Année préélectorale, l’actualité au plan politique en 2022 au Bénin a été principalement dominée par les préparatifs des Législatives prévues pour se tenir le 8 janvier 2023. Les autres sujets liés à la gouvernance n’ont cependant pas été occultés.
L’année 2022 est désormais derrière nous Au plan politique, elle aura été au Bénin une année relativement calme et détendue comparativement aux trois précédentes. La tension politique qui, depuis 2019, caractérisait le pays, a baissé d’un cran en 2022. Point besoin d’être un génie pour percevoir la raison de cette décrispation. En effet, contrairement à 2019, 2020 et 2021, l’année 2022 n’a pas été une année électorale. Il n’est pas un secret que les différentes élections organisées depuis 2019, ont été caractérisées par une vive tension dans le pays, le pouvoir ayant été taxé d’avoir malicieusement évincé ses principaux challengers que sont les partis de l’opposition de la participation à ces élections.
Vers des élections inclusives
Les élections législatives qui pointent se sont visiblement démarquées de ce schéma, car pour la première fois depuis 2016, le Bénin est en passe d’organiser une élection véritablement inclusive après l’éprouvante parenthèse de la réforme du système partisan. En effet, sept formations politiques sont années dans les starting-blocks de ce scrutin. Il s’agit des partis Bloc républicain (Br), Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), Union progressiste Le renouveau (Up Le renouveau), Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin), le Mouvement populaire de libération (Mpl) et l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) et « Les démocrates » qui a été repêché in extremis par la décision El 22-004 du 17 novembre 2022, rendue par la Cour constitutionnelle à l’issue de l’audience spéciale tenue le même jour. 6.600.572 électeurs sont attendus le 8 janvier prochain dans 17749 postes de votes logés dans 7986 centres de vote pour porter leur choix sur les différents partis en lice pour ce scrutin.
La Céna à la manœuvre
Préparatifs des Législatives oblige, 2022 aura été une année très laborieuse pour la Commission électorale nationale autonome (Céna), institution en charge de l’organisation des élections au Bénin. Sacca Lafia et son équipe se sont attelés depuis la mise en place des structures techniques de l’institution, intervenue fin février 2022, à la préparation du scrutin. Très tôt, le chronogramme des activités a été élaboré et l’institution s’est attelée à en exécuter les différentes tâches qui y sont prévues. Le point de l’exécution du programme est dûment fait aux partis politiques à la faveur des rencontres périodiques organisées par la Céna avec les délégués desdits partis. Les observations et inquiétudes formulées sont prises en compte et les goulots d’étranglement levés au fur et à mesure que le processus avance. De façon générale, aucun obstacle majeur n’a émaillé le processus électoral jusque-là. Cependant, il serait prétentieux pour l’équipe de Sacca Lafia de se frotter les mains. Il leur faudra attendre la suite du processus qui connaîtra son point d’orgue le 8 janvier prochain pour véritablement évaluer le travail de cette nouvelle mandature de la Céna pour qui cette élection reste un test grandeur nature pour cette équipe.
Soglo-Talon-Yayi, la paix des braves
L’année 2022 a consacré le rapprochement du président Patrice Talon d’avec ses prédécesseurs dans la fonction. Mercredi 08 juin 2022, Talon ouvre le salon d’honneur de la présidence à Nicéphore Dieudonné Soglo. C’est la troisième fois en l’espace de quatre mois que le Chef de l’Etat et l’ancien président de la république ont eu l’occasion de se voir et d’échanger. A l’instar des échanges de février 2022 entre les deux hommes, rien n’a filtré au sortir de l’audience. Mais on peut aisément deviner que la situation sociopolitique nationale a focalisé les échanges entre les deux personnalités. Dans la même journée, le chef de l’Etat a reçu Louis Vlavonou qui était pour la circonstance accompagné des anciens présidents de l’Assemblée nationale. Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Idji Kolawolé et Mathurin Coffi Nago. Même si aucune déclartion n’a été faite au sorti des échanges, le profil des personnalités reçues et le contexte des échanges, amènent à certifier que les prochaines élections législatives n’ont pas été exclues des sujets au cœur des discussions. Patrice Talon a probablement voulu recueillir de ses hôtes de circonstance, personnalités politiques dotées d’expériences avérées, quelques conseils dans la dynamique d’aplanir les divergences au plan politique afin d’affronter ces joutes électorales dans une ambiance fête, comme il l’a d’ailleurs clamé dans ses précédents discours. Absent du territoire lors de ces audiences, Boni Yayi sera à son tour reçu le 13 juin 2022. « Il m’a rassuré qu’il a tout enregistré et surtout qu’il marque sa disponibilité à maintenir ce dialogue permanent avec les responsables des institutions, des gens qui ont eu l’occasion déjà de gérer au sommet de l’Etat ou au sommet de nos institutions, de manière à ce qu’il en tienne compte dans sa vision en matière de gestion des affaires de notre pays. Monsieur le président, je vous dis merci pour ce tour d’horizon des questions qui sont sur la table en ce moment et qui ont trait à la consolidation de la paix. Encore une fois, merci pour votre disponibilité. En retour, moi-même je renouvelle ma disponibilité. A tout moment, si ma présence était nécessaire pour que nous puissions échanger, je reste toujours disponible pour le bonheur de tous les Béninois et de notre pays » a laissé entendre l’ancien chef d’Etat à la fin des échanges.
Des pas importants vers la cohésion sociale
Avec l’audience accordée à Nicéphore Soglo et Boni Yayi, la dynamique de dialogue se formalise et l’opposition dite formelle peut désormais se réjouir d’avoir eu un interlocuteur valable auprès de Patrice Talon pour porter ses desiderata. Ce cadre d’échanges est d’ailleurs nécessaire pour anticiper sur les crises sociopolitiques récurrentes que traversent le pays. Et c’est avec bonheur et grande joie que le peuple accueille l’annonce de Patrice Talon d’institutionnaliser ce creuset. « Nous allons formaliser ce cadre d’échanges et de contact » a notamment précisé le Chef de l’Etat à la fin des échanges avec son prédécesseur. Le format de la rencontre, le contexte, les sujets abordés témoignent de la volonté d’associer tous les maillons à la gouvernance de la cité. L’axe Talon-Yayi-Soglo constitue indubitablement un trio d’acier qui fera détendre l’atmosphère politique quand on sait que les turbulences politiques de ces dernières années gravitent autour de ces trois personnalités. En décidant de se donner la main, c’est le Bénin qui gagne. Le rapprochement des trois hommes augure déjà de ce que bon nombre de goulots d’étranglement pourraient être levés dans la perspective des prochaines élections législatives. Le renforcement de l’axe Talon-Yayi-Soglo va sans nul doute dissiper les lueurs d’incertitudes qui planent non seulement au sein de la classe politique mais aussi et surtout au sein des populations, ce qui fera des élections à venir, de véritables moments de fête, comme le souhaitent les masses populaires.
La réforme du système partisan à l’épreuve des contingences politiques
L’univers politique a été marqué 2022 par une agitation sans précédent avec des alliances entre partis politiques maquillées sous de fallacieuses appellations telles que mise ensemble, mise en commun. La rupture de l’Union démocratique du Bénin nouveau (Udbn) de sa fusion avec le parti Bloc républicain (Br), a mis à nu l’une des faiblesses majeures de cette réforme qui a été consciemment ou inconsciemment galvaudé dans le contexte politique béninois. Par ailleurs, la transhumance politique est l’une des tares que cette réforme n’a malheureusement pu corriger. Ainsi, à quelques mois des élections législatives, l’on a assisté à une recomposition de la classe politique avec des ralliements tous azimuts et parfois contre nature d’acteurs politiques. La piteuse scène, symptomatique d’une crise patente de convictions politiques, a mis à nu, tous les nuages et les quintes de toux qui grippent la réforme. Face à l’horrible scène, beaucoup de voix se sont élevées pour appeler à un remodelage de la philosophie de la réforme du système partisan et un toilettage intelligent de certaines dispositions de la Charte des partis politiques.
Djogbénou : de la Cour constitutionnelle à la politique
Telle une trainée de poudre, l’information relative à la démission du désormais ex-président de la Cour constitutionnelle, Joseph Djogbénou, s’est très vite répandue au sein de l’opinion, dans la matinée du mardi 12 juillet 2022. Beaucoup n’ont pas vu venir cette volte-face du professeur agrégé de droit privé. Même si l’opinion prête à l’homme des ambitions pour la magistrature suprême en raison de ses prises de contacts à relent politique. Alors que l’opinion continuait encore de supputer sur les tenants et les aboutissants de cette démission, la réponse ne tardera pas à venir. Samedi 16 juillet 2022 en effet, l’homme a été porté à la tête de l’Union progressiste, un parti dont il assure depuis lors les premiers rôles, succédant à Bruno Amoussou qui a fait ses adieux à la politique. Entre temps, le parti qui se réclame le plus grand de l’échiquier va renforcer son rouleau compresseur avec une nouvelle recrue : le Parti du renouveau démocratique (Prd). La fusion des deux formations politiques actée, le dimanche 21 août 2022, va induire une modification du nom du parti qui devient Union progressiste le renouveau. L’arrivée de l’ex-Prd va en outre déclencher une vague d’adhésions au nouveau parti, des ralliements symptomatiques d’une reconfiguration du paysage politique à la veille des élections.