Réuni en conseil des ministres le mercredi 11 décembre 2024, le gouvernement s’est penché sur les conditions de commercialisation du soja grain pour la campagne 2024-2025. A l’occasion la mesure d’interdiction de l’exportation du soja par voie terrestre, a été réitérée et les ministres concernés ont subséquemment été instruits à l’effet de veiller à son respect.
En sa séance du 12 octobre 2022, le conseil des ministres a adopté le projet de décret portant conditions de mise en œuvre de l’interdiction d’exportation des noix brutes de cajou et du soja grain et que ledit décret fixe au 1er avril 2024, l’échéance au-delà de laquelle l’exportation de cette spéculation ne serait plus possible sans transformation préalable. Au regard des concessions faites par le gouvernement et des mesures contenues dans la décision de novembre 2023, il n’y a plus de raison objective de vouloir faire sortir le soja béninois par voies terrestres et surtout détournées. Les conséquences fâcheuses de la sortie frauduleuse du produit révèlent que cette pratique ne profite à personne. En effet, cette pratique est fortement nuisible aux efforts d’industrialisation en cours dans notre pays et à la création des nombreux emplois qui en résultent. A titre illustratif, des milliers d’emplois pourraient être en péril si la Gdiz arrivait à manquer de matières premières pour faire tourner de façon optimale ses industries. Par ailleurs, cette pratique constitue également un risque pouvant affecter gravement à long terme les intérêts des acteurs eux-mêmes en fragilisant leur Interprofession autant qu’elle compromettrait la diversification des sources de création de richesses pour l’économie nationale. Dès lors, il s’avère impérieux de sensibiliser sur la nécessité d’aller vers une structuration de la filière soja pour soutenir la politique de transformation structurelle de l’économie béninoise plutôt que de penser à l’intérêt individuel immédiat.
Une option objective
Il s’agit là d’une démarche réaliste du gouvernement dans la mesure où il a été démontré qu’aucun pays au monde ne saurait se développer réellement en se contentant d’exporter de façon brute ses matières premières. La transformation sur place de cette production permettrait, entre autres, de créer de la valeur ajoutée, développer des chaînes de valeur du soja ; ce qui ne serait pas possible avec l’exportation du soja grain. Les acteurs sont donc invités à saisir cette perche du gouvernement en montrant leur bonne foi pour un déroulement sans accrocs de la campagne et surtout la relance de la filière. Pour rappel, le gouvernement du Bénin a enclenché un vaste chantier d’industrialisation de l’économie nationale. Ce qui se traduit par une politique volontariste de disponibilité et de fourniture de l’énergie électrique de qualité, la mise en place de la zone économique spéciale de Glo-Djigbé conçue pour faire du Bénin un hub industriel, une fierté pour le pays et qui commence à attirer beaucoup d’investisseurs avec comme vocation principale la transformation de produits agricoles comme l’ananas, le karité, le soja, le coton.
Les prix officiellement retenus
La nouvelle campagne de commercialisation du soja a effectivement démarré le 5 décembre 2024 et s’achèvera le 30 avril 2025. Le prix d’achat au producteur officiellement retenu est de 275 Fcfa/kg pour le soja grain conventionnel et 325 Fcfa/kg pour le soja grain biologique. Ce prix connaît une nette amélioration relativement à celui pratiqué à la campagne 2022-2023. Ce prix d’achat est le fruit des délibérations de l’Interprofession soja dont la mission est de défendre les intérêts des producteurs et des transformateurs et aussi de fixer les conditions de commercialisation. C’est donc un prix convenu entre acteurs et le gouvernement est resté conforme à son option, depuis décembre 2022, laquelle a été réaffirmée dans une décision du 16 novembre 2023, à savoir laisser les acteurs librement fixer les conditions de déroulement des opérations d’achat, de vente, de transport, les prix, les dates de démarrage et de fin des opérations. La dernière campagne a donné une production de 520.929 tonnes ; ce qui traduit la bonne santé de la filière car en 20 ans, le Bénin est passé de 5 mille tonnes à plus de 200 mille tonnes. En 2016, la production était à 110 mille tonnes et au cours de la campagne 2019-2020, une production de 257.000 tonnes. Cela fait émerger une autre filière à côté de celles qui sont déjà structurées et contribuera à consolider l’économie béninoise, car cela est de nature à générer des revenus importants au profit des acteurs, et des retombées significatives pour l’économie nationale. Cette embellie fait malheureusement face à certaines difficultés dues surtout à l’action de l’homme et qui sont susceptibles d’être préjudiciables à l’essor de la filière et aux efforts d’industrialisation en cours au Bénin.
Gabin Goubiyi