Dans la paix des braves qui se dessine entre Yayi Boni et Patrice Talon, l’ex-magnat de la volaille, Sébastien Ajavon, arrivé 3ème à l’issue de la présidentielle de 2016, sera-t-il le grand perdant ? La question taraude les esprits depuis mercredi 22 septembre 2021, à l’issue de la rencontre entre le président Talon et son prédécesseur. En tout cas, le président de l’Usl a une occasion en or pour entrer dans l’histoire. Du moins, s’il parvient à surmonter ses ressentiments pour entrer en dialogue avec le pouvoir de la Rupture.
Sébastien Ajavon, actuellement en exil en France, reste un des poids lourds de l’opposition au président Patrice Talon. Mais, fort de ces dix années au pouvoir et de son carnet d’adresses, si Yayi Boni a finalement compris qu’il était utile de ranger frustrations et ressentiments, afin de trouver un terrain d’entente avec le président Patrice Talon, cela devrait inspirer Sébastien Ajavon. Et surtout, l’aider à revoir sa stratégie, et à changer de fusil d’épaule. En effet, l’ex-magnat de la volaille, patron de l’Union social libéral, arrivé 3ème à l’issue de la présidentielle de 2016, a depuis disparu de la scène politique nationale. Et les différends qui l’opposent au président de la République et à l’Etat par ricochet, s’étendent de jour en jour. Mais, et c’est connu, il n’y a pas d’adversaire ou d’ennemi définitif en politique, tout se négocie au gré des circonstances, de la conjoncture politique et des intérêts en jeu. La rencontre entre Yayi et Talon du mercredi 22 septembre 2021, étant un cas d’école. Car, si Yayi Boni et Patrice Talon ont pu surmonter leurs rancœurs pour mettre le Bénin au-dessus, l’ex-président de l’Usl devrait lui-aussi en profiter pour prendre le train en marche, plutôt que de ne voir que du feu. Puisqu’à la vérité, il perd sans doute désormais un allié de poids dans l’opposition, si le rapprochement arrivait à se concrétiser. En effet, tant que le président Yayi Boni restait dans une posture radicale contre le régime de la Rupture, Sébastien Ajavon et les autres auraient des raisons de se radicaliser aussi, et de continuer par monter les enchères.
Le leader de l’Usl doit rentrer dans la danse
Mais là, la donne a complètement changé. Yayi Boni et les siens, meurtris et mis en cause dans les violences post-électorales de 2019 et 2021, savaient, en effet, qu’ils avaient plus à perdre à casser inlassablement leur tête contre un mur aussi dur que le régime Talon. Ne serait-ce que les cas Reckya Madougou, alliée politique de taille du président Yayi, et Joël Aïvo, qui croupissent en prison, sont une raison suffisante pour le président Yayi de faire amende honorable. D’ailleurs, l’opportunité lui est royalement servie sur un plateau d’or, à travers leur rencontre, pour prendre des gages auprès de Patrice Talon pour leur éventuelle libération. Somme toute, il suffit pour le leader de l’Usl en exil de rentrer, lui-aussi, dans la danse. De rentrer de plain-pied dans la politique de la main tendue amorcée par Patrice Talon, pour faire passer l’éponge sur le passé. Ce serait d’ailleurs une manière de prendre Patrice talon au mot. Rappelons que condamné en octobre 2018 à 20 ans de prison par contumace par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour « trafic de drogue », le président de l’Union sociale libérale (USL) a pu le statut de réfugié politique en France en avril 2019. Il avait saisi la Cour La Cadhp qui avait ordonné l’annulation de sa condamnation par la Criet en mars 2019. Constatant la non-application de cet arrêt, la Cour d’Arusha avait, en novembre 2019, condamné l’État béninois à verser 36 milliards de F Cfa à Sébastien Ajavon. Vu comme des décisions politiques, ces arrêts n’ont jamais reçu la moindre considération de la part du gouvernement de la Rupture.
Wilfrid Noubadan