Le Bénin possède une cartographie complète du pays, et cela, à une échelle jamais atteinte en Afrique francophone. Un outil de développement économique indispensable.
De l’avis de plusieurs spécialistes de la question comme le professeur Albert Honlonkou, la cartographie numérique fait référence à l’utilisation de technologies pour créer, stocker, analyser, gérer et afficher des données géospatiales sous forme de cartes. Cela inclut des Systèmes d’information géographique (Sig), les images satellitaires, la cartographie assistée par ordinateur, etc. Ces outils permettent de représenter des données probantes spatiales de manière visuelle, interactive et précise. Les données probantes sont des informations, des preuves ou des éléments de preuve qui sont recueillies de manière rigoureuse et systémique dans le but de soutenir ou de réfuter une hypothèse ou une théorie. Ces données sont généralement obtenues à partir des méthodes de recherche empirique. A ce titre, une carte numérique est une représentation spatiale des résultats de recherche. Elle est essentielle pour une pensée rapide. Pour le professeur Orékan Vincent, il existe deux types de cartographie : la cartographie analogique et la cartographie numérique. La cartographie numérique est un système de géolocalisation par satellite qui permet de déterminer les coordonnées géographiques de n’importe quel point situé à la surface du globe avec une grande précision.
Changement climatique
Dans le domaine du changement climatique par exemple, la visualisation d’une carte numérique du Bénin portant la température et la pluviométrie moyennes annuelles par commune permet de penser rapidement aux communes prioritaires en ce qui concerne les projets agricoles d’adaptation au changement climatique (gestion des ressources, planification territoriale du développement). Si un projet agricole est mis en œuvre (prise de décision économique), la comparaison diachronique des cartes numériques de rendements moyens permet de déterminer la réussite ou non du projet (suivi et évaluation des politiques de développement, communication des résultats de recherche d’études d’impact). Un exemple similaire peut être construit pour tous les 16 autres Odd. Ceci fait de la carte numérique un outil important d’évaluation, de suivi et de promotion des objectifs de développement durable.
Une meilleure gestion des espaces frontaliers
A la faveur du projet d’appui à la préservation et au développement des forets galeries et production de cartographie de base numérique (Papdfgc) mis en œuvre à partir de 2014, le Bénin a procédé au renouvellement de la carte topographique de base aux échelles 1/50000 et 1/200000 en 2018. Les supports issus de ce renouvellement facilitent désormais l’exécution de plusieurs activités dont la gestion des espaces frontaliers et la gestion de la sécurité. L’espace frontalier découle d’un processus historique marqué par la colonisation de l’Afrique de l’Ouest qui a mis en compétition les puissances coloniales occidentales. Aujourd’hui, le Bénin partage 1922km de frontières avec ses quatre voisins : le Nigéria, le Niger, le Burkina Faso et le Togo et renferme 34 collectivités territoriales ayant une ouverture directe sur un pays voisin. Cette situation implique des défis sécuritaires, vu la porosité desdites frontières. Une analyse des ventes, des commandes et des demandes d’assistances techniques de l’Institut géographique national (Ign) et d’autres acteurs montre un engouement sans précédent des structures qui ont à charge la gestion des espaces frontaliers et la sécurité au Bénin. Elles ont compris que la cartographie numérique permet de visualiser un espace donné, de l’analyser, de le modéliser et de simuler des scénarii de crise. La contribution de la cartographie numérique en tant que supports numériques disponibles et les ressources technologiques utilisées, la formation et le niveau de pratique des acteurs sont autant de facteurs qui déterminent selon Eric Boton, la qualité de la gestion des espaces frontaliers et de la sécurité au Bénin.
Un outil qui fait bon ménage avec le Pag
L’aménagement du territoire consiste à répartir harmonieusement sur le territoire national les hommes, les activités, les outils d’éducation, les infrastructures de transport. Elle se veut correctrice des déséquilibres géographiques, entre régions, entre villes et campagnes, entre zones dynamiques et zones déshéritées. Procéder à l’analyse spatiale de la répartition des actions d’aménagement sur l’ensemble du territoire national en vue de déceler les disparités régionales et de les corriger. Ceci permet de promouvoir l’équité territoriale, gage d’un bon aménagement. Pour aménager un territoire, il faut le connaître précisément à travers l’analyse spatiale des dynamiques territoriales et de la répartition des hommes, des activités, des infrastructures et équipements. L’analyse spatiale peut se faire selon Benjamin Adjé de l’Agence nationale pour l’aménagement du territoire suivant les axes ci-après : apprécier la répartition spatiale des projets sur le territoire national pour déceler les éventuelles disparités qui subsistent entre les régions, en vue d’un rééquilibrage régional suivant le principe de l’équité (aménager un territoire selon sa fonction et ses réalités). Analyser la cohérence de l’ancrage des actions de développement en conformité avec les besoins spécifiques et surtout de la vocation de chaque territoire. Cet exercice constitue véritablement un gage de développement harmonieux et durable du territoire national. Il va soutenir plus loin que les résultats de l’analyse spatiale permettent de décider du recadrage et de la réorientation des actions des secteurs de développement. Cet exercice répétitif n’est possible que si l’on dispose de données géographiques relatives aux projets du Pag répartis dans les portefeuilles des ministères sectoriels et aux dynamiques territoriales. Lesdites données sont indispensables à la réalisation des cartes thématiques grâce aux Systèmes d’information géographique (Sig) tels que Arcgis, Map Info Qgis, etc. Ceci montre combien le Pag et la cartographie numérique sont importants pour la prise de décision orientée de développement durable du territoire.
Sergino Lokossou