Lors de sa rencontre avec les groupes parlementaires, lundi 22 janvier 2024, le président Patrice Talon a donné sa position sur les députés et maires qui devraient parrainer les candidats à l’élection présidentielle de 2026. La position du chef de l’Etat ne semble pas être en phase avec la récente décision de la Cour constitutionnelle et risque d’occasionner un bras de fer entre lui et les actuels députés.
Qui des députés de la présente Législature (neuvième) ou de la dixième Législature sont fondés à octroyer le parrainage aux candidats à l’élection présidentielle de 2026 ? Sur cette question, la réponse du chef de l’Etat est sans ambages. Fidèle à son franc parler, Patrice Talon n’est pas allé par quatre chemins pour donner son avis sur le parrainage des candidats à l’élection présidentielle de 2026. A en croire le président du groupe parlementaire Les démocrates, le député Nourénou Atchadé, les députés et maires qui seront élus en 2026 ont la légitimité pour parrainer les candidats à la Présidentielle de la même année. Patrice Talon fonde son argumentaire sur le fait que parmi les actuels députés, certains pourraient ne pas revenir à la prochaine Législature. Idem pour des maires qui pourraient se voir recaler à l’issue des élections couplées de 2026. Du coup, ces derniers perdent la légitimité de parrainage à l’endroit des postulants au fauteuil présidentiel en 2026. D’où l’attribution de ce privilège aux futurs députés et maires. Une posture qui se démarque de la récente décision de la Cour constitutionnelle. En effet, dans sa décision Dcc 24-001 du 04 janvier 2024, la Cour constitutionnelle postule pour des ajustements au niveau de certaines dispositions du Code électoral afin, d’une part, de rétablir l’égalité du pouvoir de parrainer à l’égard de tous les maires et d’autre part, de rendre conformes à l’article 49 de la Constitution, les dispositions de l’article 142 alinéa 6 de la loi n°2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral en république du Bénin. De l’entendement de la Cour, une relecture du Code électoral permettrait de pallier le probable dysfonctionnement des institutions et la rupture de l’égalité dans le cadre de la Présidentielle de 2026.
Les députés face à leurs responsabilités
De sources proches des groupes parlementaires, mouvance comme opposition, la position du chef de l’Etat sur la question du parrainage ne fait pas l’unanimité. Certains députés conçoivent mal qu’on les prive du privilège du parrainage qui selon eux, reste leur dernière carte à jouer dans le cadre de la Présidentielle de 2026. Il va sans dire que la position du chef de l’Etat pourrait se heurter à une opposition des parlementaires qui n’entendent, pour rien au monde, perdre le pouvoir de parrainer les potentiels candidats de 2026 et subséquemment d’être au cœur des enjeux de cette élection. Et pourtant, quoique n’étant pas une recommandation expresse du chef de l’Etat, sa position ne manque pas de pertinence et d’objectivité. Dans tous les cas, la balle reste dans le camp des députés de l’Assemblée nationale qui certainement, ne feront pas le bonheur de leurs successeurs, la politique étant un jeu d’intérêts et de rapport de forces.
Abdourhamane Touré