Le jeudi 26 juin 2025, Fatoumatou Batoko a soutenu sa thèse de doctorat à l’école doctorale pluridisciplinaire « Espace, cultures et développement » (Edp-Ecd) de l’Université d’Abomey-Calavi. Inscrite en formation doctorale en Géographie et gestion de l’environnement, option « Géosciences de l’environnement et aménagement de l’espace », spécialité « Genre, sécurité alimentaire et nutritionnelle », la doctorante a présenté ses travaux de recherche sur le thème : « Genre et sécurité alimentaire : Analyse de la contribution des femmes et des jeunes à l’atteinte de la sécurité alimentaire dans la commune de Zè (Sud-Bénin) ».
Dirigée par le Professeur Sylvain Vissoh, sa thèse a été examinée par un jury composé de personnalités académiques de renom avec comme président du jury, le professeur Gibigayé Moussa (Université d’Abomey-Calavi) ; rapporteur, le professeur Sylvain Vissoh ; examinateurs : professeure Sidoine Clarisse Hédiblè (Uac), Dr Diobo Kpaka Sabine (Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo, Côte d’Ivoire) et Dr Nikiema Edwige (Université Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso). Dans un contexte mondial marqué par l’augmentation de l’insécurité alimentaire, cette recherche s’appuie sur un constat alarmant : au Bénin, près de 10% de la population (soit environ un million de personnes) vit en insécurité alimentaire, selon le Pam (2018). La commune de Zè, située au Sud du pays, n’échappe pas à cette réalité. Les productions agricoles, notamment les cultures de base comme l’arachide, connaissent des baisses significatives, et l’accès régulier à une nourriture de qualité demeure un défi.
Objectifs de la recherche
Fatoumatou Batoko a centré son étude sur deux catégories de population : les femmes et les jeunes, qui représentent ensemble plus de 60 % des habitants de Zè. Plus de 80 % des femmes et 60 % des jeunes de la commune sont impliqués dans l’agriculture. Leur rôle est donc déterminant dans la construction d’une sécurité alimentaire durable. La question centrale de l’étude a été de savoir quelle est la contribution des femmes et des jeunes à la sécurité alimentaire dans la commune de Zè ? Des résultats principaux obtenus de cette question centrale, nous avons la vulnérabilité élevée et la participation active mais sous-valorisée. S’agissant de la vulnérabilité élevée, l’enquête a révélé une insécurité alimentaire marquée, avec des superficies agricoles en diminution et des prix alimentaires en hausse. 85 % des personnes interrogées affirment ne pas pouvoir se nourrir convenablement toute l’année. Pour ce qui est de la participation active mais sous-valorisée, il faut dire que les femmes et les jeunes contribuent à plus de 40 % à la sécurité alimentaire de leur ménage, malgré des moyens limités et des contraintes structurelles.
Des pistes concrètes d’amélioration
La doctorante propose plusieurs mesures pour renforcer cette contribution. Il s’agit de la sensibilisation à l’utilisation des outils de planification spatiale et gestion du foncier ; la promotion des techniques agricoles innovantes (ex. : culture hors sol) ; la reconnaissance des femmes et des jeunes comme acteurs de premier plan, et non comme simples bénéficiaires. A ces mesures s’ajoutent la création d’un cadre de concertation local « gagnant-gagnant » ; les campagnes d’alphabétisation ciblées et la formation à la gestion nutritionnelle des récoltes au sein des ménages. Il est à rappeler que la soutenance de Fatoumatou Batoko met en lumière un levier sous-exploité dans la lutte contre l’insécurité alimentaire : l’autonomisation et la responsabilisation des femmes et des jeunes. Son travail apporte des données utiles pour orienter les politiques locales de développement agricole et social, notamment dans les zones rurales.
Léonce Adjévi