L’actorat reste l’un des métiers les moins connus dans le monde du cinéma quand tous les projecteurs et cameras sont éteints. Dans une interview qui nous a été accordée, l’acteur-comédien Julio Darius Avahouin revient sur ses débuts et les aptitudes à avoir pour devenir acteur tout en évoquant les difficultés.
Le Matinal : Quels sont les rôles d’un acteur de film et existe-t-il une différence entre un acteur de cinéma et celui d’une musique ou d’une pièce de théâtre ?
Julio D. Avahouin : Les rôles d’un acteur de cinéma sont multiples et peuvent varier. Il s’agit des rôles principal, secondaire etc. Il existe bien une différence entre un acteur de cinéma, un acteur musical et un comédien de théâtre.
Quand et d’où est partie cette envie de vous lancer dans l’actorat ?
J’ai toujours eu de la facilité à la chose culturelle depuis le collège où je m’amusais à faire des interprétations musicales puis du théâtre et c’est bien après tout ça qu’en 2004 j’ai commence mes premiers tournages à ce jour. L’aventure n’est pas toujours rose, mais il arrive qu’on vive de très belles expériences sur certains plateaux de tournage, de par la convivialité et la simplicité des échanges qui y résident. D’ailleurs le tournage de la série Black Santiago Club est une expérience extrêmement magnifique, riche en brassage culturelle, en apprentissage de tout genre tant dans le domaine du cinéma que de certains autres de la vie sociale. Franchement, c’est quelque chose le cinéma.
Quelles sont les qualités, aptitudes ou atouts dont doit disposer un acteur pour exercer ce métier ?
Pour exercer le métier d’acteur, il ne suffit pas juste d’être beau ou grand de taille comme le pensent d’aucuns. Non ! Il faut plutôt être une personne qui a du vécu, de l’expérience, être un aventurier sans limite. Et surtout avoir de la détermination. Quant aux compétences linguistiques, elles sont aujourd’hui importantes dans tout métier. Néanmoins, avec l’évolution technologique dans certains cas, les doublages gèrent bien certaines situations que la carence en langues pourrait poser chez des acteurs. Il y a une formation pour devenir acteur, mais elle n’est pas encore développée au Bénin. Tout se joue sur le don, l’aptitude à s’adapter et surtout les formations données par des réalisateurs, metteurs en scène et directeurs d’acteur.
Quelles sont les grandes difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre profession ?
Des difficultés, il y en a sûrement dans tous les corps de métier donc franchement, je dirais que tout ira bien avec le temps et les efforts de tous. Vous savez, je suis plutôt dans l’optique de trouver des solutions au lieu de m’attarder sur les difficultés ; c’est pour cela que j’estime que nous devrions parfois souffrir en silence et brandir la réussite au grand jour.
Quelle est la relation que l’acteur doit entretenir avec les maillons de la chaîne du cinéma ?
De très bonnes relations, sinon que les relations professionnelles et personnelles finissent par s’entremêler et c’est bien ça qui crée des affinités qui parfois desservent le cinéma, puisqu’on finit par ne plus mettre qui il faut où il faut exactement.
En votre qualité d’acteur, dans combien de pays avez-vous déjà travaillé et donnez-nous les titres de quelques productions cinématographiques dans lesquelles vous avez joué tout en nous rappelant comment se fait la sélection d’un acteur pour un tournage ?
En tant qu’acteur, je vous dirai que j’ai déjà eu la chance de tourner au Bénin en Côte d’ivoire, au Nigéria et au Ghana. J’ai déjà tourné sur « La Saga Des Héritiers », « Le Toro » et dernièrement « Black Santiago Club ». La sélection d’un acteur se fait soit par casting public ou par casting ciblé tout simplement selon les exigences de la production.
Avez-vous reçu des distinctions au cours des festivals pour le travail que vous abattez dans le paysage cinématographique depuis des années ? Si oui, lesquelles ?
Oui bien sûr ! J’ai déjà eu l’honneur de recevoir le prix de la meilleure interprétation masculine et celui de la meilleure voix off sur Ciné 229 à deux différentes éditions.
Nous constatons aujourd’hui que comparativement à il y a quelques années auparavant, le secteur du cinéma a connu une grande révolution avec le matériel, les acteurs et autres. Comment arrivez-vous à vous conformer aux normes internationales pour répondre aux exigences des maisons de production et des cinéphiles ?
Les diverses évolutions qu’apportent le matériel cinématographique et autres ne changent pas vraiment le jeu d’acteur ni les prestations qu’il doit fournir, mais plutôt facilitent le travail et offrent assez de possibilités tant à l’acteur qu’à la production de faire correctement le travail.
Revenons au cas du Bénin dont vous êtes originaire. Faites-nous en quelques lignes l’état des lieux en matière du secteur de l’actorat ?
Faire l’état des lieux serait trop prétentieux de ma part. Je peux dire qu’il connaît de l’amélioration et avec l’aide des devanciers, nous finirons par trouver la bonne formule pour mieux organiser les choses.
Pensez-vous que le travail de l’acteur est vraiment reconnu à sa juste valeur ?
Actuellement non, mais pour dire vrai, le changement évolutif ne viendra pas comme un gâteau tombé du ciel. Il faut se battre et je crois fermement que les acteurs concernés le savent et font ce qu’il faut pour que les fruits portent la promesse des fleurs.
Comment un acteur peut selon vous contribuer de nos jours à la valorisation de l’écosystème culturel au Bénin ?
Un acteur à lui seul ne peut rien, mais toute la chaîne cinématographique, oui à travers les thématiques autour desquelles tournent les histoires que racontent les œuvres et bien d’autres…
Quels sont les autres métiers compatibles avec celui d’acteur ?
Plusieurs métiers sont compatibles avec celui d’acteur dans un film. Un acteur peut être appelé à incarner le rôle d’un policier puis d’un voleur sur une autre production, de ministre, il peut passer à jardinier. Dans le domaine professionnel, l’acteur peut devenir réalisateur, producteur ou Directeur photo. Tout est une question de volonté et d’ambition. Il suffit juste à l’acteur de s’y mettre tout en prenant les dispositions qui s’imposent.
Votre mot de fin.
Je dirai merci à notre Nation et aux acteurs culturels à divers niveaux. Aux décideurs, j’exprime aussi ma gratitude pour tout ce qui se fait déjà pour le développement du secteur. Même si ce n’est pas encore visible, nous gardons toujours espoir qu’ils ne ménageront aucun effort. Merci à la presse béninoise et aux cinéphiles. Vive le cinéma béninois.
Propos recueillis par Mohamed Yasser Amoussa (Coll)