Les mis en cause dans l’affaire « Coupure d’électricité au Centre hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm) » ont été fixés sur leurs sorts hier, mardi 29 novembre 2022, au terme d’un procès qui aura duré environ un mois et demi. Au regard de la façon dont ce dossier a été géré, on peut, à bon droit, dire que le glas de l’impunité a été sonné dans nos centres hospitaliers.
Terminus, tout le monde descend! Est-on tenté de dire dans ce que d’aucuns qualifient de dossier Cnhu. Les mis en cause savent désormais à quoi s’en tenir suite au verdict du Tribunal. L’opinion publique retient que pour la première fois, le gouvernement a pris à bras le corps un dossier impliquant un centre hospitalier qui depuis plusieurs années est sujet à des critiques relativement au traitement réservé aux patients et autres usagers par les agents de l’Etat qui y travaillent. Le drame du vendredi 7 octobre 2022 où le service de réanimation du Cnhu-Hkm, a enregistré le décès de quatre personnes admises aux soins dans un état de détresse, suite à une coupure d’électricité a visiblement sonné la fin d’une longue ère d’impunité. Ce drame a en effet suscité une indignation populaire. Le géniteur d’une des victimes de la tragédie avait en son temps, au travers d’une vidéo devenue virale sur la toile, décrit les circonstances du décès de sa fille. Le témoignage poignant de Monsieur Adéniyi, père de Lydia qui fait partie des quatre patients emportés par cette hideuse coupure d’électricité, a sensiblement amplifié l’écho autour du malheureux événement qui a endeuillé plusieurs familles. Informé de la situation, le gouvernement a activé les différents corps de contrôle pour faire toute la lumière sur les causes de ces décès et sanctionner au besoin. Dès lors, l’Autorité de régulation du secteur de la santé (Ars) s’est saisie du dossier et s’est même transportée au Cnhu-Hkm pour comprendre les tenants et les aboutissants du dossier. Parallèlement à ces diligences administratives, la justice a été saisie pour situer les responsabilités. C’est ainsi que quatre personnes ont été déposées en prison après une série d’auditions et leur présentation au procureur de la République le vendredi 14 octobre 2022. Il y a au total 25 personnes interpellées par le procureur dans ce sulfureux dossier. Le directeur général de l’hôpital de référence, Dieudonné Gnonlonfoun, a également été écouté, mais aucune charge n’a a été retenue contre lui. A l’arrivée, le chef division électricité du Cnhu et son collaborateur ont été condamnés à deux ans d’emprisonnement ferme et 200 000 FCfa d’amende. Les deux agents de Palutech jusque-là retenus dans les liens de la détention s’en tirent plutôt bien avec une relaxe prononcée à leur bénéfice par le Tribunal.
Siffler la fin de la récréation
La parenthèse du piteux et triste épisode de la coupure d’électricité au Cnhu désormais fermée, une prise de conscience s’impose dans le rang des travailleurs de ce centre hospitalier de référence et ceux des autres centres de santé publics à l’intérieur du pays. On ne saurait dénombrer le nombre de personnes qui ont payé de leur vie, la légèreté et l’inconscience professionnelle de ces agents. Beaucoup continuent de trainer des séquelles liées à un mauvais traitement ou une mauvaise opération par la faute de ces agents qui ont pourtant prêté le serment d’Hippocrate. La détermination affichée par le gouvernement et la justice qui vient de situer les responsabilités dans ce dossier ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. La veille doit être permanente et un dispositif d’alerte et de dénonciation des cas d’incivisme et de légèreté doit être mis en place par l’Ars, pour mettre hors d’état de nuire, les agents de santé indélicats, véritables vendeurs de la mort en errance dans les centres de santé.
Gabin Goubiyi