A l’arrivée du président Patrice Talon au pouvoir en 2016, l’enseignement supérieur vivait des heures sombres, avec en toile de fond, une baisse de la qualité de l’enseignement. Pour bon nombre de pédagogues, la solution passe nécessairement par la mise en œuvre de réformes à tous les niveaux. A l’heure du bilan, on peut noter sans fausse modestie un climat pacifié avec à la clé une amélioration du système au grand bonheur de tous les acteurs.
Jusqu’en 2016 et peu après, au lieu d’être le haut lieu du savoir, l’Université publique était caractérisée par les agissements peu orthodoxes des apprenants. Ce lieu important pour la formation était considéré comme une zone de non-droit. Aux récurrentes manifestations souvent à caractère syndical des organisations estudiantines (scènes de bastonnade de recteur d’autorités, d’enseignants ou de condisciples étudiants), qui conduisent, dans la plupart des cas, à une paralysie des activités académiques, s’ajoutent des déviances comme le droit de cuissage, la baisse de la qualité des enseignements ou la non-actualisation de ces enseignements par certains professeurs. La situation était si critique que beaucoup de parents étaient obligés d’envoyer leurs enfants, soit à l’extérieur soit dans des universités privées de la place. Ils avaient peur aussi pour la sécurité de leurs enfants. C’était à croire que le pays avait perdu le gène qui faisait de lui le « quartier latin de l’Afrique ». Depuis 2016, ce « laisser-aller » a pris fin avec la thérapie de choc proposée par l’Exécutif.
Amélioration du rapport Etudiants-Autorités
La crise survenue sur le campus de l’Uac en 2016 a conduit le gouvernement de la rupture à déterminer une série d’actions visant substantiellement à, d’une part, définir un nouveau mode de collaboration avec les organisations estudiantines et à améliorer les conditions de vie des étudiants d’autre part. Et comme des dirigeants responsables ne sauraient laisser perdurer cet état de choses, depuis 2016, 3 innovations majeures ont ramené la sérénité sur les campus publics : l’élection au suffrage universel dans toutes les Universités, la représentativité des organisations estudiantines et l’aide de l’Etat aux organisations estudiantines. Ainsi, il n’est plus permis de s’autoproclamer défenseur des intérêts des étudiants après avoir constitué sa « guérilla » et de vivre en seigneur de guerre sur le Campus. Le suffrage universel détermine désormais les organisations susceptibles d’être les interlocuteurs de l’administration. Depuis lors, un climat pacifié s’est installé au fil du temps sur les campus, et l’anticipation dans la résolution des problèmes est réelle à travers le fonctionnement effectif des cadres de concertation (bureaux fédéraux des étudiants (Bfe), Université, Cous). Les apprenants vont en cours en toute quiétude.
Bourses et aides universitaires
Avant 2016, les étudiants peinaient à entrer facilement, et ce à bonne date, en possession de leurs allocations universitaires (bourses et aides universitaires). Parfois, c’est à 3 mois de la fin de l’année académique que certains commencent à percevoir ces allocations. La misère était ambiante notamment chez les étudiants dont les parents sont loin ou issus de milieux défavorisés. Il était devenu impossible de faire une prévision de ressources pour le paiement des allocataires et les promotions de bénéficiaires s’entremêlaient. Face à cette situation déplorable et dégradante pour nos apprenants méritants, des actions urgentes ont été menées. Le gouvernement a augmenté les fonds alloués aux bourses en 2018. Cette année-là, 15 milliards de FCfa ont été débloqués pour apurer les arriérés d’allocations. Mieux, alors qu’avant 2016, la date de paiement était aléatoire, depuis 2016, il a été procédé à la réduction du temps de traitement des dossiers et le paiement des allocations est aligné sur le paiement mensuel des salaires. Il faut dire qu’avant 2016, le délai de traitement des allocations universitaires était de 08 mois. Il est actuellement de 01 mois. L’autre révolution est l’existence depuis quelques années d’une plateforme d’inscription en ligne des dossiers des étudiants qui offre un grand soulagement à ces derniers, puisque jusqu’en 2016, ils étaient obligés d’abandonner leurs cours pour venir s’aligner avant le crépuscule pour espérer pouvoir déposer leurs dossiers de demande de bourses le lendemain.
Meilleur cadre de vie pour les étudiants
Le transport, l’hébergement, la restauration sur les campus publics étaient critiques et faisaient l’objet de beaucoup de railleries à cause de leur faible taux de couverture. En effet, l’évolution galopante des effectifs estudiantins sur les différents campus universitaires a longtemps impacté négativement la qualité des prestations sociales fournies nonobstant les énormes moyens mobilisés par l’Etat pour couvrir les besoins. Avant 2016, le nombre moyen d’étudiants transportés par an était de 190.000 environ à Abomey-Calavi. Depuis 2023, il est de 210.000. En 2016, le nombre moyen de plats servis par an était de 683.000 environ à Abomey-Calavi, Cotonou et Parakou. Il est désormais de 800.000 environ. Jusqu’en 2016, le nombre moyen d’étudiants hébergés par an était de 2000 à Abomey-Calavi et Parakou. Aujourd’hui, il est de l’ordre de 3.000 soit 50% de plus qu’avant.
Un vent nouveau souffle sur ces prestations puisque, pour faire face à ces difficultés, le Gouvernement a décidé d’associer le secteur privé la gestion de ces œuvres sociales. Cette réforme est finalement rentrée dans sa phase active d’opérationnalisation notamment pour les sous-secteurs du transport, de la restauration et de l’hébergement en 2024.
Infrastructures pédagogiques et
administratives
Face à une massification plus accrue et afin de garantir une formation de qualité dans des conditions décentes, nous avons construit, réfectionné et équipé depuis 2016, 44 bâtiments dont les blocs administratifs (Una, Unstim, Up), blocs pédagogiques (Una, Unstim, Up, Uac), bibliothèques (Una, Unstim), laboratoires (Up, Uac), ateliers pédagogiques (Una, Unstim), infirmeries (Una), logements pour le personnel enseignant (Uac). Cet indicateur donne une idée de l’évolution positive de la situation. En 2016, on était à 4 étudiants pour une place assise alors qu’entre 2021-2023, nous sommes passés à 2 étudiants pour une place assise dans les universités publiques du Bénin ; grâce à la construction ou la réfection et l’équipement de plusieurs amphithéâtres et salles de cours dans plusieurs universités. Cet effort sera significativement renforcé par des infrastructures pédagogiques et administratives de type moderne qui sont planifiées pour être construites, équipées et mises à dispositions des Universités d’ici 2026. Ceci permettra d’améliorer encore plus le ratio.
Qualité et efficacité externe de l’enseignement supérieur
De nombreux dysfonctionnements étaient répertoriés dont : une faible qualité des offres de formation, l’absence d’une évaluation des enseignants et d’un organe opérationnel de contrôle et d’éthique dans l’enseignement supérieur. En un mot, une absence de commandement qui générait un vrai laisser-aller préjudiciable à l’efficacité du système. Depuis 2016, le Gouvernement a initié une série d’actions visant à restaurer l’image de l’enseignement supérieur et à promouvoir la recherche et l’innovation au service du développement durable. Ces réformes ont déjà commencé à changer de façon très significative l’environnement académique, scientifique et social de nos Universités. Il s’agit notamment des organes de régulation, de contrôle, d’évaluation qui doivent produire le corpus de textes et assurer l’information et la sensibilisation des acteurs à la base et leur préparation aux changements. Le conseil national de l’éducation (Cne), les Conseils d’administration et la délégation au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur (Dce) sont nés. Ce sont désormais les marqueurs de la nouvelle gouvernance administrative, académique, financière et sociale des Universités et autres structures opérant dans les milieux universitaires.
Sergino Lokossou