C’est historique ! Après plus d’un siècle, le Bénin récupère une partie de ses œuvres culturelles volées par le colon. Au total, 26 œuvres sont revenues sur leurs terres d’origine. Mais au-delà de l’euphorie suscitée par leur cession, c’est carrément un autre défi que le pays se doit de relever. Il s’agit en l’occurrence de celui relatif à la conservation. En effet, si ces trésors sont restés intacts – sans altération aucune – durant tout leur séjour en France, c’est parce qu’ils ont bénéficié d’une attention particulière sur cette terre d’accueil. Et ils ont dû s’adapter aux conditions climatiques glaciales caractéristiques des pays européens. Ainsi, une fois de retour sur la terre qui a permis leur réalisation matérielle, ils doivent observer une sorte d’acclimatation et être conservés dans un lieu sûr. Nul n’ignore que le Bénin est un pays tropical caractérisé par une forte chaleur et l’harmattan. Il est donc évident que ce climat pourrait être un facteur impactant sur leur dégradation rapide sur-place. C’est donc tenant compte de cela que le Gouvernement du Bénin qui est dans l’anticipation permanente, a fait des investissements de plus d’un milliard d’euro pour la rénovation et la construction d’infrastructures muséales, culturelles et touristiques répondant aux normes et standards internationaux. Dans cette veine, le Fort portugais de Ouidah est complètement réhabilité pour accueillir en exposition temporaire les 26 objets d’art restitués dès leur retour au Bénin. Il y a aussi quatre chantiers de construction de musée à savoir le musée international de la mémoire et de l’esclavage, le musée de l’épopée des amazones et des rois du Danxomè, le musée vodoun à Porto-Novo et le musée des arts contemporains. Le renforcement des capacités des professionnels du patrimoine culturel a été aussi pris en compte afin de garantir la bonne conservation des biens restitués et au-delà de l’ensemble du patrimoine culturel béninois qui fait actuellement l’objet d’un inventaire intégral. En outre, le Bénin s’est doté le 14 octobre dernier d’une nouvelle loi portant protection du patrimoine culturel qui actualise et enrichit le cadre juridique de protection et de valorisation des biens culturels sur toute l’étendue du territoire national. En perspective, un décret sera pris le jour de l’arrivée de ces trésors royaux pour les intégrer immédiatement dans le patrimoine national.
Joël Samson Bossou