La campagne électorale a offert à Boni Yayi, l’occasion de renouer avec son exercice favori : aller au contact des populations. L’ancien président n’a pas boudé le plaisir de s’offrir parfois des bains de foule, un loisir qu’il adule bien.
C’est un boulevard tout tracé que dresse au leader charismatique du parti Les démocrates (Boni Yayi), la campagne en cours. Au prétexte de porter un coup de pousse au parti qui visiblement a du mal à s’assumer sans lui, Boni Yayi a fait une entrée fracassante dans la campagne électorale. La randonnée de l’ex-chantre du changement et de la refondation, l’a conduite dans certaines régions stratégiques de la partie septentrionale du Bénin. A Savè, Parakou et Nikki où s’est transporté le prédécesseur de Patrice Talon dans la fonction présidentielle, c’est un accueil triomphal qui lui a été réservé. La chaleur de ces retrouvailles est perceptible dans la mobilisation observée à chaque étape du périple de l’homme réputé comme étant un fin amoureux des bains de foule. Et comme il fallait s’y attendre, le médiateur de la Cedeao en Guinée a très tôt repris cette tunique qu’il a portée tout au long de son mandat à la tête du pays. L’habitude étant une seconde nature, il était quasi-impossible pour Boni Yayi de ne pas laisser s’exprimer, à la faveur de la campagne électorale dont il est devenu, par la force des choses, l’un des animateurs, le côté populiste qu’on lui connaît. Dans cette actualité qui projette Boni Yayi au-devant de la scène comme joker du parti Les démocrates, beaucoup zooment sur la mobilisation drainée par son passage pour en conclure que le match du dimanche prochain est déjà plié en faveur du parti qui se réclame de l’opposition radicale. Ce référentiel pourrait pourtant induire en erreur si l’on n’y prend garde. En effet, le statut de Boni Yayi fait forcément de lui une personnalité populaire pour avoir dirigé le pays dix années durant, avec une hyperactivité sur le terrain. Depuis quelques années, les populations n’ont plus l’occasion de revoir l’homme dont la gouvernance est caractérisée par un rapprochement du pouvoir de la population au point d’être taxé d’avoir désacralisé la fonction présidentielle. Privé des élans populistes de l’ancien chef de l’Etat depuis quelques années, il est dans la normalité des choses que la descente de Boni Yayi dans une localité pour drainer du monde. Un monde qu’il serait aventureux et hasardeux de considérer de facto comme un potentiel électorat du parti Les démocrates. Boni Yayi reste aujourd’hui, au-delà de sa casquette de président d’honneur du parti Les démocrates, une personnalité qui force l’intérêt des populations, toutes obédiences politiques confondues. Ceux qui décrètent une victoire précoce de tel ou tel autre parti doivent dépassionner le débat et tenir compte de ce paramètre majeur. L’effet foule ne doit pas être confondu avec l’électorat réel.
Abdourhamane Touré