Alors que le débat politique au Bénin demeure souvent polarisé, l’ancien président Nicéphore Soglo adopte une démarche singulière : celle de la pédagogie par l’observation. En multipliant les visites des grandes infrastructures réalisées sous le mandat de Patrice Talon, il affiche une posture d’homme d’État soucieux de vérité et de lucidité, au-delà des clivages partisans. Une manière pour lui d’inviter la classe politique à un regard plus objectif sur les transformations en cours.
Depuis plusieurs mois, l’ancien président de la République du Bénin, Nicéphore Soglo, a entrepris une série de visites à travers le pays, visant à constater de visu les grandes réalisations infrastructurelles opérées sous le mandat du président Patrice Talon. Premier chef d’État de l’ère du renouveau démocratique, Nicéphore Soglo a marqué un arrêt symbolique à la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), le 3 septembre 2024. Plus de six mois après cette première descente, l’ancien président a repris ses tournées. Le 26 mars 2025, il s’est rendu à la Cité nouvelle de Ouèdo, puis le 31 mars, au Centre hospitalier international de Calavi (Chic) ainsi qu’au marché de gros d’Akassato. Récemment, le 9 avril 2025, il a visité le chantier de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale à Porto-Novo. Ces déplacements répétés n’ont pas manqué de susciter une vague de réactions au sein de l’opinion publique, alimentant interrogations et spéculations quant à leurs motivations réelles. Interpellé sur la question, le président Soglo s’est voulu transparent et pédagogue : « Le tout n’est pas de se contenter d’entendre. Quand on est un responsable, il faut aller voir la réalité par soi-même sur le terrain. Je veux voir ce qui a été fait dans le pays, de positif. Si quelque chose ne va pas, vous savez que Papa dit toujours la vérité », a-t-il déclaré. Cette déclaration révèle une volonté manifeste de se forger une opinion éclairée et personnelle, affranchie des récits partisans ou des filtres idéologiques. Soglo entend juger sur pièce, en confrontant les discours à la réalité observable.
Une posture d’acteur politique responsable
Bien qu’il n’ait jamais dissimulé ses critiques à l’égard de la gouvernance de Patrice Talon, un homme qu’il dit pourtant avoir activement soutenu lors de son accession au pouvoir en 2016, Nicéphore Soglo semble aujourd’hui opter pour une posture empreinte de responsabilité et de discernement politique.
Les différentes visites, souvent marquées par des expressions d’admiration sincère, traduisent une forme d’assentiment aux réformes et aux projets de développement portés par le régime actuel. Aux yeux de l’ancien président, ces réalisations s’inscrivent dans la continuité du cap qu’il avait lui-même fixé lors de son mandat (1991-1995). « Dans ce pays, j’ai reçu de nombreux surnoms. Certains m’appelaient Hercule, d’autres le maçon. Aujourd’hui, je constate que l’œuvre de modernisation du pays s’est poursuivie… », a-t-il confié avec un brin d’émotion. Cette reconnaissance, loin d’être anodine, traduit une certaine cohérence entre les ambitions passées et les évolutions présentes. Elle constitue également un appel à la lucidité pour une frange de la classe politique qui persiste à minimiser ou à railler systématiquement les avancées réalisées sous l’égide du président Talon. Car si Soglo ne s’est jamais privé de formuler des critiques, parfois acerbes, à l’égard de la gouvernance actuelle, il sait faire la part des choses. Son attitude souligne une capacité rare à dissocier les enjeux de développement de ceux, plus sensibles, liés aux luttes politiques.
Gabin Goubiyi