Au Bénin, l’autonomisation de la femme est devenue une question assez préoccupante pour la paix et le progrès social, économique et environnemental. Des jeunes filles trouvent dans cette question un moyen de s’affranchir pour une relève. Elles s’adonnent de plus en plus à de petits métiers cumulativement avec leurs études.
Dans son atelier d’apprentissage en couture, Raliath Ayatodé est très affairée. Avec les commandes des clients, sa patronne la sollicite assez pour la confection de tenues vestimentaires. Cette étudiante en 2e année de Sciences juridiques au Bénin s’accroche à sa passion, avec optimisme.
« Aujourd’hui, où Il est indispensable de mieux protéger et investir dans le potentiel que représentent les filles et les femmes pour des sociétés plus productives et plus inclusives, il est d’une évidence pour la jeune fille de se lever tôt pour bénéficier du combat des ainées et mériter la confiance », confie-t-elle. Tout comme elle, nombreuses sont les étudiantes qui passent autant de temps en atelier qu’en amphithéâtre. Certaines voient à travers les métiers de couture, coiffure, cuisine leurs voies d’affirmation et d’autonomie.
Et le temps finit par leur donner raison. C’est le cas de Sandra Agbadjigan, styliste, pour qui il n’y a pas de gloire sans souffrance. « J’ai commencé la formation en couture après ma double licence en gestion des ressources humaines et communication à l’Ecole nationale d’économie appliquée et de management (Eneam). Malgré le décès de mon géniteur, je suis parvenue à surmonter les difficultés. Je puise ma force dans l’abnégation, la croyance en soi, la discipline, la rigueur et le travail bien fait », déclare-t-elle.
Chacune d’elles est consciente que la responsabilité de l’autonomisation de la femme revient d’abord à elle-même. Ainsi pour lever l’obstacle culturel surtout dans le domaine de la formation et de l’éducation contre l’autonomisation de la femme, elles n’hésitent pas à apprendre d’autres métiers bien qu’elles soient étudiantes.
L’autonomie dans l’art
Les étudiantes s’adonnent donc à de petits métiers pour avoir plusieurs cordes à leurs arcs, dans un contexte d’autonomisation de la femme. L’initiation aux métiers artisanaux est désormais pour beaucoup une nécessité pour mieux s’épanouir et s’affranchir en tant que relève de demain. Lauriane Landehou, technicienne de laboratoire, a désormais du plaisir à coudre. « Ce que tu sais faire manuellement paie beaucoup plus de nos jours », soutient-elle.
Pour Sandra Agbadjigan, il est grand temps que chacun efface de son esprit l’aversion pour les métiers artisanaux, pourtant gages d’une vie épanouissante. « Alors s’il est vrai que les formations artisanales comme la couture, la coiffure, la photographie et bien d’autres débouchent directement sur un emploi, pourquoi ne pas en faire, à côté de sa formation universitaire ? », se demande-t-elle.
D’autres vont plus loin et y voient l’opportunité pour la jeune fille de s’affirmer. Odry Agbessi Agro, chirurgienne plasticienne et présidente de l’association Volontaires itinérants pour le mieux-être de la population (Via-me), soutient que la jeune fille doit s’éduquer, s’outiller pour faire valoir ses potentialités. «Aujourd’hui, où le monde évolue à une vitesse supérieure, chacun cherche une voie de sortie. Les hommes ne veulent pas de femmes paresseuses; elle est obligée de sortir de sa caserne pour être elle-même active », soutient Raliath Ayatodé.
Mais cet engagement à s’accrocher à sa passion n’est pas sans difficulté. Concilier les études et la formation pratique n’est pas chose aisée. « Il faut avoir une bonne planification en termes de gestion du temps et le jeu est joué », conseille Sandra Agbadjigan. La styliste, photographe et écrivaine pense que « Le travail est assez puissant, formidable, magnifique et tout simplement magique puisque tout est possible par le travail ».
Pour le gouvernement du Bénin, le challenge d’investir dans les filles n’est pas nouveau. Par les actions et projets, le Bénin a considérablement enregistré des avancées et succès notables en matière de protection des filles, de leur droit à la santé sexuelle et de la reproduction et de leur maintien dans le système éducatif et d’apprentissage. Ainsi sur le site du ministère des affaires sociales et de la Microfinance, nous notons : la promulgation de la loi du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions à raison des sexes des personnes et de protection de la femme en République du Bénin dans laquelle même les relations amoureuses entre un enseignant et son apprenante est formellement interdite dans le but de maintenir les filles à l’école ; la promulgation de la loi modificative du 20 décembre 2021 relative à la santé sexuelle et de la reproduction en République du Bénin qui encadre l’avortement et protège les filles contre les conséquences de l’avortement clandestin, la promulgation de la loi modificative et complétive du 20 décembre 2021 portant Code des personnes et de la famille en République du Bénin qui donne la possibilité de transmission du patronyme par la fille si cela est souhaité, …etc.
En dehors de ces mesures, le Gouvernement du Bénin avec l’appui de certains partenaires, déploie de gros investissements pour la scolarisation des filles et leur maintien à l’école et offre une deuxième chance à celles déscolarisées afin d’assurer leur autonomisation professionnelle. Il déploie également le projet de l’Autonomisation des femmes et du dividende démographique (Swedd) qui assure l’offre gratuite de kits scolaires à de milliers de filles issues des ménages pauvres depuis 3 ans, la formation et l’offre gratuites de kits d’installation à 5460 filles déscolarisées et l’insertion professionnelle de 1200 filles diplômées sans emplois sur le territoire national.
Estelle Vodounnou (Coll)