Le dossier « arrestation de Steve Amoussou » considéré comme Frère Hounvi était au coeur de l’émission spéciale « Question d’actualité » coanimée par Donklam Abalo de Eden Tv et William Aguiar de la Srtb, le dimanche 8 septembre 2024. Du mandat d’arrêt émis par la justice togolaise contre les ravisseurs à l’identité de Frère Hounvi en passant par la disculpation du directeur général du Centre national des investigations numériques (Cnin), Ouanilo Médégan Fagla, rien n’a été occulté par le porte-parole du gouvernement. Pour Wilfried Léandre Houngbédji, au regard du tort créé par le Frère Hounvi aux uns et aux autres et au Bénin à travers ses chroniques, « un jour ou l’autre, il devra en répondre ». Lire des extraits de ses propos au cours l’émission.
Journaliste: Un mandat d’arrêt international a été délivré contre les personnes impliquées dans l’arrestation de Steve Amoussou par la justice togolaise. On ne s’attend pas visiblement à ce que le Bénin exécute ce mandat international vu la tournure du procès d’il y a quelques jours.
Wilfried Houngbédji: Le Bénin vient de faire un procès aux personnes mises en cause. Celles qui ont été reconnues coupables ont été condamnées, ai-je noté, à des peines de prison ferme et à des amendes. C’est une preuve éloquente de ce que la justice de notre pays a fait son travail sans parti pris et sans compromission. Si un Etat tiers délivre des mandats d’arrêt et qu’il veut les voir exécuter, il prendra sans doute les mesures pour les faire exécuter et en ce moment-là, en temps et en heure, les décisions qui seront prises, seront prises.
La justice a disculpé le Dg Cnin, Ouanilo Médgan Fagla
La victime elle même a dit, j’ai reconnu tel et tel.
Ceux qui ont été reconnus n’étaient pas cagoulés!
L’intéressé a ajouté: Je ne peux pas vous dire que j’ai vu Monsieur Ouanilo Médégan Fagla, lequel a comparu devant la justice béninoise en étant inculpé au départ. Comme son nom a été cité au Togo, il a comparu comme inculpé au même titre que les autres. Quelle autre démarche voudriez-vous que notre justice mène dans une circonstance pareille? Chercher à élucider l’affaire, interpeller tous ceux dont les noms ont été cités et qui appréhendables et à l’arrivée, les débats en présence constante aussi bien de la victime que de ses conseils ont permis de mettre hors de cause, Monsieur Ouanilo Médégan Fagla. A partir de cet instant-là, soit le procureur togolais n’a pas eu les bonnes informations, soit ceux qui lui ont donné les informations les ont surfaites et c’était peut-être une façon pour eux de mettre la pression sur le Bénin au cas où ç’aurait été une action commanditée par le Bénin.
L’avocat de Steve Amoussou, Me Baparapé a dit clairement que c’était une parodie de justice!
Il l’a dit? Mon ami Baparapé pour qui j’ai beaucoup de respect, il était dans le prétoire. Ce jour-là, il me semble qu’il a été le chef de file des avocats. Ils ont plaidé et ont obtenu ce qu’ils voulaient. Dans un premier temps, j’ai cru lire qu’il voulait que le Tribunal se déclare incompétent pour connaître de l’affaire mais dans le même temps, il a demandé une condamnation à des dommages et intérêts. Cela veut dire que si vous avez des dommages et intérêts, c’est que vous êtes allés au fond du sujet et vous l’avez vidé. Les responsabilités ont été situées et les mises en cause ont été reconnues des faits qui leurs sont reprochés et conséquemment, ils sont condamnés à verser des dommages et intérêts. Et c’est ce qui est arrivé. Je crois que les moyens défendus par Me Baparapé devant la cour dans le sens du versement ou de la condamnation à verser des dommages et intérêts, ces moyens ont prospéré. A partir de cet instant, je ne crois pas qu’il soit fondé à parler de parodie de justice.
Steve Amoussou est-il Frère Hounvi?
Le Frère Hounvi, je ne sais pas si c’est lui Steve Amoussou ou pas. Mais le Frère Hounvi, chacun de vous a eu le temps de voir que ce n’était ni un journaliste, ni un acteur de la société civile mais que c’était un activiste politique qui n’exerce plus une liberté d’expression mais s’emploie plutôt en tant qu’activiste politique à remplir un contrat que son bord politique lui assigne, c’est-à-dire démontrer et soutenir que ceux qui sont en place qu’ils considèrent comme des adversaires politiques, ne font rien de bon et ne sont pas qualifiés pour être là. Autrement, si vous considérez toutes les allégations mensogères qu’on a pu entendre sur telle ou telle personnalité, est-ce de la liverté d’expression? Si nos compatriotes considèrent que c’est de la liberté d’expression, moi je ne leur impose rien mais j’inviterai nos compatriotes à se mettre à la place des personnes qui ont fait l’objet des chroniques de Frère Hounvi.
Il m’a semblé que les premiers qui ont parlé ont dit que Steve Amoussou, c’est lui Frère Hounvi. Ce sont encore ses amis, certains acteurs politiques que nous connaissons, Me Baparapé lui-même, nos amis des Démocrates Martin Rodriguez, qui étaient les tout premiers à dire que c’est le Frère Hounvi dont personne ne connaissait le visage qui a été pris. Les mêmes, quelques temps après, peut-être en se rendant compte de la gravité de ce qu’ils lui ont fait faire ou de ce qu’il a fait, viennent pour dire, ce n’est pas lui en essayant de le soustraire aux responsabilités qui devraient être les siennes si c’était bien lui le Frère Hounvi afin qu’il apporte les preuves de ses allégations. Et c’est comme cela que la démocratie fonctionne, c’est cela le sens de responsabilité. Quand on est sans peur et sans reproches, on ne se cache pas. Vous pouvez le témoigner me concernant, je reconnais que j’ai été un journaliste critique par le passé et c’est pour cela que je reconnais à chacun le droit de l’être. Quand je le faisais en étant journaliste, je faisais mon travail à visage découvert. Cela m’a valu deux années de garage. Pendant que j’y étais, un pays représenté chez nous, m’a proposé le visa pour partir du pays, j’ai dit non. Je suis à Cotonou, j’y reste, je fais mon travail et je suis prêt à en répondre à tout moment. Entre autres, j’ai écrit « Scandales sous Yayi ». Avant que je ne lance le livre, il était disponible à la Présidence de la République. On avait envisagé de l’interdire et quelqu’un leur a dit, quand on interdit, cela fait plus de bruits. Ils ont alors dit qu’ils vont mettre l’auteur en prison et quelqu’un leur a dit: voyons le contenu et au besoin, on lui fait un procès. Dans l’ouvrage, j’avais mis une cinquantaine de pages en annexe qui étaient autant de preuves de mes allégations. A l’arrivée, je n’ai pas vu une seule citation directe tombée sur ma table m’invitant pour répondre de ce que j’ai fait. Si on est journaliste, on est professionnel, on fait une critique. C’est comme cela qu’on apporte sa contribution à la construction de la cité. Mais de là, basculer, dans la calomnie et d’ailleurs, ce qui plaide en ma faveur, lorsque vos confrères m’ont interrogé il y a deux ans, sur le Frère Hounvi, j’avais dit ceci: que j’avais de l’admiration pour sa plume mais je l’applaudirais des pieds et des mains si sa plume ne trempait dans l’encre de la calomnie et de la médisance. Et nous y voilà. A chacun donc, d’assumer ses responsabilités. J’espère que Monsieur Amoussou n’est pas le Frère Hounvi mais si ce n’est pas lui, le Frère Hounvi, un jour ou l’autre, il devra répondre de tout ce qu’il a pu créer comme tort aux uns et aux autres et à notre pays.
Source: Srtb