(Retour sur les lieux du drame 24 heures après)
La localité de Sèmè-Kraké dans la commune de Sèmè-Podji, une ville frontalière avec le grand voisin de l’Est, le Nigéria a été secouée dans la matinée du samedi 23 septembre 2023 par un géant incendie qui a tout ravagé sur son passage. Des pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels ont été dénombrés. 24 heures après, la rédaction de votre quotidien « Le Matinal » a fait un tour sur les lieux du drame pour un constat. Lisez !
Il est 9 heures ce dimanche 24 septembre 2023 soit exactement 24 heures après le passage des flammes dans cet entrepôt de stockage de l’essence à Sèmè-Kraké. L’émotion est encore lisible sur les visages des populations; la désolation est grande devant cette scène macabre du feu qui a tout consumé laissant derrière lui des dizaines de familles en larmes. Des riverains de la zone aux simples visiteurs en passant par les membres des familles éplorées voulant vérifier l’information, personne ne pouvait rester insensible à ce spectacle douloureux qui laisse sans voix. Beaucoup ne voulaient pas y croire, mais le constat est là et bien visible. Un grand magasin d’entreposage de l’essence de contrebande complètement consumé, des motos à trois roues calcinées, des bidons d’essence brûlés, des véhicules réduits en cendres, des boutiques lynchées par les flammes de la veille. C’est tout ce qu’on pouvait encore voir après cet incendie qui a été provoqué selon un communiqué du Procureur de la République près le Tribunal de Porto-Novo par un déchargement d’une bonbonne d’essence frelatée causant ainsi plus d’une trentaine de morts. Selon les populations rencontrées sur-place, le nombre de décès survenus suite à cet incident est nettement supérieur à ce qui est ventilé dans l’opinion publique. A en croire dame Denise, commerçante de l’essence, elle venait juste de sortir de l’entrepôt où elle s’est ravitaillée quand dix minutes après l’incendie a commencé. « Quand je vois le nombre de personnes qui achetaient là au moment des faits, je pense que le nombre de morts est nettement supérieur à trente comme nos autorités le font croire. Nous pouvons dénombrer plus de cinquante quand on sait qu’il y a certaines personnes qui ont été totalement réduites en cendres », a-t-elle laissé entendre. Une information confirmée par un témoin oculaire qui a voulu se prononcer en anonymat. « Moi j’ai sauté de la maison quand le feu a pris. Personne ne peut dire avec exactitude le nombre de décès », a-t-il confié. Dans le rang des personnes rencontrées sur les lieux, il y avait des membres des familles qui ont effectué le déplacement pour vérifier s’ils pouvaient avoir des informations quant à la survie ou non de leurs proches. Cela, sans compter sur le fait que le site a été interdit d’accès par les autorités judiciaires.
Un cordon de sécurité instauré
A l’entrée de l’entrepôt, une équipe de la Police républicaine composée de quatre hommes est de garde pour veiller au grain et assurer la sécurité des lieux conformément aux instructions des autorités. « Vous ne pouvez pas entrer, ni prendre des photos ou filmer quoi que ce soit », nous a répondu le chef d’équipe qui a complété que pour toutes informations, il faudra se rendre au commissariat. Une situation qui suscite de l’indignation dans le rang des populations qui sont très révoltées. « C’est maintenant vous avez vu qu’il faut placer des policiers après que nous ayons perdu nos familles. Nous n’avons pas vu nos proches, il faut qu’on nous dise s’ils sont à l’hôpital ou déjà décédés », a lancé Dossou, un citoyen rencontré sur les lieux. Tout comme lui, il y a aussi des Nigérians qui, ayant appris la situation, sont passés constater l’effectivité. A en croire les riverains, les autorités maîtrisent bien cet endroit, bien qu’il soit traité d’informel sur les chaînes hier. Une dame nous a confié que le magasin a été réquisitionné par la douane béninoise pour stocker l’essence et vendre. De facto, il n’est plus permis aux revendeurs de s’approvisionner ailleurs dans la zone. C’est le lieu de regroupement de beaucoup de commerçants. « Une dame enceinte et presque à terme a aussi perdu la vie dans cette effroyable scène. Elle avait demandé l’argent à son mari pour aller en consultation. Elle a fait un saut dans le dépôt pour vérifier ses marchandises quand le feu a pris », s’est désolée Armanda, revendeuse de l’essence aussi. De même, un garçonnet a été sauvé des flammes samedi. Il est sorti après l’extinction du feu. Selon les explications, il a été caché dans les toilettes par un individu. Il faut noter que malgré que le feu soit maîtrisé, le drame continue de tourner dans les pensées des populations qui ne sont pas prêtes à l’oublier de si tôt.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)