Comme toutes les autres institutions de la République, l’Assemblée nationale a fait parler d’elle dans l’opinion publique à travers des faits marquants en 2024. Ils se sont illustrés au plan politique, dans la gestion du personnel parlementaire et une offensive diplomatique qui ont retenu l’attention de plus d’un.
L’Assemblée nationale est le plus haut lieu de la politique, dit-on. En 2024, elle l’a vraiment été par les antagonismes entre la majorité parlementaire (Union progressiste le Renouveau et le Bloc républicain) et l’opposition qui constitue la minorité (Les démocrates). Ce qui fait du Parlement béninois, le lieu par excellence de l’expression de la démocratie et du pluralisme politique. Ce face-à-face entre les deux camps s’est matérialisé par le rejet de la tentative de révision de la Constitution du 11 décembre 1990, le 02 mars 2024. Les 28 députés de l’opposition y voyaient un piège du pouvoir du président Patrice Talon qui voulait inverser l’ordre des prochaines élections par l’organisation de la Présidentielle avant les Législatives et Municipales en 2026 pour s’ouvrir l’autoroute de la présidence à vie. Chose curieuse, 07 députés de la mouvance les ont rejoints sous prétexte que ce n’est pas la priorité actuelle du peuple béninois. Ce camouflet est retentissant et montre les signes de fébrilité de la majorité présidentielle. Les démocrates et les »rebelles » du camp présidentiel ont eu la minorité de blocage de la recevabilité du projet de révision de la Constitution.
Une fois ce sujet classé, une autre bataille politique s’ouvre, le 05 mars 2024. Elle est relative à la modification du Code électoral béninois avec de nouvelles dispositions. Ici, il faudrait que la mouvance retrouve son unité. Ceci s’est fait après une rencontre de vérité avec le chef de l’État à la présidence de la République. Il était visiblement question aux pro-Talon de prendre leur revanche. Cette fois, tous les députés de la mouvance ont voté pour le Code électoral modifié, pendant que ceux du parti Les démocrates s’y sont opposés. Des remous naissent dans l’opinion publique. Ledit Code est qualifié de tous les noms, puisque, dans ses dispositions, il oblige tous les partis politiques à avoir au moins 20% dans toutes les circonscriptions électorales ou signer un accord de Législature avec un parti pour l’avoir, avant d’être éligible à la répartition des sièges. La même loi contraint tout député ou maire de ne parrainer que le candidat de son parti à l’élection présidentielle. Sachant que l’Union progressiste le Renouveau et le Bloc républicain sont des formations politiques siamoises, le parti Les démocrates y voit un projet d’exclusion pour une dixième Législature monocolore en 2026 qui facilitera la révision de la Constitution. L’église catholique a fait la même lecture, à l’opposé d’autres confessions religieuses. Le débat sur le Code électoral modifié n’est pas clos à l’Assemblée nationale et dans le public.
Intenses activités,
malgré tout
On peut constater la radicalisation des positions entre la mouvance et l’opposition au Parlement. Dans ce contexte, les deux rapports d’activités du président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, ont eu l’approbation des députés de l’Up le Renouveau et du Bloc républicain, contre l’avis défavorable des députés Démocrates. Ceci n’a pas empêché le premier des parlementaires béninois à inviter les uns et les autres à la retenue dans l’affaire dite de tentative de coup d’État tout en insistant sur la culture de l’amour. En clair, la majorité présidentielle et l’opposition ne se sont pas fait de cadeaux à l’Assemblée nationale en 2024.
En dehors de ces querelles politiciennes, les députés, toutes tendances politiques confondues, ont travaillé en symbiose sur plusieurs autres sujets relevant de leurs prérogatives. En sessions ordinaires et extraordinaires, les rapports d’activités du président Louis Vlavonou ont indiqué que la participation des députés en plénière est de 84% au moins avec à la clé des ratifications et des lois votées à l’unanimité, sans oublier le contrôle de l’action gouvernementale.
Renforcement des capacités des députés et du personnel parlementaire
En 2024, l’Assemblée nationale s’est faite remarquer par des actions de renforcement des capacités des députés et du personnel parlementaire sous le leadership de son président, surtout pendant ces derniers mois. En effet, le 23 décembre 2024, les travailleurs parlementaires ont été entretenus sur la vertu de la tolérance et de l’acceptation de l’autre. Le 10 décembre, il y a un atelier du bilan des activités de 2024 et la finalisation du Plan de travail annuel (Pta) 2025 à Grand-Popo à l’intention des cadres de l’Institut parlementaire du Bénin. On peut aussi noter l’atelier sur les conflits et l’extrémisme violent dans les Communes frontières, le 06 décembre 2024 à l’intention des députés. Les fonctionnaires parlementaires et députés ont bénéficié de plusieurs séminaires de formation.
Offensive diplomatique de Vlavonou
Comme à l’accoutumée, l’offensive diplomatique du président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, est marquée par les activités menées au plan externe caractérisé par les visites d’amitié et de travail, les participations des députés aux rencontres virtuelles et les rencontres nationales. A cet effet, la participation de Louis Vlavonou à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale du Togo a sensiblement marqué les esprits, le 1er octobre 2024. Pendant cette mission, il a échangé avec son homologue togolais, Sevon-Tépé Kodzo-Adédzé. Le lendemain, c’est-à-dire le 02 octobre 2024, il a rencontré le président togolais, Faure Gnassingbé, marquant un tournoi dans le renforcement des relations entre les deux pays. Comment tout cela s’est passé ? Avec l’affaire dite de l’enlèvement du frère Hounvi au Togo, d’aucuns affirmaient qu’il y a le refroidissement des relations bilatérales entre les deux pays. Pour beaucoup, c’est un exploit diplomatique réalisé par le chef du Parlement béninois par cette visite au Togo.
De même, par ses relations, Louis Vlavonou a pu tisser une coopération agissante avec la Chine qui s’est soldée par la réception d’un important don de matériels informatiques par l’ambassadeur de la Chine près le Bénin, Wei Zhang, le 16 décembre 2024. Pendant ce temps, le président de l’Assemblée nationale a reçu plusieurs personnalités du monde diplomatique. Une délégation de l’Union interparlementaire a été reçue, le 09 décembre 2024. Aussi, a-t-il échangé avec le nouvel ambassadeur du Japon près le Bénin, Hidéki Uezono, le 09 décembre dernier. Il a participé à la deuxième Assemblée générale de la conférence des présidents des Parlements africains à Accra, le 26 octobre 2024, après son déjeuner avec la presse parlementaire, le 24 décembre 2024.
Au cours de l’année 2024, mouvance et opposition ont préservé chacune sa virginité par la radicalisation des positions à travers des questions hautement politiques, sans entraver leur mission parlementaire. Mais, il n’est pas exagéré d’affirmer que l’année 2025 s’annonce tumultueuse, car elle est la dernière ligne droite pour les élections générales du 11 janvier 2025.
Jules Yaovi Maoussi (Br Ouémé-Plateau)