Une semaine après l’expulsion des dirigeants des trois sociétés chinoises opérant dans l’exploitation pétrolière du Niger, Niamey tente de désamorcer les tensions avec Pékin.
Lors d’une conférence de presse tenue le 19 mars 2025, le ministre nigérien du Pétrole, Sahabi Oumarou, a tenté de clarifier la position de la junte au pouvoir, insistant sur le fait qu’il n’y avait aucune volonté de rupture avec la Chine, un partenaire stratégique majeur pour le pays. Le ministre a appelé les entreprises chinoises à entrer dans des négociations, mais s’est abstenu de mentionner la grave pénurie d’essence qui touche actuellement le Niger, ni la dette colossale de 300 milliards de FCfa que la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep) doit à la société chinoise Soraz, responsable du raffinage et de la distribution du carburant.
Une situation tendue mais des efforts pour éviter une rupture
Sahabi Oumarou a expliqué que le gouvernement nigérien continue de revendiquer plusieurs ajustements dans les contrats et relations avec les sociétés pétrolières chinoises. Parmi ces exigences : l’uniformisation des salaires entre les expatriés chinois et le personnel local. Actuellement, les expatriés perçoivent environ 8 600 dollars par mois, tandis que les employés nigériens sont rémunérés à hauteur de 1 200 dollars seulement. Niamey réclame également une « nigérisation » des effectifs, ainsi que la révision des contrats signés avec l’État. Par ailleurs, le gouvernement nigérien insiste sur le remboursement de 80 milliards de FCfa d’arriérés d’impôts dus par ces sociétés. Malgré le refus des sociétés chinoises de céder à ces demandes, le ministre a cherché à apaiser les tensions, affirmant qu’il reste ouvert à la négociation pour résoudre les différends.
En adoptant un ton conciliant, Niamey cherche visiblement à éviter une rupture définitive avec Pékin, qui demeure l’un des principaux investisseurs étrangers au Niger. Une telle rupture serait particulièrement néfaste pour le pays, qui dépend aujourd’hui largement des revenus générés par ces sociétés sous contrôle chinois. La Chine est en effet le plus grand investisseur étranger au Niger, notamment dans le secteur pétrolier. Une rupture avec Pékin pourrait donc entraîner de lourdes conséquences économiques pour le pays, qui tire une grande partie de ses ressources financières de ses contrats avec les entreprises chinoises opérant dans le secteur des hydrocarbures.
Le gouvernement nigérien espère désormais trouver une solution qui permette de concilier les intérêts du pays avec ceux de ses partenaires chinois, tout en répondant aux attentes de la population locale, particulièrement en ce qui concerne l’emploi et les conditions de travail. La situation est donc à un tournant, avec des négociations qui pourraient se prolonger dans les semaines à venir.