Dans la matinée du mercredi 08 novembre 2023, le Tribunal de première instance de deuxième classe de Lokossa, statuant en matière criminelle a connu le quatorzième dossier inscrit au rôle de ladite session. Ce dossier a trait à un fait de pratique de charlatanisme. Les faits se sont produits en 2015 dans le département du Couffo.
En effet, l’accusé a été sollicité par sa belle-mère pour désenvoûter sa fille gravement malade. Pour réussir l’opération, le prévenu a sollicité l’aide d’un ami qui est allé procéder à des sacrifices. Pour conjurer définitivement le sort et protéger la famille, l’accusé et son ami de concert avec la belle-mère, ont enfoui des gris-gris dans la maison.
Quelques temps après, le beau-père, l’une de ses épouses et un autre membre de la famille sont décédés. L’accusé est allé voir son beau-frère pour lui révéler comment il a enfoui des gris-gris dans la maison avec le consentement de sa marâtre.
Le beau-frère établit rapidement le lien entre l’enfouissement des gris-gris et le décès de ses parents. Il va donc voir le Chef du village et ensemble, ils sont partis déterrer les gris-gris qui seraient à l’origine des morts dans la famille. Le gendre est arrêté et déposé en prison. Lors de l’enquête préliminaire, il a reconnu les faits mais le mercredi 8 novembre 2023 à la barre, il a clarifié que les gris-gris enterrés ne sont pas de nature à tuer ses beaux-parents.
Le ministère public représenté par le magistrat Paul Babatoundé a fait observer au Tribunal que c’est suite à l’enterrement des gris-gris que des décès ont été enregistrés. Il s’est également basé sur l’enquête de moralité de l’accusé qui lui est très défavorable pour requérir une peine de 20 ans de réclusion criminelle contre le mis en cause pour pratiques de charlatanisme.
L’avocat de l’accusé, Me Boris Glèlè, va pour sa part, démontrer que l’enterrement des gris-gris n’a rien à avoir avec les décès intervenus dans la famille. Pour lui, il était question pour son client de protéger sa belle-mère qui a sollicité son aide et par ricochet, toute la famille.
Le Tribunal présidé par Ignace Adigbli ne suivra pas entièrement les réquisitions du ministère public. Il a condamné le prévenu à 10 ans de réclusion criminelle. En détention depuis près de 09 ans, il retourne en prison pour purger le reste de sa peine. Rappelons que le président du Tribunal Ignace Adigbli était entouré des assesseurs Sabi Gnago, Onésime Mohamed Assani, Anselme Nouwakpo et à la plume Angelo Koutègnon.
Jean-Eudes Chicha
(Br Mono-Couffo)