service public », a indiqué le compte rendu.
Serge Adanlao