Les violences restent et demeurent les ennemis d’une société épanouie. La promotion de la masculinité positive et le changement des normes socio-culturelles discriminatoires entre hommes et femmes sont des défis à relever pour changer la donne.
L’égalité des sexes est généralement reconnue comme une condition préalable à la réalisation des objectifs nationaux et internationaux de développement. Le Bénin en a fait une priorité. En effet, la promotion du genre et de l’autonomisation des femmes figure au rang des projets contenus dans le pilier 3 du programme d’action du gouvernement 2021-2026 (Pag-2) « Poursuivre l’amélioration du bien-être sociale des populations ». La masculinité positive se définit comme étant l’ensemble des caractéristiques ou comportements dépourvus des violences basées sur le genre, principalement à l’égard des femmes. Le leadership féminin évoque plus une posture qu’un niveau hiérarchique. Les femmes leaders sont des personnes qui connaissent très bien leur but et mettent tout en œuvre pour l’atteindre sans écraser les autres au passage. Les aspirations à l’occasion de plusieurs célébrations des journées des droits de la femme convergent vers l’affirmation d’un leadership féminin au service du développement. C’est du moins l’idée au cœur des réflexions entrant dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Le leadership féminin s’exerce. Bien l’assumer contribue au développement. Les féministes et autres défenseurs des droits des femmes en conviennent. Au Bénin, les violences basées sur le genre (Vbg) sont exacerbées par des normes de masculinité dominantes dans presque toutes les communes.
Complémentarité
Selon Bernard Comlan, psychologue et consultant en stratégies éducatives, la masculinité positive est un concept qui encourage non seulement le rôle complémentaire de l’homme à la femme dans la gestion des tâches domestiques, mais aussi l’éducation des enfants pour une harmonie conjugale. Il a assuré plus loin que la masculinité positive fait référence à une vision qui voit l’homme de sexe masculin comme quelqu’un qui participe au développement de la société, au développement du genre en contribuant à la protection, à la complémentarité dans les tâches. Il s’agit de l’homme en tant que sexe masculin. Mais quand on parle de la masculinité positive, la femme est aussi concernée dans le sens où elle a ce regard qu’elle doit porter sur l’homme. C’est pourquoi, la masculinité positive à cette dimension de verticale et d’horizontale. Puisque, quand l’homme veut se mettre dans le rôle complémentaire à la femme, certaines femmes sont réticentes à cela, à cause du poids de la culture. Donc, c’est cette dimension de l’horizontale où la femme aussi à cette participation dans la réalisation de ce projet qu’on va appeler << masculinité positive >>, a indiqué l’expert.
D’un autre côté, le Bénin enregistre depuis 2021 une femme au poste de vice-président ; 23,80 % de femmes occupent des portefeuilles ministériels ; 26,61 % sont élues députées à la neuvième législature ; 34 % sont nommées secrétaires exécutives ; 39,9 % sont directrices ou directrices adjointes de cabinet ; 38,8 % sont secrétaires générales de ministères. Le défi pour les femmes et les pouvoirs publics, c’est de maintenir ces pourcentages, à défaut de les améliorer. Beaucoup espèrent que la présidentielle de 2026 permettra à notre pays de les porter davantage au pinacle. Le leadership est une question de possibilité, de capacité et de volonté.
De nouvelles lois pour mieux protéger les béninoises
Le Bénin, dans le souci de respecter ses engagements au plan international après la ratification des instruments internationaux et régionaux, s’est lancé dans un processus de réforme pour apporter une solution aux violences basées sur le genre. Ainsi pour prévenir et lutter efficacement contre ce fléau qui décime une partie de sa population, l’Etat a opté pour la mise en place d’un cadre juridique, la poursuite et la condamnation des auteurs de Vbg, la mise en place de structures de prise en charge des victimes de Vbg et la prise des décrets et d’arrêtés ministériels. Les Vbg sont une violation des droits fondamentaux de la personne humaine. Derrière chaque Vbg se cache presque toujours une infraction pénale. Pour y remédier, la législation applicable est composée de la loi fondamentale, de lois générales, de lois spéciales et de normes régionales et internationales reconnues et acceptées par tous les Etats qui les ont ratifiées lesquels, protègent les femmes contre toutes formes de discriminations basées sur le sexe, dont les Vbg font partie.
On peut citer en autres la loi 90-32 du 11 décembre 1990 portant constitution de la République du Bénin modifiée par la loi n° 2019 – 40 du 07 novembre 2019 portant révision de la Constitution, la loi n° 2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et de la reproduction, la loi n° 2002-07 du 24 aout 2004 portant code des personnes et de la famille, la loi n° 2006 – 19 du 05 septembre 2006 portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes en République du Bénin, la loi n°2011-26 du 09 janvier 2012 portant prévention et répression des violences faites aux femmes et les infractions qu’elle prévoit et sanctionne, la loi n° 2018-14 du 2 juillet 2018 portant modification de la loi n° 2012-15 du 18 mars 2013 portant code de procédure pénale en République du Bénin, la loi n°2015-18 du 08 décembre 2015 portant code de l’enfant en République du Bénin et la loi n° 2017-06 du 29 Septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin, la loi n° 2021-12 du 20 décembre 2021 modifiant et complétant la loi n° 2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et de la reproduction, la loi n° 2021-13 du 20 décembre 2021 modifiant et complétant la loi n° 2002-07 du 24 aout 2004 portant code des personnes et de la famille et la loi n°2021-11 du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et de protection de la femme en République du Bénin.
Sergino Lokossou