Depuis quelques années, la consommation des articles de l’artisanat fabriqués avec les matériaux locaux connaît une hausse dans la plupart des pays africains. C’est le cas au Burkina Faso où Carole Sanhouidi, créatrice de mode et directrice de l’entreprise Femfaso, fabrique des sacs et autres gadgets à base du Danfani. Dans un entretien qu’elle nous a accordé, elle revient sur ses réelles motivations à s’engager dans ce domaine. Lisez.
Le Matinal : Tout en nous rappelant votre bref parcours, parlez-nous de comment est née cette envie de vous lancer dans ce secteur ?
Carole Sanhouidi : Je suis titulaire d’une maîtrise en Economie, gestion et organisation des entreprises à l’Université de Ouagadougou et d’un Dess en Audit et contrôle de gestion au Cesag Dakar. Après ce parcours universitaire, je me suis engagée dans l’entreprenariat notamment dans le domaine des industries culturelles et créatives, ce qui a conduit en 2014, à la création de Femfaso, une entreprise spécialisée dans la valorisation du textile artisanal à travers la confection des accessoires de mode, des gadgets pour entreprise et lingerie. Depuis toute petite, j’étais passionnée d’art, mais il fallait d’abord se focaliser sur les études. C’est ainsi qu’après mes études d’audit, j’ai opté pour le choix de l’artisanat, car c’est ce que j’aime et c’est ce qui m’épanouit.
Pensez-vous que l’artisanat peut nourrir son homme et quel est votre ressentiment après avoir choisi ce domaine d’activités au détriment d’un bureau ?
Oui l’artisanat nourrit son homme. Je vis actuellement des revenus procurés par Femfaso. Cela a permis de créer cinq emplois permanents et une dizaine d’emplois non permanents.
Depuis quand exercez-vous ce métier et quelles sont vos spécialités ?
J’exerce le métier de façon plus professionnelle depuis 2016. De 2014 à 2016, c’était un tâtonnement et plusieurs échecs. Nous travaillons principalement sur la maroquinerie à travers la confection des sacs. Femfaso, ce sont les accessoires de mode, les gadgets pour entreprise et la décoration intérieure. Nous faisons aussi des formations en accessoire de mode.
Quels sont les matériaux que vous utilisez dans la fabrication de vos sacs et autres objets et quelles sont les différentes étapes de la production ?
Nous utilisons principalement le pagne tissé local communément appelé « Faso Danfani », le cuir local, le « koko dunda » et d’autres matériaux recyclés comme le bronze et les cornes de bœuf. Pour la production, il faut d’abord faire la maquette du produit à fabriquer, déterminer les matériaux utilisés, les rassembler pour ensuite lancer la production à l’atelier où le produit doit passer plusieurs tests avant d’être mis sur le marché.
Est-il possible de commander des articles personnalisés chez vous ? Si oui, quelle est la durée que cela peut prendre pour la livraison ?
Oui, c’est possible d’en commander, car en plus de nos productions habituelles pour la vente, nous faisons des commandes personnalisées pour des clients. La durée est en fonction du type de produit demandé et le programme de l’atelier.
En Afrique, le secteur de l’artisanat est confronté à d’énormes difficultés. Parlez-nous de celles que vous rencontrez dans l’exercice de ce métier ?
Les difficultés n’en finissent pas. Nous manquons de matériels pointus pour la production et sommes confrontés à des difficultés de promotion à l’international. Il y a aussi le problème de formation de nos artisans.
Rappelez-nous la fourchette des prix de vente de vos articles ?
Nos prix varient généralement de 500 à 40000 Francs Cfa. Pour les petits bijoux jusqu’aux sacs à mains, les prix varient de 20000 à 35000 Francs Cfa.
Quelle est la relation que vous entretenez avec votre clientèle et de qui elle est majoritairement constituée?
J’entretiens de bonnes relations avec mes clients. J’offre des cadeaux aux plus fidèles. Je fais aussi souvent des offres promotionnelles. Ma clientèle est majoritairement constituée des riches et de la moyenne classe.
Développez-vous une politique de vente ou d’exportation de vos articles à l’international ?
Oui, je participe souvent à des expositions dans la sous-région et en Europe pour la promotion des produits Femfaso. La vente en ligne à travers les réseaux sociaux et notre site e-commerce est en préparation.
Quels sont vos projets à court, moyen et à long terme dans le secteur de l’artisanat ?
A court terme, j’envisage de créer une deuxième boutique Femfaso. Ensuite, j’ai le projet d’agrandir l’atelier de production, de lancer le site e-commerce. A long terme, je voudrais avoir des représentations partout dans la sous-région, en Europe et en Amérique.
Votre mot de fin
J’invite tous les artisans à toujours chercher à se perfectionner et être à l’affût des nouvelles tendances. S’équiper et former son équipe est l’une des clés de succès dans ce secteur.
Propos recueillis par Mohamed Yasser Amoussa (Coll)




















