La prochaine Législature, la 9ème de l’ère du renouveau démocratique au Bénin, va prendre bientôt ses marques, le temps que celle qui est en cours, vide les derniers dossiers ; Les attentes de cette législature sont grandes et les défis, assez nombreux.
Redorer le blason de l’institution parlementaire et lui faire reprendre ses lettres de noblesse restent sans nul doute, les plus grands défis qui attendent le prochain Parlement (9ème législature). En effet, la nouvelle Législature (9ème) succède à un Parlement qui a essuyé des critiques très acerbes en raison notamment de sa composition, mais aussi et surtout du contexte sociopolitique ayant prévalu à son installation. Composée exclusivement des députés issus de deux grands blocs soutenant les actions du chef de l’Etat, la huitième Législature aura en effet été, l’une des moins agitées ou animées en termes de débats parlementaires d’un certain niveau. Pour le politologue P.H., « jamais la désaffection de la population béninoise n’a été aussi prononcée que pour la dernière Législature qui n’a été qu’une caisse de résonnance du pouvoir. Le désintérêt des citoyens vis-à-vis de l’actualité Parlementaire est dû au fait que le débat qui se mène au sein de l’hémicycle est linéaire et décousu ». Pour Eugène Azatassou, membre du parti Les démocrates, la huitième Législature aura été un Parlement de honte, un Parlement illégitime en raison de l’absence de l’opposition qu’il dit avoir été malicieusement écartée des Législatives du 28 avril 2019. Ces tirs croisés contre le Parlement finissant et qui ont été récurrents depuis son installation, appellent à la nécessité d’un remodelage de l’institution qui a perdu un peu de son prestige ces dernières années. Le processus électoral ayant conduit à l’organisation des élections législatives le 8 janvier dernier, semble quelque peu faire renaitre les espoirs aussi bien au niveau de la classe politique qu’au sein de la population. Cette avancée est due à l’adhésion aux réformes politiques en l’occurrence celle du système partisan qui a particulièrement éprouvé une partie de la classe politique. La mésintelligence consécutive à ces réformes a finalement donné lieu à une certaine lucidité qui a permis aux partis réfractaires de se raviser. Cette révision de position a notamment favorisé la participation de trois formations politiques de l’opposition à ce challenge électoral. Le parti de l’opposition radicale Les démocrates est même parvenu à arracher 28 sièges à ce scrutin. Une participation qui, selon nombre d’analystes, a crédibilisé le vote. Pour beaucoup, la présence de ce parti au Parlement constitue une caution morale pour l’institution et augure d’une Législature très animée au sein de laquelle se feront des débats de fond.
Le Parlement attendu pour réintégrer ses missions régaliennes
Au nombre des griefs faits contre la mandature finissante de l’Assemblée nationale, figure son manque d’activisme au niveau du contrôle de l’action gouvernementale. Sur ce chantier, la huitième Législature, aurait failli selon beaucoup d’observateurs. Ces derniers disent n’avoir pas observé la dextérité dont ont fait montre les parlementaires dans le vote des lois, au niveau du second levier de leur mission. Du coup, celle qui sera investie le 12 février prochain est attendue pour corriger le tir et faire réintégrer à l’institution, ce pan important de sa mission. Aussi, est-il attendu du Parlement des débats riches et bien nourris autour des lois votées. Beaucoup ont en effet fustigé le caractère mécanique des lois votées sous la précédente mandature. Une pression législative qui a favorisé le vote de lois taxées à tort ou à raison, de chrysogènes. Au nombre des défis assignés au Parlement de transition (9ème législature) qui sera installé dès le 12 février prochain, figure le vœu d’une frange de la population de voir relire certaines lois qui ne font pas l’unanimité au sein de l’opinion. Sur ce volet précis, l’opposition est attendue pour jouer son rôle de rempart et de veille pour susciter le débat. La minorité parlementaire est également au cœur des espoirs en vue de la décrispation de la situation politique. Sur ce registre, beaucoup attendent qu’elle fasse bouger les lignes pour obtenir le retour des personnalités en exil ainsi que des citoyens qualifiés de « prisonniers politiques ». Enfin, la gent féminine qui pour la première fois, est massivement représentée au Parlement avec 28 députées, est attendue pour ne pas décevoir les espoirs.
Gabin Goubiyi