Attendu pour qu’il se prononce sur les attaques de deux positions du Bénin le jeudi 17 avril 2025 par des Individus armés non-identifiés (Iani), le gouvernement est sorti de son mutisme le mercredi 23 avril par le biais de son porte-parole. Tout en adressant les condoléances et compassions de l’Exécutif aux familles éplorées et à la Nation toute entière, Wilfried Léandre Houngbédji a déploré l’absence de coopération entre le Bénin et ses pays frontaliers au sein desquels sévit le terrorisme. Le secrétaire général adjoint a également insisté sur la nécessité de renforcer les capacités opérationnelles de l’Armée béninoise en logistique et en équipements, pour faire face à la menace. C’était le mercredi 23 avril 2025 après le Conseil des ministres, lors de sa traditionnelle rencontre avec les professionnels des médias. Ci-dessous, sa déclaration à la presse.
« Je voudrais avec émotion et non sans gravité réitérer les condoléances et la compassion du gouvernement à l’endroit des familles éplorées par le drame du 17 avril dernier ; condoléances et compassion également à l’endroit de toute la nation parce que chaque enfant du Bénin qui meure, c’est toutes les familles du Bénin qui sont éplorées, davantage quand il s’agit de plusieurs d’entre eux et dans le cas d’espèce, de 54 stabilisés, même si cela ne fait pas les 70 et plus que les gens ont annoncé, c’est beaucoup. Pour nous, une vie perdue, c’est beaucoup et davantage lorsque cela porte sur ce nombre-là. Les soldats qui sont tombés, ce sont nos enfants, parents et amis. Il est difficile d’en parler mais quand on sait les efforts que nous déployons sur ce front pour que le pays tienne et que ces enfants aient le courage de donner de leur vie pour nous défendre, on n’a pas de raison de baisser les bras et de ne pas y croire. Notre situation serait autrement plus facile, si nous avions une belle coopération avec les pays qui nous entourent dans lesquels le phénomène connait un développement exponentiel qu’on ne souhaite à personne. Mais lorsque vous savez que les points où ces attaques du 17 avril sont intervenues sont sur la ligne frontière, vous pouvez comprendre que si de l’autre côté de la frontière, il y avait un dispositif au moins comme le nôtre, ces attaques ne se dérouleraient pas de cette façon ou ne se produiraient même pas. Ce n’est pour accuser personne parce que nous sommes assez responsables. Nous ne battons pas notre coupe sur la poitrine des autres. Nous continuerons d’assumer nos responsabilités, de mettre les moyens qu’il faut, de recruter les hommes qu’il faut, de sensibiliser aussi et nous engageons également le commandement à être encore plus efficace et proactif. Ces personnes, c’est des criminels. En diffusant des vidéos, elles cherchent à humilier notre pays, à saper le moral de nos troupes et du pays. Encore une fois, nous n’allons pas céder car nous avons une conviction : tôt ou tard, nous viendrons à bout de ces criminels et de leur entreprise mortifère parce que une Armée régulière, bien équipée avec des hommes déterminés, des troupes en nombre suffisant, ne saurait battre en retrait face à des groupuscules de criminels même s’ils ont pour eux la cruauté et l’effet de surprise, le temps viendra où nos hommes se seront mieux habitués à leur mode opératoire et seront encore plus efficaces pour les repousser et les empêcher de prendre pied chez nous. C’est heureux qu’aujourd’hui chez nous, malgré toutes les tentatives, ils n’aient pas réussi à s’implanter chez nous. C’est cela qui montre que nous sommes dans l’effort. Si on ne faisait rien, la situation ne serait pas celle-là. Nous ne souhaitons pas perdre davantage d’enfants. A ce propos, je peux vous dire que depuis ces événements, le chef de l’Etat a eu des séances multiples avec le haut commandement militaire, ceux qui sont à l’opérationnel pour évaluer avec eux, la situation, les stratégies et voir quels sont les équipements commandés, ceux qui ne sont pas encore arrivés et en attendant est-ce qu’il y aurait d’autres besoins pour que nos soldats soient plus performants. C’est pour cela que je veux vous dire que tôt ou tard, à un moment ou à un autre, nous vaincrons ».
Propos recueillis pour Le Matinal par Abdourhamane Touré