Le journal Le Matinal pleure depuis le 19 novembre 2024, l’un de ses anciens Directeurs de publication. Il s’agit de Aubin Rogatien Towanou qui est passé de vie à trépas. Qui, mieux que ses collaborateurs et collègues de service d’alors peuvent mieux parler de lui? Approchés, certains parmi eux ont témoigné sur l’homme. Entre rigueur professionnelle et amitié, ils gardent du défunt de très bons souvenirs. Ci-dessous, quelques témoignages.
Boubacar Boni Biao, ancien Chef Desk politique et Dp intérimaire « Il était un collègue admirable »
«Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez; On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes; On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil, La sombre égalité du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospère ; Car tous les hommes sont les fils du même père ; Ils sont la même larme et sortent du même œil. On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil; On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe, On monte. Quelle est donc cette aube? C’est la tombe. Où suis-je ? Dans la mort! ». C’est par ces vers de Victor Hugo que j’ai voulu te rendre ce vibrant hommage, à toi Aubin Towanou, qui nous as quitté si brutalement. Chaque vie est appréciée et chérie, et rien de ce qui est aimé n’est jamais perdu ou péri. Le réconfort d’avoir un ami peut être enlevé, mais pas celui d’en avoir eu un. Je me joins à tes amis pour présenter mes sincères condoléances à ta famille, tes parents, tes proches et leur témoigner tout mon soutien dans ces moments si délicats.Toutes mes pensées les accompagnent en ce moment si difficile. Aubin Towanou était une personne authentique et appréciée. Il était un collègue admirable, et il restera à jamais dans ma mémoire et dans mon cœur. Son flegme, son calme olympien en toutes circonstances et son intellectualisme m’ont toujours impressionnés. J’ai encore en mémoire ce jour du 08 janvier 2001, date à laquelle on s’est rencontré pour la première fois dans la salle de rédaction du quotidien Le Matinal. On venait de prendre service après avoir été recruté en tant que journalistes en même temps que Franck Kpotchémé, pour animer le Desk Politique du journal. C’etait la première fois que je travaillais dans un organe de presse écrite privée, après avoir été formé et avoir travaillé à l’Agence Bénin Presse (Abp). Ce jour-là, toi, Franck et moi, nous nous sommes retirés dans un bar après et avons partagé quelques moments suite à nos discussions avec les responsables de Le Matinal sur nos conditions de travail. Les présentations faites, nous avons décidé de marquer de nos empreintes, le quotidien Le Matinal. J’ai tout de suite perçu en toi une parfaite capacité d’analyse des choses en toute froideur et avec lucidité. Ensemble nous avons pris l’engagement de relever le défi que nous ont laissé les précurseurs de Le Matinal par notre professionnalisme. Et c’est ce que nous avons fait jusqu’à ce que chacun de nous se soit séparé de ce journal avec les nombreuses distinctions en matière de journalisme sur le plan national et international. Ce fut des moments très importants dans ma carrière de journaliste. Je me rappelle également de ce malheureux accident de circulation auquel tu as survécu cette nuit fatidique au moment tu rentrais à la maison à moto avec Florian Zinzindohoué et Euloge Atindogbé. Poursuivi par les services de renseignements de feu Général Mathieu Kérékou. Tout le groupe de presse Le Matinal a été affligé en recevant cette mauvaise nouvelle. Tu t’en es tiré avec un handicap à vie dont tu as eu la peine à te relever. Tu as courageusement accepté ton sort et poursuivi ta vie jusqu’à ce jour où Allah Azawagel t’as rappelé à Lui. En ce jour si triste, j’ai une pensée à tes enfants, à ta famille et à tes proches. Je suis très heureux d’avoir partagé avec toi une partie de ta vie. Toi qui avais l’art de cultiver l’amitié et la bonne humeur, tu rendais tous ces moments joyeux et uniques. Comment les oublier, alors qu’ils font partie intégrante de la personne que je suis ? Tu étais un ami fidèle et généreux, une personne unique que je continuerai à chérir jusqu’à la fin de ma vie. Que des souvenirs heureux nous accompagnent et nous aident à dépasser les douleurs d’aujourd’hui».
Fidèle Nanga, ancien Directeur de publication: «Il fallait le connaître et le côtoyer»
« Cette triste nouvelle est bouleversante. Elle m’a profondément touché. Je suis très attristé. En pareille circonstance, on manque de mots pour exprimer sa douleur. S’il faut faire un témoignage à son sujet, je n’en finirai pas, puisque nous avons été très proches, depuis nos années passées au quotidien Le Matinal jusqu’à la fin de son séjour terrestre. Les bonnes choses ne durent, dit l’adage. Aubin Towanou a été quelqu’un d’unique. Sur le plan professionnel, c’est l’homme qu’il fallait connaître. Ses expériences, sa détermination à chercher le travail parfait, son engagement sans faille, son professionnalisme, son réalisme et surtout son courage resteront pour moi des sources de motivation. C’était celui qui était fécond en idées nouvelles et approches de solutions. Ce qui lui a même valu le surnom « sachant » de la part de ses proches. Ou encore l’Ayatolla en référence à son penchant à bien d’autres préférences uniques. Nombre de ses choix auxquels je m’identifie encore se révèlent souvent justes avec le temps. Aubin n’aime pas la paresse, encore moins l’amateurisme. Chez lui, c’est le professionnalisme et le résultat qui comptent.
Quel que soit le problème, il reste convaincu qu’une solution sera trouvée. Ce qui m’a aussi marqué chez lui, c’est cette confiance qu’il avait en moi. Je ne pouvais pas l’imaginer, vu les chantiers et missions auxquels il m’associait. Quand quelqu’un comme Aubin vous fait confiance à ce point, il faut en faire le témoignage. Nous sommes avancés sur d’autres projets, mais hélas…! On en restera là. Puisse le Seigneur l’accueillir dans sa maison pour cette nouvelle expérience à laquelle il l’a invité. Demandons au Tout puissant créateur de lui accorder juste une récompense pour le bien et le bonheur qu’il a partagé avec les hommes de son vivant. En pareille circonstance, que sa famille, ses proches puissent trouver réconfort auprès du Seigneur. Repos éternel à mon DP, un grand homme ».
Florian Zinzindohoué, ancien graphiste à Le Matinal: « Aubin Towanou avait une très belle plume »
«Comme Dp Le Matinal, Aubin Towanou avait une très belle plume. Il avait de la rigueur dans le travail. C’est un Monsieur qui faisait son travail à la perfection et tout allait bien à la rédaction. Quand il faut sanctionner, il le faisait aussi mais c’est très rarement parce que chacun faisait son job comme il le fallait. Ce que je retiens particulièrement du Dp Aubin, il ne prend jamais le même chemin pour rentrer cher lui après le bouclage. C’est comme cela ce 26 janvier 2006, nous avions pris la voix d’Atinkanmey et en face de l’Église St Michel, on avait bifurqué à gauche. De là, on avait suivi le boulevard St Michel pour tomber vers le commissariat central. Et là encore, on tombe sur le trafic local pour l’Etoile rouge. C’est environ à 100 m de la station service à l’angle droit que nous avions chuté. Et là, tenez-vous tranquilles. On était tous les deux encore sur la moto qui glissait sur les pavés et faisait des étincelles sur au moins 50 m. A cette époque, personne ne parlait encore de casques. On pouvait facilement cogner nos têtes aux betons séparant la chaussée et le trafic local. Quand la moto a fini sa course, mon premier réflexe était de voir mes blessures, si j’en avais bien sûr. Curieusement, je n’avais rien eu si ce n’est pas le bout de ma chaussure Adidas pied droit que j’ai perdu. Puis je m’étais approché du Dp rejoint par Euloge Atindogbé, en lui demandant s’il pouvait se lever. Et là, il me dit avec un calme, « Florian, il me semble que je ne sens plus mes pieds ». J’ai tenté de le relever mais il a hurlé si fort que j’étais obligé de le ramener à la position initiale. Et pendant qu’on y était, il y avait déjà un monde fou. Comme de la magie, les sapeurs-pompiers aussi étaient déjà là. Ils ont embarqué Aubin grâce à leur civière. Direction Hôpital St Luc. Ce jour-là, le Cnhu était en grève. J’étais allé chez le Dp pour tenir informée son épouse. Il y a juste une rue qui nous sépare. Son domicile est juste à côté de l’ancien député Yahouédéou à Sainte Rita.Après cet accident, Aubin a écrit un roman qui s’intitule « Quand la médecine tue impunément ». C’est un roman que je vous recommande expressément. Cher Dp, tu as fini ta course. Vas et reposes en paix ».
Jean-Claude Kouagou, ancien Dp de Le Matinal: « Je garde le souvenir d’un homme vertueux, humble et perfectionniste dans le travail »
« En ce jour du Seigneur, j’ai finalement eu l’occasion de laisser un mot de condoléances, après un séjour de près d’un mois à Natitingou, d’où la nouvelle de ta disparition m’est parvenue ce 19 novembre, en présence d’un de nos amis communs, Moudachirou Soubérou, accompagné du Vice-président de l’Odem, Firmin Gbèkan, ancien collègue au journal « Le Matinal ». Tristesse, consternation, puis silence! Chacun de nous trois chercha à appréhender les circonstances d’une telle mort aussi brutale. Mon frère Barthélemy Kouagou, qui est venu à ton secours, pour enfin vivre les circonstances d’une telle tragédie, en gardera long souvenir. Dp (Directeur de Publication) sous-entendu du Quotidien « Le Matinal », ainsi que je t’appelais, je garde de toi, le souvenir d’un homme vertueux, humble et perfectionniste dans le travail. Professionnel de la plume en journaliste; tu es allé, plus loin lorsque ton accident t’a conduit dans les lits d’hôpitaux. Ecrivain, j’ai toujours eu du plaisir à te lire, à lire plusieurs bibliographies, inspirées de grands sujets de société, de politique et d’économie. « Quand la médecine tue impunément », « Lettre à ma fille », « Pauvre CFA », ces quelques titres de tes livres illustrent bien mes affirmations. Face à l’évidence de la mort, Cher Aubin, je prie pour ta famille que tu as laissée dans la détresse. Je prie aussi pour le repos de ton âme. Toi qui as forgé l’éveil de l’esprit humain. Toi qui as manifesté ton amour à tes semblables, le Seigneur saura le réserver la place qui te convient auprès de lui. Dors en paix. Adieu Aubin ».