Au lendemain de la fusion du parti Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) au parti Bloc républicain, « Le Matinal », votre journal préféré avait déjà émis des doutes sur la sincérité de ce mariage. On avait estimé et démontré que le processus n’était pas allé jusqu’au bout. Mais, on avait cru que tout serait mis en œuvre pour que la fusion s’opère progressivement. Aujourd’hui, les faits et les actes nous donnent raison. A l’époque, « Le Matinal » alertait sur le fait que la non dissolution complète du parti Udbn prononcée par un congrès et officialisée au ministère de l’Intérieur pour annulation du récépissé d’existence était une menace pour ce mariage. On avait aussi écrit que la collaboration sur le terrain politique pourrait poser des problèmes; puisque l’Udbn avait déjà ses structures qui devraient se fondre d’office dans celles du Bloc républicain. A ces problèmes, viennent s’ajouter aujourd’hui, les déclarations de Claudine Prudencio, présidente d’honneur de l’Udbn (fondu). Depuis octobre 2021 que la fusion a été actée, on n’a pas encore vu Claudine Prudencio en activité aux côtés des leaders du parti Br sur le terrain. On ne l’a non plus vue seule dans son fief politique habituel, vendant le Br. N’y-a-t-il pas eu d’occasions propices ? Ou bien ce n’était pas nécessaire ? Seuls la présidente Prudencio et le Br ont la réponse. Pire, on n’a plus vu les lieutenants de l’ex parti sur un terrain politique depuis lors. Que ce soit Valérie Idossou ; Anastasie Oba Chabi ; l’ancien bâtonnier Cyrille Djikui; Jérôme Dandjinou et autres, tous ont disparu alors que le Br est resté actif sur le terrain. Que s’est-il passé ? Qu’y-a-t-il pour que le mariage tant annoncé ne fasse pas voir sa joie aux yeux de l’opinion publique ? La réponse a été donnée dimanche par la présidente, en ce qui la concerne au cours d’une émission télévisée sur Eden Tv. Elle a fait deux déclarations à prendre au sérieux : 1- « Je ne fais de politique de la chaise vide, mais il faut savoir désormais que j’ai un mandat républicain à remplir qu’est l’institut national de la femme. Les ambitions politiques ne priment pas sur les missions républicaines. Pour l’instant, je m’attèle à réussir la mission que le chef de l’Etat a bien voulu me confier. Pour moi, réussir cette mission est un défi qui passe avant tout ».Considérons la première phrase de cette déclaration en réponse à la question du journaliste qui voulait savoir pourquoi Claudine Prudencio n’est pas active aux côtés du Br depuis la fusion. Elle justifie son silence et absence sur le terrain politique par ses nouvelles fonctions « républicaines ». Sa nomination a précédé la fusion de son parti au Br. A supposer que la fusion n’était pas intervenue après la nomination, est-ce à dire qu’elle mettrait de côté son parti pour ne s’occuper rien que de l’Institut national de la femme ? Au sein du Bloc républicain, n’y-a-t-il pas de gens ; sinon des responsables qui cumulent leurs missions républicaines à celles du parti ? Que dire des membres du gouvernement qui militent au sein du Br et qui, malgré la lourdeur de leurs charges, dégagent du temps pour le parti ? 2- « L’Udbn n’a pas disparu dans le Br, parce que les membres de l’Udbn sont là et le courant Udbn doit toujours exister dans le Br ».Cette réponse de Claudine Prudencio, justifiant son silence et celui de ses éléments paraît suspect. A moins que dans les textes du Br, il est prévu l’existence de tels courants. Sinon, c’est à croire que malgré la fusion, il y aura toujours une certaine démarcation des militants venus de l’Udbn. Un problème se pose. La présidente a tenté de se justifier par la suite : « Les membres de l’Udbn sont là. Ils vont travailler et les membres du Br vont constater également. Ils sont un parti qui s’appelait Udbn. C’est vrai aujourd’hui, nous faisons un. Donc, c’est le Bloc républicain d’abord, mais les membres de l’Udbn qui sont rentrés dans le Br doivent briller pour faire avancer les choses au niveau du Br ». Mais, le courant Udbn restera malgré tout.
Abdourhamane Touré