Joint au téléphone hier, dimanche 7 novembre 2021 par le groupe de presse « Le Matinal » sur l’interpellation de son confrère Enosch Chadaré le 29 septembre dernier par des agents de la Police républicaine dans le cadre d’une enquête, le président de l’Union des jeunes avocats a reprécisé le sens de sa déclaration rendue publique. Brice Houssou en a profité pour rappeler qu’il est prévu des actions en justice contre tous les agents ou auteurs de cette situation afin de laver l’honneur du jeune avocat et de sa corporation.
Le Matinal : Pourquoi l’Ujab a-t-elle attendu plus d’un mois après les faits avant de les porter sur la place publique?
Brice Houssou : L’Union des jeunes avocats (Ujab) n’a pas attendu un mois après les évènements avant de porter sa position sur la place publique par une déclaration. Aussitôt que les évènements se sont produits il y a un mois, le bâtonnier et le Conseil de l’Ordre ont pris en main le dossier et étaient en train de prendre des mesures conservatoires pour rassembler des preuves pour des procédures à faire et par la suite dans le cadre de la réaction que nous devons avoir. Voilà pourquoi, la réaction publique n’a pas été immédiate mais il y a eu des réactions qui ont eu lieu dans l’ombre et c’est quand c’est mûr aujourd’hui que le débat a été porté sur la place publique.
N’aurait-il pas été plus judicieux d’intenter une action en justice pour obtenir réparation des préjudices causés à votre confrère?
Evidemment ! Il est prévu qu’il y ait des actions en justice contre tous les agents ou auteurs de cette situation que nous dénonçons. C’est d’ailleurs parce que nous avons envisagé dès le départ de mener des actions que nous avons pris ce temps. Vous n’êtes pas sans le savoir, un avocat, c’est des procédures et les procédures, c’est les preuves. Nous avons pris le temps de documenter la situation pour que les personnes concernées n’effacent pas éventuellement les traces.
D’après le porte-parole de la Police républicaine joint par le groupe de presse « Le Matinal », le gel des lieux aurait été fait avant l’arrivée de l’avocat.
Comme vous le dites, si le porte-parole de la Police républicaine dit que le gel des lieux aurait été fait avant l’arrivée de notre confrère, une fois que ce dernier est arrivé sur le terrain et qu’il a décliné son identité comme étant avocat et qu’il a appris que son client est sur les lieux, les agents de la Police républicaine qui étaient présents pouvaient lui signifier que les lieux étaient quadrillés et lui demander de rentrer chez lui. D’ailleurs, ils lui ont dit de rentrer mais pas de façon correcte. Lorsqu’un avocat se présente, il y a une manière de lui parler et de lui faire comprendre que sa présence n’est pas souhaitée sur le terrain. Les policiers le savent mais ils ont choisi d’être brutaux et violents. C’est ce que nous dénonçons. Ce qui est curieux dans l’affaire, ils ont gelé les lieux. Ils ont fini par dire à l’avocat de rentrer chez lui. Il s’en allait quand ils ont encerclé sa voiture, l’ont pris, l’ont violenté et l’ont jeté dans un pick-up pour le conduire dans un Commissariat comme un malfrat. C’est inadmissible ! C’est cela le problème. Du moment où le confrère a expliqué qu’il est allé assister son client, les agents de Police ne devraient pas agir de la sorte. C’est ce comportement de leur part que nous dénonçons.
Estimez-vous qu’il y a violation des droits de la défense dans ces cas ?
Evidemment qu’il y a une grave violation des droits de l’homme mais de la défense. L’avocat n’était pas en position de défendre un client. C’est lui-même l’avocat qui a été violenté. Il s’agit d’une violation gravissime des droits de l’homme et de ceux de l’avocat dans le cadre de l’assistance qu’il doit porter à un client. Beaucoup de textes de la République ont été violés. Même le fait qu’il l’ait gardé à vue pendant des heures, les règles légales de la garde à vue telles que prévues par le Code de procédure pénale n’ont pas été respectées. C’est une violation massive des droits du citoyen et plus particulièrement des droits de l’avocat sur toute la ligne. Vous convenez avec nous que nous ne pouvons pas laisser passer un comportement du genre. Nous allons protester, dénoncer avec la dernière vigueur jusqu’à ce que les autorités nous entendent et prennent leurs dispositions pour que cela n’arrive plus jamais dans ce pays. La robe est sacrée. L’avocat a droit au respect dans l’exercice de sa profession. Nous les avocats, nous respectons les Forces de défense et de sécurité lors de leur travail. Elles aussi ont l’obligation de faire pareil avec nous dans le cadre de notre exercice. Nous sommes tous de la compagnie judiciaire. Les avocats, ce n’est pas une association. C’est une loi de la République qui a créé l’Ordre des avocats. Ils méritent donc respect quand ils font leur travail. Nous attendons les excuses publiques de ces agents et de leur hiérarchie. Comme je vous l’ai dit, le bâtonnier, le Conseil de l’Ordre et le confrère en question en déjà pris toutes les dispositions pour que les actions judiciaires idoines soient engagées pour qu’on lave l’honneur de ce confrère et l’honneur de l’ensemble de la profession à la mesure de l’affront que nous avons subi.
Que prévoient les textes en la matière ?
Vous l’avez constaté, l’Ujab dont je suis le président a pris une position publique. Nous avons fait un communiqué que nous avons diffusé partout dans le monde entier pour dénoncer cette situation, la condamner et interpeler les autorités à tous les niveaux pour que cela ne se répète plus jamais. Vous l’avez bien suivi, notre communiqué finit par la phrase : Plus jamais cela au Bénin.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi