Kouokam Kamtchueng, manager du centre communautaire sportif et culturel Eya, promet mettre son talent au profil de la jeunesse béninoise pour dénicher et mettre en avant les potentiels Africains divers. Portrait d’un homme déterminé et visionnaire.
Mince et svelte, Kouokam Kamtchueng nous a accueilli à l’entrée du centre Eya avec un air sympathique. A première vue, son apparence ne nous laisse pas croire qu’il est quadragénaire. Avec une voix vibrante et ferme à l’articulation, Kouokam Kamtchueng est sûr de lui lorsqu’il parle de son amour profond pour son métier de Manager dans le centre communautaire de Cotonou. « Je suis diplômé en management des sports et loisirs. J’ai dirigé un centre de loisirs au Cameroun (Kadji sports Academy) et j’ai eu aussi l’opportunité de travailler en France pendant plusieurs années. Je suis arrivé au Bénin à la tête du centre en juillet 2021. Mon travail consiste à coordonner les différents projets mais aussi à coordonner les différents acteurs du centre». Manager, enseignant, coach, créateur de programmes pédagogiques, encadreur, entraineur, designer et même monteur-vidéo, Kouokam Kamtchueng s’est retrouvé avec plusieurs casquettes à son nouveau poste dès son arrivée. «Eya est récent et son potentiel est immense. Notre équipe étant restreinte, la polyvalence est incontournable ici». Tout ce travail engendre logiquement des difficultés, difficultés auxquelles il remédie à l’aide de ses valeurs. « Ce qui me motive, ce qui me donne la force de faire ce que je fais, c’est mon ambition pour la jeunesse africaine ». Pour lui, cette jeunesse africaine est le trésor le plus important de l’Afrique, bien au-delà de toutes matières premières dont il est souvent question lorsque l’on parle du potentiel africain. Car, malgré un passé parfois douloureux et compliqué, l’Afrique a actuellement une population jeune et dynamique, là où d’autres auraient probablement disparu de la terre: « Si nous sommes encore debout malgré de terribles épisodes historiques sur les derniers siècles, c’est que notre civilisation est bien plus forte qu’elle ne le pense. Mon ambition pour la jeunesse part de ce constat. Mon rôle est de tirer sur les bons leviers pour activer ce réveil, l’accélérer et l’orienter pour rendre sa grandeur à la civilisation Africaine», déclare le Manager. La précision des mots employés laisse lire en lui la rigueur et la détermination.
De grandes valeurs qu’il a mariées à la loyauté pour aboutir à sa vision, à son rêve et à ses objectifs qui convergent bien avec ceux de Lionel Talon, le promoteur du centre dont il a la charge. De par son allure moderne et dynamique, ce centre est à l’image du changement social impulsé au Bénin depuis quelques années. L’idée de la création de ce centre est de fédérer la jeunesse béninoise autour des valeurs chères que sont l’ambition, le savoir-faire, l’envie de réussir et la vision sociale. «C’est un poste de manager que j’ai accepté avec plaisir parce que la vision de ce centre marie la mienne. J’ai aussi la chance d’avoir un employeur qui sincèrement a envie de faire de grandes choses pour la jeunesse de son pays et qui se donne vraiment les moyens pour y arriver », nous a-t-il confié avec fierté.
Des promesses tenues en un an
En seulement un an d’activité, le centre a tenu ses promesses en devenant un espace incontournable du loisir et de la culture. Il y a été organisé des évènements sociaux et des stages pour les enfants défavorisés. Au niveau sportif, Eya a créé une compétition sportive de sport extrême (Eya Games) inédite dans toute l’Afrique de l’Ouest. Cette année, le centre Eya, via son studio professionnel, a mis en place un projet dénommé « Eya Talents » dans lequel sont détectés les talents dans le domaine de la musique au Bénin. Ce projet est déjà un franc succès et de nombreux acteurs internationaux souhaitent déjà collaborer avec eux. Un autre grand projet novateur est aussi en cours cette année, «Eya excellence ». Il s’agit d’un programme pédagogique tourné vers les enfants des écoles publiques axé autour du soutien scolaire, de l’informatique et du sport. En moins d’un an, le centre communautaire Eya a déjà impacté positivement plusieurs centaines d’enfants et des dizaines d’artistes. Mais le centre a surtout impacté toute la jeunesse de Cotonou par son incroyable festival « WelovEya » qui a eu lieu en décembre 2022 sur la place de l’Amazone.
Un amour pour le Bénin
Camerounais à la base, le Bénin attire Kouokam Kamtchueng par ses atouts.
« Le Bénin dispose d’atouts touristiques incontestables. C’est aussi un pays avec un peuple chaleureux, intègre et travailleur. Il regorge de différentes splendeurs qui représentent une partie des atouts de cette Afrique, et qu’il est important de découvrir. J’ai découvert le Bénin et je ne le regrette pas car il était à l’image de l’idée que je m’en faisais», a-t-il laissé entendre. Pour lui, le Bénin est un « Havre de paix » dont les évolutions au niveau des infrastructures portuaires, aéroportuaires, routières, énergétiques et numériques sur les dernières années sont la promesse de grandes choses encore à venir. Il promet de mettre son talent et son expertise au profit de la jeunesse béninoise pour la révéler au monde. « Je suis arrivé au Bénin au bon moment parce que j’avais déjà engrangé énormément d’expériences à l’extérieur que ce soit en Europe ou au Cameroun », ajoute-t-il. Avec son désir de voir la jeunesse béninoise dans une dimension plus haute, il conseille aux jeunes de « prendre de la hauteur » et surtout de sortir de leur zone de confort. « Vous devez comprendre que vous faites partie d’un ensemble très grand, d’une immense civilisation. Votre maison est l’ensemble de ce continent. Soyez des panafricanistes. Vous devez toujours penser en termes de civilisation et considérer l’ensemble de votre continent comme votre maison. Votre place est forcément quelque part sur ce continent. Au Bénin ou ailleurs. Dans tous les cas, l’Afrique a besoin de vous. ».
Estelle Vodounnou (Coll)