Le Bénin a été vaillamment représenté à la première édition de la Coupe du monde de maracana (Mara’Monde) disputée en Côte d’Ivoire et remportée par les Éléphants. Ces derniers ont eu droit à une finale spectaculaire face aux Guépards du Bénin pour remporter le sacre mondial. Brillant, le Bénin a fini la compétition avec le statut de vice-champion du monde accompagné d’un titre de meilleur buteur de la compétition arrachée par le virevoltant Séverin Affouda. Ce sont autant de performances qui encouragent l’essor du maracana béninois resté dans l’ornière ces quatre dernières années. À travers un entretien exclusif accordé à notre rédaction, Juste Fleury Dansou, le sélectionneur des Guépards maracaniers a fait le point de la participation des Guépards à ce Mara’Monde et prédit un avenir meilleur pour le Bénin dans ce sport. Ci-dessous, l’intégralité des propos du technicien maracanier.

Le Matinal: Le Bénin finit vice-champion de la première édition de la Coupe du monde de Maracana. Dites-nous, quels sont vos sentiments ?
Juste Fleury Dansou : Sentiments de joie et de fierté. En même temps, regret et déception de n’avoir pas ramené le trophée au pays pour le bonheur du peuple béninois.
Au regard des performances réalisées par votre équipe, quel bilan technique faites-vous au terme de la compétition ?
Bilan globalement satisfaisant. C’était pas évident après plus de 4 ans de crise au niveau de la Fédération béninoise de maracana. Un nouveau Comité exécutif a été élu le 13 juillet passé. Un championnat a eu lieu le dernier week-end du mois d’août. Nous avons eu seulement 3 semaines pour mettre sur pied une équipe forte, physique et technique. Réussir à se faire respecter en arrivant en finale n’était pas une tâche mince.
Lors de votre deuxième match face à la Guinée, vous avez perdu. Qu’est-ce qui n’a pas marché à ce niveau ?
Nous sommes passés à côté de la plaque. Nous n’avons pas joué notre jeu. Nous n’avons pas su poser le ballon comme nous savons le faire. Nous avons plutôt joué au rythme de la Guinée. Mais c’était le match qui sonne la révolte. La soirée de la défaite a été très douloureuse. Une fois rentrés à l’hôtel, nous nous sommes dit les vérités en face. Le lendemain également. Nous nous sommes barricadés dans notre hôtel. On était plus unis et solidaires que jamais. Nous nous sommes dit qu’on irait chercher cette qualification contre la France. J’ai dit aux joueurs que c’était le moment pour eux d’écrire leur propre histoire. Ils allaient la raconter à leurs enfants et à leurs petits enfants.
On a constaté que face aux sélections européennes notamment la France et la Belgique, vous n’aviez pas eu trop de problèmes, mais lors des rencontres avec les équipes du continent, ça n’a pas été facile. Comment expliquez-vous cela ?
Contre la France, il fallait gagner au moins de 3 buts d’avance pour avoir notre destin en mains. Du coup, on y est allés à fond. Le match contre la Belgique n’a pas du tout été facile comme vous le pensez. On menait la Belgique 3-0 en quart de finale. Ils sont revenus à 3 buts partout à 15 secondes de la fin du temps réglementaire et sont passés à 4-3 au début des prolongations. On a joué contre 3 nations africaines. Nous avons perdu contre la Guinée en poule. On a battu après le Togo en demi-finale aux tirs au but. Vous devriez comprendre que les matchs à élimination directe et les matchs de poule n’ont rien à voir. Donc il y a l’enjeu, le stress et la peur de se faire éliminer qui rendent serrés les résultats des matchs. La finale c’était contre la Côte d’Ivoire.
La demi-finale contre le Togo a fini aux tirs au but après un match à rebondissement. La fatigue avait-elle eu un impact sur le jeu de vos poulains ?
Le Togo est l’une des meilleures nations de maracana avec un jeu très structuré. À notre niveau, l’effectif était très diminué à cause de nombreuses blessures enregistrées. On était très limités à partir des quarts de finale. À partir des quarts de finale, il fallait jouer le lendemain la demi-finale et le surlendemain, la finale. Les matchs étaient très rapprochés et le temps de récupération court. On était sortis d’une prolongation contre la Belgique donc forcément contre le Togo à un moment, la fatigue a pesé parce que nous avons fini par gagner aux tirs au but.
La finale contre la Côte d’Ivoire. Les Guépards maracaniers n’ont pas été véritablement au top de leur niveau habituel. Partagez-vous cet avis ?
C’est relatif. Une finale ne se joue pas, mais elle se gagne. Nous avons adopté en finale, un plan de jeu qui était de ne pas encaisser tôt parce que la Côte d’Ivoire essayait de plier ses matchs dans le 1er tiers-temps. On savait que si on le faisait, on la ferait douter et après dérouler notre plan. Ce qui n’a pas marché parce qu’ils ont fait preuve de réalisme offensif. Du coup, le match n’était plus le même. Malheureusement, on était encore plus affaiblis à la finale. Le capitaine Maruis Oké qui a joué sur 1 genou, Choupas avec un gros bandage (adducteurs), Séverin Affouda avec 2 points de suture à la tête et Christian Kotchoni, 3 points de suture à la main. On n’a pas su résister au défi physique imposé par la Côte d’Ivoire. On a tout essayé, mais la volonté seule n’a pas suffi pour revenir au score et renverser la Côte d’Ivoire
Qu’est-ce qui a favorisé la performance réalisée par votre groupe lors de cette compétition ?
Comme je vous l’ai dit, c’est le match perdu contre la Guinée. Notre défaite a rendu tristes les compatriotes. On a pris conscience de ce qu’on représentait aux yeux du monde. On s’est vraiment remis en cause. On savait qu’on n’avait ni un problème technique ni un problème physique, mais plutôt qu’il fallait revoir notre état d’esprit. On était devenus plus unis et plus solidaires. On se battait les uns pour les autres. On était une vraie famille.
Quel a été votre coup de cœur lors de cette Coupe du monde ?
Le feu follet Affouda Séverin alias « Tout petit ». Il a seulement découvert le maracana fin août. Il a été présélectionné. On a cru en lui parce qu’on pensait qu’il avait le potentiel. Un joueur très humble, appliqué et très généreux dans l’effort. Il a fini meilleur buteur de la compétition et 3 fois homme du match. Quelle classe !
La Fédération béninoise de maracana dirigée par le président Nassirou Saka, a-t-elle mis les moyens à disposition pour que l’équipe puisse réellement se préparer ?
C’est à l’actif du président Nassirou Saka et son Comité exécutif. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens. Tout ce qu’on a demandé pour la préparation a été livré dès le premier jour du stage de préparation. Un grand merci à lui pour la confiance et sa générosité.
Il y a eu des rumeurs comme quoi, les équipes européennes sur la compétition n’étaient pas authentiques. Qu’avez-vous à dire par rapport à cela ?
Je ne connais pas les gens. Donc, je n’ai aucune envie de prendre position au risque de me tromper. On a juste croisé des gens merveilleux. Dans le match, c’était très serré mais à la fin du match, cela finissait par des accolades.
Déjà des mots de félicitations du gouvernement béninois ?
Bien sûr! Depuis Abidjan, après chaque match on avait les messages de félicitations de son excellence monsieur le ministre des Sports. À notre retour au pays, malgré l’heure très tardive, on a été chaleureusement accueillis à l’aéroport par les autorités du Ministère des sports dont le Directeur de cabinet et les supporters des Guépards.
Quelles sont les perspectives pour l’avenir du groupe des Guépards ?
On ne pense pas s’arrêter en si bon chemin si la Fédération nous renouvelle sa confiance. C’est déjà commencer par travailler dès maintenant pour la Mara’Can 2025 qui aura lieu en Guinée-Bissau et essayer de décrocher l’or qui nous manque.
Votre mot de fin pour conclure cet entretien
Ce fut une expérience humaine inoubliable. Quelle fierté d’avoir représenté le Bénin surtout quand on entend notre hymne national résonner. On a vécu toutes les émotions. On a reçu des critiques depuis la publication de notre liste et après la défaite contre la Guinée. Ce ne fut pas facile. On a également reçu beaucoup de messages d’encouragement de tous les continents. C’est le moment de dire merci à tous. D’abord à mes joueurs, je suis très fier de vous, de notre parcours. Je suis très honoré d’avoir travaillé avec vous. À mon assistant, je dis merci, merci pour ton honnêteté, ta sincérité et pour notre complicité. Merci au kiné, tu es un vrai professionnel. Merci aux membres de la Direction technique nationale pour leur implication et pour nous avoir épaulés et soutenus. Au Comité exécutif de la FeBéMa et son président, merci pour la confiance. Tout cela a été possible parce que vous y avez cru. Rendez-vous pour d’autres défis. À ma famille, mes proches je dis merci. Merci à tout le peuple béninois. Aucune œuvre humaine n’est parfaite. Nous avons fait des erreurs que nous assumons. Nous apprendrons de nos erreurs. Merci.






Propos recueillis par Karol Sékou (Coll)