Le Parti du renouveau démocratique (Prd) s’apprête à convoler en juste noces avec le plus grand parti du Bénin, Union progressiste qui lui a déclaré son amour pour mieux faire face aux contingences politiques actuelles. Si cette union pourrait être bénéfique au vieux parti politique aux fins de garantir sa remontada annoncée, son histoire politique dans ces genres de contrats ne milite pas en sa faveur. Il est connu pour son divorce ou sa séparation au cours des fiançailles.
Faut-il en rire ou faut-il saluer la décision nouvelle du Parti du renouveau démocratique? Le mariage en téléchargement entre l’Union progressiste (Up) et le Parti du renouveau démocratique (Prd) sous un vocable sybillin de prétendue coproduction d’offre politique, donne des sentiments divers dont la plupart projettent le Prd dans les précipices d’un parti au destin politique comique et ridicule. Infidèle dans les unions parce que tenant espérance à préserver son identité, la plus grosse interrogation pertinente est de savoir si le divorce ne parviendra pas sous peu ? Réduit à peau de chagrin du fait des décisions hasardeuses et des positions de soutien étonnantes; mais justifiées avec emphase par ses leaders ; orienté vers la satisfaction de son intérêt, le plus ancien des partis politique au Bénin est en train de sortir une nouvelle carte qui laisse interroger sur sa disparition ou non. A l’épicentre de la vie de ce parti, l’omniprésent politique Me Adrien Houngbédji, acteur incontournable du très complexe (et très mouvant) échiquier béninois, est aujourd’hui face un autre défi produit par l’esprit conservatiste qui règne sur son choyé Prd. En effet, après les déboires du parti aux élections présidentielles de 1996, 2001 et 2006, les Tchoco-Tchoco ont vite compris que sans une forte alliance Sud-Sud ( pour garantir 60 % de l’électorat), sa grâce des chances de faire élire Adrien Hougbédji en 2011 en qualité de président de la République du Bénin (derrière élection à laquelle il pourra participer, la limite d’âge étant de 70 ans) restera une rêve utopique. Habilement, il s’offre le boulevard du rassemblement des partis l’opposition dernière un candidat unique. Ainsi, en un laps de temps, le parti réussit sous l’égide d’un certain Bruno Amoussou, à intégrer la fédération des partis et des hommes politiques, même les plus antagonistes du moment dans une coalition appelée ‘’Union fait la nation’’ à la veille des municipales de 2008. Pour asseoir ce rassemblement, un principe de rotation a fait l’objet d’accord verbal. Selon les termes, Me Adrien Houngbédji sera le candidat pour l’élection de mars 2011 ; et Léhady Soglo, 50 ans, lui succédera pour celle de 2016. A l’époque, les négociations pour parvenir à cet accord gagnant-gagnant ont été très compliquées. L’une des erreurs de formes est qu’aucun écrit ne garantissait la promesse faite à Léhady Soglo. Selon le président des Tchoco-Tchoco, rien n’est écrit certes, mais les promesses ont été dites publiquement, ce qui a valeur d’engagement . « Si Léhady remplit les conditions, s’il se montre rassembleur, ce sera lui, c’est évident », a-t-il déclaré avant d’écarter toute idée de faire modifier la Constitution afin de pouvoir rempiler dans cinq ans : « Pour qui me prenez-vous ? Personne ne changera notre Constitution », a rapporté Jeune Afrique.
L’échec de Houngbédji emporte l’Union fait la nation
L’échec cuisant de Adrien Houngbédji à la Présidentielle de mars 2011 a étalé au grand jour, la carence et la faiblesse de l’Union fait la nation qui avait donné l’espoir d’un retour glorieux à la normale et la conquête du pouvoir. Victime de cet échec, l’Union chavire et les deux plus grosses cylindrées que sont le Prd et la Rb ont quitté la barque. Il ne resta que pour la plupart des partis au menu fretin. Les élections législatives de 2015 ont donné la preuve que l’Un est réellement au bord du gouffre. La coalition a obtenu 12 députés contre les 30 en 2011. C’est une baisse de pourcentage de plus de 50%. Aussi, des 13 députés, plusieurs comme Candide Azannai, Claudine Prudencio et Joseph Djogbénou, ont juste bénéficié de l’opportunité de l’Un pour se retrouver à l’Assemblée nationale. Pour faire un bilan adéquat, les députés véritables de l’Un avoisinent 8 ou 9.
La réforme du système partisan et la résilience inutile du Prd
On en était là, quand la réforme du système partisan est venu avec la lourde question de grand ensemble et de 10%. C’était l’heure de finir avec l’esprit individualiste et paternaliste des partis politiques au Bénin. Dans ce contexte, le Prd devra ajuster ses voiles plutôt que d’espérer un changement de la tempête. Au départ, des tractations avec le Bloc républicain en pleine création ont commencé. Mais la fétichisation du logo ‘’Arc-en-ciel ‘’ a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le Prd a suspendu les négociations. Au congrès constitutif du Bloc républicain dans la cité des Kobourou le samedi 08 décembre 2018, le représentant du Parti du renouveau démocratique (Prd), le Secrétaire général, Falilou Akadiri tout en saluant la naissance du Bloc républicain a fait savoir que le Prd aurait pu être une des composantes de ce grand regroupement politique mais les circonstances ne l’ont pas permis. « Mais les circonstances ne sont pas immuables ; elles évoluent. Donnons du temps au temps. Rien ne sert de courir en effet, il faut partir à point. Un jour viendra ! », a-t-il laissé entendre avant d’ajouter : « Ce jour-là, pour paraphraser Ondine Khayat, nous aurons vidé nos cœurs comme on vide un grenier. Nous aurons jeté les vieilles querelles qui l’encombrent encore, les tristesses qui prennent trop de place. Nous aurons teint nos cœurs de couleurs vives, quand les années les auront terni ». La résistance du Prd d’adhérer aux contingences de la réforme lui a couté le départ de certains députés, maires, conseillers sans oublier des bras financiers dont Mathurin de Chacus, Kader Gbadamassi, Augustin Ahouanvoébla, Jean-Claude Houssou, le feu député Edmond Zinsou et autres.
A quoi s’attendre pour le prochain mariage ?
Le Prd ébranlé par ce tsunami, le président Adrien Houngbédji a multiplié les concertations et a procédé à la restructuration du parti en donnant la main à la jeunesse sans quitter la tête. Ainsi, depuis que le parti est entré dans les bonnes grâces du président Talon, les militants ne font que chanter la remontada pour les Législatives de 2023. Pour plusieurs observateurs de la vie politique, ce rêve est surréaliste et il faut une fusion pour y aboutir. Une option que les membres de ce parti ne veulent entendre sous aucun prétexte. D’ailleurs à Avrankou en 2018, Adrien Houngbédji l’a dit en goun : «Nous sommes des gens intelligents. Nous ne sommes pas bêtes. Comment est-ce que nous allons souffrir 30 ans durant, affrontant monts et vallées, avec tous les sacrifices financiers et matériels. Et on vient nous dire de laisser dissoudre notre parti? De le faire disparaitre ? Non! Mes chers amis. Notre Parti ne pourra ni dissoudre, ni disparaître». A la rencontre du samedi 06 août 2022 à Porto-Novo, le président de l’Union progressiste Joseph Djogbénou, disait : « Je sais que le Prd pour ses militants est un fétiche, c’est une religion. Mais pour marcher ensemble, il faut mourir un peu à soi-même. C’est nous qui avons fait la démarche vers le Prd pour demander cette union qui sera bienfaitrice pour nous tous. Nous vous attendons avec une rose sur le perron de l’église. Écoutez notre cri de cœur pour qu’on puisse écrire l’histoire politique de notre pays pour la décennie à venir. » « …Nous ferons en sorte que ses acquis soient préservés. Si vous le voulez bien, le Prd et l’Up vont être les coproducteurs et les coréalisateurs de l’ordre politique du pays. Je me porte garant de cet accord afin que nous grandissons ensemble… » . A ces propos, il faut ajouter les articles 90 et 91 des dispositions des statuts du Prd adoptés au dernier congrès du 19/12/21 relatives à la fusion ou au regroupement pour se faire une idée de ce qui pourrait plus tard se passer. « Le Prd peut participer à des regroupements ou à des fusions avec d’autres partis politiques. Ces regroupements et fusions doivent faire l’objet d’un protocole d’accord écrit qui délimite les attributions concédées. Les décisions de regroupement et fusion ne sont effectives qu’après validation par le Conseil national. Elles doivent, préalablement au Conseil national, être largement diffusées à l’interne comme à l’externe, par tous les moyens de communication », dispose l’article 90: « Les décisions de regroupement et de fusion ne peuvent pas entraîner la dissolution du Prd, lequel conserve ses attributs, son patrimoine et son autonomie organisationnelle et fonctionnelle, excepté ceux concédés. Il peut constituer un courant à l’intérieur de la nouvelle formation », dispose l’article 91. Tout ceci mis dans un agrégat, il ne faut pas se targuer de sage et d’audacieux qui se rencontrent, c’est une question de perdre son égoïsme pour survivre. Wait and see donc !
Bienvenue Agbassagan