(Tête-à-tête entre Olushegun Bakari et l’ambassadeur du Burkina Faso hier)
Les propos du leader de la junte burkinabè,Ibrahim Traoré, jeudi 11 juillet 2024, ont suscité l’indignation des autorités béninoises. A la suite de ces graves accusations faisant état de la présence d’une base militaire française au Bénin, le gouvernement, par l’entremise de son ministre des Affaires étrangères, Olushegun Bakari a formellement notifié sa désapprobation à l’ambassadeur du Burkina Faso au Bénin.
Quelle mouche a bien pu piquer Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso, au point d’accuser, sans la moindre preuve ni retenue, le Bénin d’abriter des bases militaires françaises sur son territoire ? En effet, au travers d’une adresse aux forces vives de la nation burkinabè, jeudi 11 juin dernier, le capitaine Ibrahim Traoré a laissé entendre en substances :«Personne ne viendra nous dire qu’au Bénin, il n’y a pas de bases françaises dirigées contre nous. Nous avons les preuves sous la main. Deux bases importantes.Nul ne peut le contester. Et je les mets au défi… Il y a bel et bien deux bases françaises au Bénin, une à Kandi et l’autre en allant vers Porga ou je ne sais pas quelle localité », a allégué, un brin péremptoire, le leader de la junte burkinabè. Des propos abondamment relayés sur les réseaux sociaux et qui défraient la chronique depuis lors. Avant Ibrahim Traoré, le premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine, avait porté les mêmes accusations contre le Bénin, lors d’un point de presse le 11 mai dernier. « Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermée avec le Bénin pour la bonne et simple raison que nos anciens amis, que sont les Français, sont revenus sur le territoire béninois après leur départ du Niger », avait-il déclaré.La réaction de Cotonou ne s’est pas fait attendre à l’époque. Par l’entremise de son porte-parole, le gouvernement béninois a démontré la vacuité de ces affirmations et mis au défi les autorités nigériennes, d’apporter la moindre preuve de leurs insinuations. A peine la bombe nigérienne désamorcée, le Burkina Faso s’invite au débat et s’illustre maladroitement dans cette hideuse élucubration. Soucieux de la préservation des bonnes relations entre le Bénin et le Burkina Faso, le ministre des Affaires étrangères béninois, Olushegun Adjadji Bakari a invité l’ambassadeur du Burkina au Bénin, à l’effet de lui notifier l’indignation du pays suite aux allégations du président de la transition au Burkina Faso. Des sources proches du patron de la diplomatie béninoise, l’ambassadeur burkinabè a répondu favorablement à cette invitation et la rencontre entre les deux personnalités a eu lieu hier, mardi 16 juillet 2024 à Cotonou. Pour l’heure, rien n’a officiellement filtré de cette rencontre. Une posture stratégique qui traduit le souci des autorités béninoises de maintenir dans leur état actuel, la bonne santé des relations diplomatiques et de coopération entre le Bénin et le pays des hommes intègres.
Gabin Goubiyi