S’il y a une affaire qui défraie la chronique depuis quelques jours au Bénin, c’est bien celle relative aux supposés agissements attentatoires à la dignité, l’honorabilité et la liberté de l’avocat suite aux violences physiques et la garde à vue de Me Enosch Chadaré le 29 septembre 2021. Le rapport des faits sur fond de contradictions entre avocats et procureur ont tôt fait de brouiller les pistes de vérité dans cette affaire qui n’a pas fini de livrer ses secrets.
La vérité dans l’affaire de violences physiques de garde à vue arbitraire dont serait victime Me Enosch Chadaré, le 29 septembre 2021 est loin de connaître son épilogue et pour cause. Les tirs croisés et les accusations entre l’ordre des avocats et le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) ont tôt fait de faire déchanter ceux qui espéraient que les responsabilités seraient vite situées dans ce dossier. Au demeurant, c’est la confusion qui s’installe dans les esprits après le droit de réponse du Barreau de l’ordre des avocats du Bénin qué du procureur spécial de la Criet en date du 09 novembre 2021. En effet, l’exposé de Mario Mètonou, consécutif à la sortie médiatique des avocats le lundi 08 novembre dernier, a été démonté et battu en brèche par le Barreau. Du coup, l’opinion se retrouve emballée dans une confusion totale et un imbroglio qui ne dit pas son nom. C’est quasiment la parole de Me Enosch Chadaré portée par le barreau de l’ordre des avocats du Bénin et celle du procureur spécial de Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). L’opinion a du mal à se situer sur celui qui dit la vérité au peuple au regard des différentes versions exposées. Même si certains se font leur idée quant aux tenants et aboutissants de cette affaire, on semble bien loin du bout du tunnel dans ce dossier où les positions des uns et des autres restent campées.
Maitre Enosch Chadaré sur la braise
Si l’on s’en tient au rapport du procureur spécial de la Criet dans sa déclaration de presse en date du 09 novembre 2021, on est bien tenté de craindre le pire pour le principal mis en cause dans ce dossier. Dans ses clarifications en effet, Mario Mètonou expose que l’avocat s’est illustré par des comportements peu orthodoxes qui ont achevé de semer le doute sur ses réelles intentions. Selon le représentant du ministère public, diligentant l’enquête judiciaire, ce sont ces agissements qui ont justifié l’interpellation de l’avocat et sa mise sous convocation. Aussi, a-t-il indiqué que ce dernier n’a pas daigné répondre à la convocation qui lui a été délaissée pour le 04 novembre 2021. Cette version a toutefois été démontée par le barreau qui, dans son droit de réponse, oppose l’article 6 du règlement n°05/Cm/Uemoa du 25 septembre 2014 qui conditionne l’interpellation de l’avocat à l’autorisation du procureur général près la Cour d’appel, au président de la chambre d’accusation et au bâtonnier de l’ordre des avocats. La relative sérénité affichée par le barreau pourrait cependant être ébranlée si le procureur entreprend de poursuivre le mis en cause comme un citoyen lambda vu qu’il tente de lui dénier sa constitution comme avocat dans cette affaire.
La justice pour démêler l’écheveau
Face à l’imbroglio qui couve dans ce sulfureux dossier, seule la justice saura faire la part des choses. Autrement, le jeu de ping-pong qui s’installe ne fera qu’éloigner davantage les pistes de la vérité dans ce dossier. Un procès juste et équitable reste la seule issue pour faire triompher la vérité dans ce dossier.
Gabin Goubiyi