Depuis le 6 novembre 2024, l’univers livresque a enregistré la publication d’un nouvel ouvrage. Il s’agit de « Hélène : plaidoyer pour l’enseignement de la pensée critique par les humanités » dont l’auteur est le consultant Géraldo Gomez. Dans l’interview ci-dessous publiée, il revient sur les raisons qui sous-tendent la publication du livre, son expérience dans la littérature, le prix et la date de lancement officiel de l’ouvrage.
Le Matinal : Pour ceux qui ne connaissent pas Monsieur Géraldo Gomez, qui est-il ?
Géraldo Gomez: Je suis Béninois, né dans la Belle et historique ville de Ouidah. J’ai fait toute ma scolarité, ici au Bénin, à Ouidah, Adja-Tokpa, Djimè, Parakou, Missérété (une partie importante dans les séminaires catholiques de notre pays) avant d’aller poursuivre mes d’études supérieures à l’étranger, notamment en France. Je suis titulaire d’une maîtrise en sciences sociales et économiques de la Faculté des sciences sociales et économiques de l’Institut catholique de Paris, et spécialiste en gestion du développement international et de l’action humanitaire (Paris Est Créteil). Aujourd’hui consultant dans les domaines de compétences initiales et également le digital pour lequel j’ai acquis une formation complémentaire. Ceux qui me connaissent, savent que je suis un acteur politique: c’est un virus qui demeure.
Vous venez de mettre sur le marché livresque « Hélène : plaidoyer pour l’enseignement de la pensée critique par les humanités ». Pourquoi cet ouvrage ?
« Hélène : plaidoyer pour l’enseignement de la pensée critique par les humanités » est effectivement disponible depuis le 6 novembre 2024 sur toutes les plateformes en ligne ainsi que les librairies francophones. Il est édité par Les Éditions Baudelaire et c’est la maison Hachette qui en assure la distribution. Il s’agit d’un plaidoyer pour renforcer voire accroître les humanités dans l’enseignement. Les humanités : ce sont les matières telles que l’histoire, la littérature, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie, les arts, la musique etc. Autant de matières que nous avons appris à détester ou mépriser au prétexte qu’elles ne permettent plus d’avoir un emploi, qu’elles n’ont pas de valeur ajoutée pour assurer le développement d’un pays. Récemment, au Bénin, il y a eu un débat qui se poursuit d’ailleurs sur le fait que notre université nationale produirait plus de sociologues que la France et le Canada. Les arguments avancés avaient toutes les apparences d’un sérieux imparable. Mais la réalité est bien plus profonde. Et je ne veux pas parler des statistiques évoquées, mais des objectifs réels des matières qu’on classe dans les humanités.
J’ai voulu montrer à travers cet essai combien les apports de ces matières sont présents dans notre quotidien où que nous nous trouvions. Elles nous permettent d’avoir une pensée critique structurée pour échapper aux lieux communs, savoir remettre en question ce qu’il nous est donné à voir, à entendre ; résoudre les problèmes qui se posent à nous.
C’est aussi un petit précis que je voulais mettre à disposition de nos collégiens, lycéens, étudiants mais aussi des parents pour montrer, à partir de chacune de ces matières majeures, comment elles ont pu impacter les sociétés africaines, asiatiques, occidentales et américaines. Une sélection significative d’auteurs par région pour indiquer que les humanités sont transversales. Elles doivent être enseignées dans tous les cursus, surtout les cursus techniques. Car, pendant que nos sociétés dévalorisaient les humanités, elles ont poussé les uns et les autres à embrasser des formations techniques pour correspondre aux besoins du marché de l’emploi. Les citoyens à travers le monde, après avoir été trop longtemps consommateurs et conformes aux marchés, ressentent aujourd’hui de plus en plus le besoin de mieux maîtriser leur vie en société, leur environnement professionnel, les informations qui leur sont infusées, les différents courants d’idées et de pensées qui naissent aujourd’hui et se répandent à travers le monde ; l’avènement des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle fait porter une menace notamment sur les métiers techniques vers lesquels nous avons tous été poussés pour pouvoir trouver un emploi. Grâce ou à cause de l’intelligence artificielle, les métiers les plus techniques pourront être automatisés avec la possibilité de se passer de l’être humain. C’est toute cette évolution qui rend les sociétés fébriles parce que démunies des outils que les humanités avaient fournis de tout temps. Nous n’avons pas encore totalement touché le fond en Afrique et au Bénin donc. Nous devons améliorer le tir. Ce livre y contribue.
Vous n’êtes pas à votre première publication. Parlez-nous de votre ou vos autre (s) ouvrage (s)?
C’est mon deuxième essai. Le premier est : « Douleurs actuelles: paradoxes et angoisses » paru le 09 mars 2023 aux éditions Canaf-Inter (toujours disponible sur Amazon et dans les librairies à Cotonou). D’autres sujets me passionnent et sont d’ailleurs déjà mis en recherche. Je vous remercie ici de me donner l’occasion de partager ces expériences.
« Douleurs actuelles: paradoxes et angoisses » traite de l’institution famille. C’est un regard sur les paradoxes actuels de nos sociétés, leurs conséquences sur la société, la famille, et les pistes pour les transcender et en tirer meilleur profit. Une société des moyens de communication développés mais dans laquelle l’individu ne s’est jamais senti aussi seul au sein de la famille mononucléaire, sur le marché du travail, sur le plan des relations humaines, sur le plan religieux … J’ai voulu montrer ce qui en est la cause, quelle est la part de responsabilités des moyens de communication eux-mêmes dans cette situation, celle de chaque individu et celle de la structuration de nos sociétés.
Notre projet social commun à l’humanité envisageait une égalité des chances, une promotion des droits de l’homme et de la femme. Mais nous semblons être arrivés à une destination de la différenciation, d’une lutte, d’une résistance, d’une défiance, pour aboutir à une séparation voire une ségrégation, une balkanisation de ce qu’il était prévu égaliser. Nous sommes face à un échec que nous cherchons à
compenser à un niveau estimé mieux maîtrisable, un milieu pourtant fondé sur le sentiment de l’amour avec le risque qu’à l’amour se substitue la compétition : la famille. En clair, la société nous pousse à transposer à la maison les victoires qu’elle ne veut pas nous concéder dans le domaine public. Elle en renvoie les combats au sein de la famille, entre les époux, entre les parents et les enfants, entre les familles alliées.
Ces observations et analyses se confirment également en passant en revue des lieux essentiels de notre vie en société (nouveaux lieux ou plus anciens) : les religieux, les acteurs politiques, les acteurs de la société civile, les nouveaux maîtres (coaches, influenceurs et motivateurs). A mes yeux, il est illusoire de rechercher la satisfaction d’un désir ou un bonheur quelconque en dehors d’un cadre où l’on pourra le partager. Le cadre idéal pour ce partage est la famille pour laquelle chaque compagne s’emploie à y installer et maintenir une communication bienveillante, une attitude positive et pour laquelle on revendique une sécurité maximum. Le bonheur ne peut exister que pour soi. Il est conquis en compagnie des siens avec qui on organise le temps et l’espace.
Existe-t-il un lien entre ce dernier livre et votre premier ouvrage ?
Le premier livre traitait de la famille à consolider. Le présent parle de l’éducation à renforcer et à consolider. Tous les deux face aux défis actuels. Il est principalement question d’affirmer l’universalité de l’humanité à laquelle nous appartenons tous ; de tenir compte du cadre (espace et temps) particulier dans lequel un groupe particulier (un village, une ville, un pays etc.) évolue afin de déterminer et accompagner son rythme de développement, de prise en compte des défis sociétaux, son approche des rapports aux autres communautés nationales ou internationales qui partagent pourtant la même humanité.
A quand le lancement de « Hélène : plaidoyer pour l’enseignement de la pensée critique par les humanités » ?
Aucune date précise n’est encore retenue. Il y a quelques obligations vis-à-vis de la maison d’édition et de distribution à assurer avant les prochaines étapes. Mas ce sera dans toutes prochaines semaines, au plus tard la deuxième quinzaine du mois de janvier 2025.
Quel est son prix et où le trouver ?
A Cotonou, le livre sera disponible dans les librairies Notre-Dame, Savoirs d’Afrique, LBU et certainement d’autres à la commande. L’avantage d’avoir une distribution assurée par Hachette permet à chacun de se référer à toutes les librairies francophones pour en commander. Et pour ceux qui le peuvent, il est immédiatement disponible en ligne sur la Fnac, Amazon, Cultura, Decitre et des dizaines d’autres sites internet en version papier et ebook. Au Bénin et en Afrique, la version papier sera au prix de 12.000 FCfa
Un mot à vos lecteurs
Je voudrais remercier chacun de vous pour l’accueil que vous avez réservé à mon premier essai. J’espère qu’il sera au moins aussi important pour ce deuxième essai. J’ai indiqué au début de cet entretien qu’il y avait déjà d’autres sujets qui me passionnent et sont mis en recherche. Ils tournent quasiment tous autour de ce que nous sommes ou pouvons être seuls et ensemble. Au-delà de « mes » lecteurs (ce qui me paraît un peu prétentieux), c’est à tous les amoureux de la lecture que je voudrais adresser ma profonde reconnaissance. Maintenez cette flamme et transmettez-la. Je voudrais inviter tout le monde à porter ce plaidoyer avec moi : le porter au sein de chaque foyer. Chaque parent peut se l’approprier ; chaque enseignant peut en faire autant. J’ai déterminé dans cet ouvrage 15 caractéristiques précises de la pensée critique. Je suis en train de développer avec des spécialistes de l’éducation des fiches pratiques qui pourront servi de base à des sessions de formations à la pensée critique. Il restera à l’éducation nationale d’amener tout le monde à aimer à nouveau les matières et disciplines qui constituent les humanités. Nous pourrons débattre de tout ceci lors de rencontres littéraires qu’on pourra organiser. Merci au Matinal qui me donne cette grande opportunité.
Propos recueillis par Serge Adanlao