Le 11 mai de chaque année, la Communauté internationale commémore l’anniversaire du décès du roi du reggae, Bob Marley. A quelques heures de cet évènement festif qui rassemble des milliers praticiens et férus de ce courant de musique, l’auteur compositeur Erick Kristal nous accorde une interview dans laquelle il revient sur sa passion pour le reggae.
Le Matinal : Qu’est-ce que le reggae selon vous et d’où est née votre passion pour ce courant de musique ?
Erick Kristal : Le reggae est né d’un mélange des rythmes comme le jazz et blues, mais selon Bob Marley, le mot est d’origine espagnole et signifie la musique du roi.
Grande figure de la musique reggae, vous avez actuellement à votre actif trois albums dont le dernier intitulé » Criminels culturels « . Quelle est l’idée qui se trouve derrière ce nouvel opus et quelles sont les thématiques que vous abordez dans vos chansons ?
Oui, j’ai trois albums et le single « Criminels culturels » est le premier morceau tiré du quatrième album en cours et qui n’est pas encore officiellement sorti. L’idée est de donner l’alarme pour la préservation de notre patrimoine des machinations et des arnaqueurs qui risquent de faire disparaître notre culture à cause de leurs intérêts personnels. Dans mes sorties, j’aborde souvent les thématiques relatives à l’amour, la justice et le civisme. Je me sens un peu le guide de la jeunesse africaine.
Quel est votre avis aujourd’hui sur le reggae en général et celui développé au Bénin particulier pour vous qui avez fait des dizaines de scènes dans le monde?
La musique reggae aujourd’hui a un peu de difficultés à travers le monde même si elle reste la musique la plus universelle. Au Bénin, la mentalité héritée de la France et notre culture nous ralentit par rapport à l’ouverture que nos peuples devraient avoir envers le reggae. Ce qui fait qu’au Bénin, il y a encore beaucoup à faire. Des défis restent à être relevés.
L’on vous reproche de ne pas aider la famille reggae béninoise à évoluer à l’international. Qu’en répondez-vous?
En ce qui concerne l’aide des frères, j’en fais tellement, mais les frères veulent du pain et du beurre qu’on doit mettre dans leur bouche. Mes approches faites pour déjà apporter mon soutien ont été tous soldées par l’ingratitude et un manque de respect notoire surtout des personnes se disant reggaemen, mais habités par l’esprit d’égoïsme et de division. Alors mieux vaut être seul que mal accompagné pour promouvoir mon pays hors du Bénin. Malgré cela, je n’ai pas cessé d’apporter ma contribution tant financière que technique et même promotionnelle à beaucoup de reggaemen et les preuves sont visibles. Ce 11 mai, j’en ferai encore. De loin, je laisse toujours une trace pour le reggae béninois en Italie où je réside avec plus de cinquante scènes live depuis vingt ans. C’est toujours le Bénin qui gagne et déjà une échelle pour les frères.
Nous sommes à la veille de la célébration de l’anniversaire du décès d’une icône sinon le roi du reggae dans le monde. Quel est votre avis sur le parcours de Bob Marley? Vous inspire-t-il?
Bob Marley a été prédestiné et lui-même ne saurait dire et prévoir cette renommée. Aujourd’hui même après sa mort depuis plus de 40 ans, il génère plus de quinze millions de dollars par an et donne du travail à des milliers de personnes à travers le monde ….C’est énorme. Il inspire même les oppresseurs d’aujourd’hui. Bob Marley est simplement un prophète.
Pensez-vous que son héritage a été préservé?
Oui, son héritage continue de grandir et je crois qu’il restera dans l’histoire du monde pour des générations.
Le reggae pratiqué au temps de Bob Marley a-t-il changé à celui pratiqué aujourd’hui?
Le reggae d’aujourd’hui est totalement modernisé et beaucoup plus raffiné. Peu de gens encore pratique le style de Bob Marley. Même les contenus des textes ont été adaptés à nos réalités actuelles.
En dehors de lui, qui sont les autres reggaemen qui vous inspirent ?
A part Bob Marley, je suis inspiré par Peter Tosh qui au fait est presque celui sans lequel Bob Marley n’aurait pas cette renommée. Je n’oublierai pas Alpha Blondy, Lucky Dube, Tiken Jah si je dois me situer en Afrique.
Quel est votre avis sur le lien établi entre le reggae et le tabac?
A vrai dire, ne nous voilons pas la face. Nous ne pouvons pas parler du reggae sans parler de fumée. Je pourrai l’affirmer. Cependant, ailleurs c’est du luxe, chez nous c’est un dégât. Nous ne conseillons pas l’utilisation des drogues, mais beaucoup de personnes pensent que le reggae se célèbre avec le tabac, or beaucoup de personnes qui ne sont pas reggaeman utilisent davantage le tabac que nous autres.
Quelle est votre contribution pour une professionnalisation du reggae au Bénin?
Pour une professionnalisation du reggae au Bénin, il faudra que les brebis galeuses qui s’auto proclament reggaemen disparaissent. L’autre chose est l’aide de l’État. On dirait qu’il n’y a aucun membre appartenant à la famille rasta dans nos gouvernements. Pour quelle raison? Je ne saurais l’expliquer. La probable raison est que le reggae est une musique juste et véridique pour eux.
Votre mot de fin
Je souhaite une meilleure ouverture mentale de nos autorités et plus de discipline chez certains de mes frères reggaemen qui n’ont aucun caractère reflétant et imposant le reggae. Ce qui ralentit le combat. Nous devons dénoncer et éradiquer ces individus qui vont à contre-courant et ne donnent aucun bon exemple. Vive la musique béninoise qui grandit. Reconnaissons-le. Jah bless!
Propos recueillis par Mohamed Yasser Amoussa (Coll)