Sauf cataclysme ou changement de dernière heure, le Bénin va organiser, le 08 janvier 2023, les neuvièmes élections législatives de l’ère du renouveau démocratique. Un scrutin dont la plus grande inconnue reste les potentiels challengers surtout ceux de la majorité présidentielle qui peinent à dévoiler leurs ambitions pour diverses raisons.
De mémoire de Béninois, jamais des élections législatives n’ont été autant entourées de mystère non pas relativement à sa tenue, qui reste plus ou moins une évidence, mais par rapport à l’identité des potentiels candidats. Si les lignes bougent du côté des organes en charge de l’organisation des élections et des différentes structures impliquées dans l’élaboration de la liste électorale, ce n’est pas le cas dans les états-majors de certains partis politiques surtout en ce qui concerne les candidats devant figurer sur les listes. Le constat est patent au niveau des formations politiques de la majorité présidentielle, en l’occurrence l’Union progressiste Le renouveau et le Bloc républicain. Les positionnements dans ces deux formations politiques restent une véritable équation, un nœud gordien qui échappe aux dirigeants. En réalité, cette question est loin d’être un privilège laissé à la discrétion des responsables des partis politiques. Depuis l’avènement de la réforme du système partisan, les choses ne fonctionnent plus comme avant au niveau des partis politiques. Finie l’ère où l’argent dictait sa loi au niveau des partis politiques où les plus nantis faisaient imposer leur puissance financière au détriment du militantisme et du mérite. Finie la période où le président du parti, tel un gourou, imposait son diktat lors des positionnements qu’il taillait sur mesure et façonnait à son gré, privilégiant les amis et autres militants qu’il pouvait manipuler, au détriment des choix objectifs, guidés par la recherche de l’intérêt général. Avec la réforme du système partisan, l’argent n’est plus le principal déterminant pour prétendre figurer sur la liste de candidatures. La réforme a eu ce mérite de changer certaines donnes établies en rendant plus fort le parti plutôt que des individus. Elle a également sonné le glas des positionnements établis et faits sur la base des critères totalement subjectifs. Ces différents facteurs expliquent, la relative inertie observée au niveau des potentiels challengers qui hésitent à révéler leurs ambitions. L’autre raison qui explique cette situation inédite qui prévaut surtout au niveau des partis politiques de la majorité présidentielle à moins de cinq mois des élections législatives est que le dernier mot revient au chef d’orchestre qui n’est autre que le président de la république. L’homme aura indiscutablement un droit de regard sur les listes des candidats devant provenir des deux partis mastodontes qui le soutiennent. Il aura, le cas échéant, la faculté d’y faire des observations et des modifications et pourra, s’il le désire, l’amender en fonction de certaines considérations stratégiques et politiques. C’est également et surtout cette autre réalité qui tient au respect les prétendants à l’investiture des candidatures des partis Up, Le renouveau et Bloc républicain. N’ayant pas le dernier mot, toute certitude ou conviction établie n’engage que son auteur.
Gabin Goubiyi