La tension née entre des acteurs du monde culturel à l’occasion du concert de musique organisé par le Groupe Empire de Ulrich Adjovi avec comme invité, l’artiste Dadju le samedi 24 juillet 2021 au palais des congrès de Cotonou semble prendre une allure inquiétante. Certains faits suivant cet incident laissent croire qu’entre les artistes de musique moderne Sessimè et Nikanor et l’entrepreneur culturel Ulrich Adjovi, plus rien ne va.
Règlement de compte ou simple coïncidence ? Trois faits importants justifient notre inquiétude au sujet des relations professionnelles entre Sessimè, Nikanor et le Groupe Empire. Premièrement, nous avons remarqué que quelques jours seulement après le concert de Dadju au lendemain duquel les artistes Sessimè et Nikanor ont exprimé leur mécontentement face au traitement dont ils ont été victimes, le groupe Empire de Ulrich Adjovi a organisé un concert de l’indépendance, en collaboration avec une société de brasserie pendant deux jours. Sessimè et Nikanor étaient absents de la liste des artistes invités. Interrogée sur les raisons de son absence à ce concert de l’indépendance, Sessimè a répondu sur la radio nationale, au cours d’une émission en fin de semaine dernière ceci : « Sachez que ce n’est pas de mon plein gré que j’ai été absente. Sachez que mon image était sur l’affiche au départ. A un moment donné, quand les évènements du concert de Dadju ont commencé, les gens ont commencé à ne plus décrocher. Ils ont même proposé un cachet……et c’est sur la toile on va voir une affiche sur laquelle on est absent… ».
D’aucuns diraient que les organisateurs ne sont pas obligés de les associer à tout. C’est vrai. Mais il serait anormal de ne pas reconnaître qu’actuellement, ces deux artistes font parties des plus suivis et aimés du public béninois. Leur récent featuring totalise près d’un million de vues sur Youtube et demeure encore d’actualité. Mieux, Sessimè a sorti un nouveau tube vu en quelques jours par environ 400 mille personnes. Il s’agit là de raisons suffisantes pour prendre en compte ces deux artistes dans le cadre du concert de l’indépendance.
Deuxième fait. Quelques jours après les dénonciations des artistes Sessimè et Nikanor, des textes ont fait le tour des réseaux sociaux pour disculper le groupe Empire et son patron dans cette affaire. On ne connait pas la vraie origine desdits textes éclatés en plusieurs actes et diffusés abondamment sur le net pour justifier la bonne foi des responsables du groupe Empire dans les évènements en question.
Nous découvrons depuis quelques jours, l’annonce d’un autre concert pour le 27 août prochain ; soit un mois après celui qui a occasionné l’incident malheureux. A l’affiche, Sessimè et Nikanor encore absents. Des artistes positionnés sur le concert de Dadju et sur celui de l’indépendance sont revenus pour la troisième fois. Et c’est le troisième fait qui nous amène à nous poser la question de savoir si la crise est vraiment consommée entre Adjovi, Nikanor et Sessimè.
La bonne foi de Ulrich Adjovi
Dans cette affaire, il faut reconnaître la bonne foi de Ulrich Adjovi, patron du groupe Empire. Tout porte à croire, que les attaques et éventuelles machinations contre Sessimè et Nikanor ne viennent pas de lui-même. L’homme a prouvé qu’il est pour la paix et le développement du showbiz béninois.
Au cours de l’émission de l’Ortb, l’artiste Sessimè a fait des témoignages qui justifient le grand cœur de Ulrich Adjovi. « Ulrich Adjovi est un grand-frère que je respecte beaucoup. Malgré tout ce qui se passe et qui me désole aujourd’hui, je continue de le respecter quand même, parce qu’il y a beaucoup de jeunes qui ont l’argent et qui pourraient faire ce qu’il est en train de faire, mais qui ont choisi, d’investir dans des maisons, des voitures, les femmes. Mais lui, au-delà de ses passions, il est à l’écoute, il fait un peu pour nous. Ce n’est pas encore ce qu’on veut, mais il le fait ». Plus loin encore dans la même émission, elle ajoute : « Moi au départ, dans cette affaire de Dadju, je n’étais pas pour une vidéo en direct ou parler publiquement de ce qui s’est passé, parce que mon manager a dit de ne pas réagir. On va trouver un arrangement et je peux dire aussi que Mr Ulrich Adjovi m’a écrit la nuit du Concert pour me dire : Sèssimè, je viens de voir ton manager, désolé je comprends tout ce qui s’est passé, on en parlera». Il s’agit là de la preuve que ce n’est pas Adjovi qui a empêché Sessimè et Nikanor de prester lors du concert de Dadju. Tout le monde l’a d’ailleurs reconnu, c’est un problème au niveau de l’organisation, voire du staff de Dadju.
Et ce n’est pas tout. Ulrich Adjovi, malgré les dénonciations des deux artistes et les interprétations qui ont suivi cela, a fait payer à Nikanor et Sessimè, l’intégralité de leurs cachets. D’aucuns diront que c’est un devoir. Mais il faut saluer la bonne foi d’un homme qui aurait pu user de tout pour retarder le paiement ou observer les deux artistes et voir jusqu’où ils iront.
Sessimè s’excuse mais réclame aussi
des excuses
« Grand-frère ! Excuses-moi. Quelque chose s’est passé en public ; les réactions ont été publiques ; permets que moi, également en public, je vienne donner ma version des faits… » Cet extrait des propos de Sessimè sur la radio nationale a fait le tour des réseaux sociaux samedi. Les auteurs des posts ont titré sur les excuses de l’artiste Sessimè au promoteur du groupe Empire. Pour l’opinion publique, c’est une bataille rangée.
Quelques heures après, Sessimè met en ligne sur sa page facebook, un peu comme pour dire qu’il ne s’agissait pas d’un méa culpa, l’intégralité de l’émission. C’est là qu’on découvre la vérité. La phrase dans laquelle elle a présenté ses excuses était incomplète. Des excuses, oui. Mais elle n’a pas regretté la dénonciation. Voici la suite de la phrase dans laquelle elle s’adressait en direct à Ulrich Adjovi sur la radio : « … Maintenant, si sur ce point, tu m’en veux, je suis désolée. Mais j’endosse vraiment cette responsabilité-là que tu m’en veux. Et je l’ai dit à mon manager. Ce n’est pas grave. Je pense que la dignité, l’honneur et la fierté, aucune richesse du monde ne peut remplacer ça ».
Elle aurait aussi voulu recevoir des excuses : « Un grand homme, c’est également cet homme-là qui sait reconnaître ses erreurs et qui publiquement dit : oui je vous ai offensés, parce qu’il y avait ci, il y avait ça. Désolé, mais vous êtes mes artistes. Vous êtes dans ma maison. Sur d’autres évènements, on va se rattraper. Et puis, on se comprend ».
Et pour finir son émission, elle a conclu sur une note d’espoir : « J’espère que dans l’avenir, on va fermer cette page-là ; cette fenêtre-là et pour le bonheur du public, monsieur Adjovi va organiser d’autres évènements et on sera dessus avec joie, si les conditions sont remplies pour faire plaisir à notre public ».
De son côté, Nikanor n’a plus réagi depuis quelques jours sur l’affaire. A-t-il regretté ses vidéos sur les réseaux sociaux ou bien c’est le fait d’avoir pris son cachet qui l’a fait taire ? Toutes nos tentatives pour joindre son staff ont échoué. Avec Ulrich Adjovi, nous avons eu des échanges, dans le cadre de la rédaction de cet article. Il n’a pas souhaité que cette affaire fasse l’objet de polémique au sein de l’opinion publique. Il a réaffirmé sa bonne foi et sa disponibilité à continuer par faire la promotion de la musique béninoise avec tous les artistes, y compris Sessimè et Nikanor.
Félicien Fangnon
Extrait des propos de l’artiste Sessimè sur la radio Ortb le vendredi 13 aout 2021
Journaliste : Sèssimè, c’est une chance pour nous de t’avoir dans ce studio et vu que tu es là, tu nous diras aussi un mot sur le concert de Dadju à Cotonou. Qu’est ce qui s’est réellement passé ? Il parait que tu n’étais pas à l’heure.
Sessimè : Ulrich Adjovi, du Groupe Empire, un grand-frère que je respecte beaucoup. Malgré tout ce qui se passe aujourd’hui, je continue de le respecter quand même, parce qu’il y a beaucoup de jeunes qui ont l’argent et qui pourraient faire ce qu’il est en train de faire, mais qui ont choisi de mettre leur argent à l’extérieur, investir dans des maisons, des voitures, autre chose, investir dans les femmes, mais lui, au-delà de ses passions, il est à l’écoute. Il fait un peu pour nous. Ce n’est pas encore ce qu’on veut. Mais il le fait. Sauf qu’à un moment donné, vous admirez quelqu’un et que la personne vous fait mal, il faut pouvoir le lui dire. C’est de cette jeunesse là que je parle aujourd’hui. Cette jeunesse qui ne fait pas dans « le béni oui oui », qui ne caresse pas seulement les gens dans le sens du poil. On est jeune parce qu’on veut avancer ensemble. Il faut qu’on corrige les choses ensemble pour avancer. Moi, au départ dans cette affaire de Dadju, je n’étais pas pour une vidéo en direct ou parler publiquement de ce qui s’est passé, parce que mon manager a dit de ne pas réagir. On va trouver un arrangement et je peux dire aussi que M. Ulrich Adjovi m’a écrit la nuit du Concert pour me dire « Sèssimè, je viens de voir ton manager, désolé je comprends tout ce qui s’est passé, on en parlera ».
Mais quand je me suis réveillée le matin et comme d’habitude, tout ce qui touche à Sèssimè, on peut transformer cela en drame, relayer d’une autre facette sur la toile, j’ai commencé par voir ces pages-là qui aiment donner la fausse information et amener les gens à vous détester, à vous insulter. Elles ont commencé par écrire que les artistes qui n’ont pas presté, n’ont pas presté parce qu’ils étaient en retard. C’est de là que, je me suis sentie blessée dans mon amour propre et j’ai dit non. J’ai des gens qui se sont déplacés. Il y a des gens qui m’ont écrit : tu ne montes pas sur scène ? Dadju est monté et nous on fait comment ? On a acheté des tickets pour venir te voir. Je me suis sentie mal et je me suis dit, il faut que je parle.
C’est mon crime d’avoir parlé, d’avoir dit que je n’ai pas chanté parce que je n’étais pas en retard. Je n’ai pas chanté parce que j’étais à l’heure, mais parce que l’organisation a simplement jugé bon de nous sacrifier parce qu’effectivement à leur place, je l’aurais fait, mais dans la politique de rattrapage, je n’aurais pas tiré sur les artistes comme cela, que nous avons offensé sciemment. Je ne l’aurais pas fait comme cela. J’ai offensé des artistes qui sont des jeunes que j’aide, que j’accompagne dans le pays.
Un grand homme, c’est également cet homme-là qui sait reconnaître ses erreurs et qui, publiquement dit : « oui, je vous ai offensés parce qu’il y avait ci, il y avait ça. Désolé, mais vous êtes mes artistes. Vous êtes dans ma maison. Sur d’autres évènements, on va se rattraper ». Et puis, on se comprend. Mais, un enfant, quel que soit son niveau bas ou son âge, si tu le piétines et que tu lui refuses de pleurer, tu reviens encore le taper, mais c’est de l’acharnement, c’est méchant et ça m’a fait très mal, venant de Ulrich Adjovi, à qui j’ai de l’admiration et du respect. Je me suis investie dans la campagne de promotion de ce concert-là et le concert de l’indépendance, je ne veux pas revenir sur cela.